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COLLECTIONNER, verbe trans.
[L'obj. désigne une pluralité]
A.− Réunir systématiquement, rassembler peu à peu, grâce à des choix successifs, un nombre théoriquement non limité d'objets ayant certains points communs, en raison de leur valeur scientifique, artistique, esthétique, documentaire, affective ou vénale :
1. Faïences, émaux, estampes, peintures, statuettes, chinoiseries, armes on collectionne tout; ce n'est plus une manie de vieillard; des jeunes gens, des femmes s'y livrent. Taine, Notes sur Paris,Vie et opinions de M. F.-T. Graindorge, 1867, p. 306.
− Emploi pronom. à sens passif :
2. L'objet se collectionne non seulement dans ses variantes mais dans les spécimens ou ébauches qui le montrent à toutes les étapes de sa fabrication. M. Griaule, Méthode de l'ethnographie,1957, p. 47.
− Emploi abs. Rassembler, se procurer des objets en vue de constituer ou d'accroître une (des) collection (s) :
3. ... ce prince était à Paris uniquement pour collectionner. Balzac, Le Cousin Pons,1848, p. 326.
B.− P. ext.
1. Réunir, rassembler, grouper, réellement ou fictivement, des êtres ou des choses ayant certains points communs.
2. Fig., fam. et souvent iron. ou péj. Accumuler, acquérir en grand nombre et sans véritable discernement. Collectionner les maladresses, les diplômes, les décorations. Subir des épreuves en grand nombre au point d'en être accablé. Collectionner les accidents.
− [Le compl. désigne des pers.] Don Juan ne pense pas à « collectionner » les femmes. Il en épuise le nombre et avec elles ses chances de vie (Camus, Le Mythe de Sisyphe,1942, p. 101).
− Rare. [Avec emploi méton. du compl. d'obj.] Rechercher systématiquement un grand nombre d'occasions de quelque chose. Elle est soigneuse; elle collectionne le bonheur (...) elle dépense une grande ferveur à de très petites choses (Gide, Journal, Feuillets,1889-1939, p. 342).
Prononc. et Orth. : [kɔl(l)εksjɔne], (je) collectionne [kɔ(l)lεksjɔn]. Pour [l] ou [ll] cf. collecte. Mais noter que dans ce verbe Warn. 1968 admet les 2 prononc. Littré transcrit [e] fermé à la 2esyll. : ko-lé-ksio-né. Ds Ac. 1878 et 1932. Étymol. et Hist. 1840 (Comte Horace de Viel-Castel, Les Collectionneurs ds Les Français peints par eux-mêmes, t. 1, p. 127 ds Fr. mod. t. 13, p. 122). Dér. de collection*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 131.
DÉR. 1.
Collectionnable, adj.[En parlant d'un obj.] Apte à être collectionné, digne de figurer dans une collection. La matière collectionnable s'est (...) raréfiée depuis un siècle (La Civilisation écrite,1939, p. 1406).− 1reattest. 1939 id.; de collectionner, suff. -able*.
2.
Collectionnement, subst. masc.Action de constituer une collection (cf. P. Morin, Journal officiel, 30 juin 1874, p. 4481, col. 1. d'apr. Littré) − Seule transcr. ds Littré : ko-lè-ksio-ne-man. − 1reattest. 1869 (Lar. 19e); de collectionner, suff. -ment1*.