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COCHON, ONNE, subst. et adj.
I.− Subst. masc.
A.− [Désigne un animal]
1. Mammifère omnivore domestique, de l'ordre des ongulés, de la famille des suidés. Un gros cochon; garder les cochons. Synon. porc.J'entends grogner, derrière les panneaux, des cochons qui attendent leur pitance (T'Serstevens, L'Itinéraire espagnol,1933, p. 200):
1. Au milieu de toutes ces bêtes se traîne (...) une énorme truie (...) Il faut être un fier cochon pour faire la cour à une pareille créature. Hugo, France et Belgique,1885, p. 144.
SYNT. Cochon gras; groin, hure, soies du cochon; auge, étable à cochons; élever, engraisser, tuer un cochon.
a) Spécialement
Cet animal, en particulier le mâle châtré, élevé pour l'alimentation :
2. Voilà une mère! (...) Un verrat la suit, avec son énorme vessie au derrière. (...) Non loin d'eux, un autre cochon, ni truie, ni verrat. Il a dû tomber dans l'eau par mégarde, car il est propre, presque blanc, et gras comme un moine. Renard, Journal,1898, p. 478.
Cochon de lait. Petit cochon qui tète encore.
Cochon à l'engrais. Cochon en train d'être engraissé.
b) P. méton. Viande de cet animal. Synon. fam. de porc.Cochon salé. Des coquins qui ne croient pas en Notre Seigneur Jésus-Christ, qui adorent Mahomet, et ne veulent pas manger du cochon (Mérimée, La Jacquerie,1828, p. 78).
Fromage de cochon. Sorte de pâté fait avec la chair de la tête du cochon. Synon. Fromage de tête.Un peu de fromage de cochon, car le père avait besoin de viande (Zola, Germinal,1885, p. 1209).
c) Loc. fig.
Marchand de cochons (péj.). Nouveau riche. Tous ces marchands de cochons, ces cordonniers spéculateurs, ces anciens concierges archimillionnaires et ces bougnats richissimes (Aymé, Le Confort intellectuel,1949, p. 204).
Ne pas savoir, se demander si c'est du lard ou du cochon. Ne pas savoir à quoi s'en tenir sur la signification de tels propos, de telle plaisanterie. Il n'est pas très convaincu. Il se demande si c'est du lard ou du cochon (Giono, Les Grands chemins,1951, p. 29).
[Avec sans doute allusion à la parabole de l'Enfant prodigue (Luc, XV, 11-32) montrant un jeune fils de famille s'abaissant à garder les cochons d'un étranger, et bien reçu à son retour au scandale de son frère aîné] Nous n'avons pas gardé les cochons ensemble. Formule orgueilleuse destinée à rappeler à l'ordre un inférieur ou une personne que l'on connaît peu et qui se comporte avec une familiarité excessive. Où est-ce que j'ai gardé les cochons avec vous, pour me tutoyer? (Stendhal, Lamiel,1842, p. 158).
2. P. ext.
a) Cochon (sauvage). Sanglier. Le père tuait des cochons sauvages, des pluviers (Vercel, Capitaine Conan,1934, p. 195).
b) Cochon noir ou cochon d'Amérique. Pécari.
3. P. anal. [Pour désigner divers animaux ayant certains traits de ressemblance avec le cochon] Cochon + compl. prép. de
a) Cochons des blés. Hamster.
b) Cochon d'Inde ou cochon de Barbarie. Cobaye. Les cochons de Barbarie firent en hauteur un bond absolument extraordinaire (Gide, Si le grain ne meurt,1924, p. 441).Il me volait des animaux de laboratoire, des cochons d'Inde et surtout des lapins (G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Combat contre les ombres, 1939, p. 116).
c) Cochon de mer. Marsouin. Sa grosse couenne invulnérable de cochon de mer (Morand, Magie noire,1930, p. 58).
B.− Gén. péj. [L'animal comme élément de compar., comme symbole, pour désigner un être hum. ou certaines de ses caractéristiques] Subst. + de (à, pour) cochon; verbe ou adj. + comme + (un ou autre déterminatif) cochon.
1. [Cochon comme terme de compar.]
a) [Pour désigner une caractéristique physique] Avoir des yeux, de petits yeux de cochon. Le grand savant Jules Soury, avec ses yeux de cochon, sa graisse pâle, sa timidité de sulpicien (Blanche, Mes modèles,1928, p. 54).
Gros, gras comme un cochon. Très gros, très gras.
b) [Pour désigner un type de comportement]
[P. réf. à sa réputation de saleté, de manque de soin] Auge, toit à cochons. Maison, pièce très mal tenue. Elle souffre de la saleté quand elle reste au lit. C'est, sauf notre respect, comme un toit à cochons (Renard, Journal,1906, p. 1078).
Sale comme un cochon. Très sale. Avec cela je suis sale comme un cochon; je m'en vais prendre un bain tout à l'heure (Claudel, Partage du midi, 1reversion, 1906, III, p. 1037).
Manger comme un cochon. Manger de manière très malpropre.
Écrire comme un cochon (cf. cochonner*). Je suis sûr que cela est écrit comme 36 cochons (Balzac, Correspondance,1831, p. 628)
Loc. proverbiale. Un cochon n'y retrouverait pas ses petits. C'est un endroit où règne un désordre extrême. Un micmac de paperasses à défier un cochon d'y retrouver ses petits (Courteline, Messieurs-les-Ronds-de-cuir,1893, p. 47).
[P. réf. à la grossièreté de ses mœurs ou de ses goûts, à son apparente inintelligence]
Saoul comme un cochon. Je rentrais saoul comme un cochon (Sartre, Huis clos,1944, p. 142).
Bête comme cochon. Bête comme cochon, voilà ce qu'on est (Camus, L'État de siège,1948, p. 191).
[Avec allus. à l'Évangile, Matth. VII, 6 Ne jetez pas vos perles devant les cochons, de peur qu'ils les piétinent, puis se retournent contre vous pour vous déchirer] C'est de la confiture, des perles pour les cochons. C'est un présent, matériel ou moral, dont le bénéficiaire n'est pas capable d'apprécier la valeur. Quel genre de perles jetées aux cochons mes hommes épluchaient-ils au fond de leur âme avilie (Cendrars, L'Homme foudroyé,1945, p. 29).
[P. réf. au caractère difficile qu'on lui attribue] Très mauvais.
Caractère de cochon. Il l'a bien prouvé à l'Académie son caractère de cochon pendant les vingt années qu'il y passa (Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 353).
Tête de cochon. Caractère dur et obstiné. Avec une tête de cochon comme la mienne, on pouvait craindre une résistance acharnée (H. Bazin, Vipère au poing,1948, p. 198).
[En parlant du temps] Temps de cochon. Très mauvais temps. Il faisait un temps de cochon noir (Audiberti, Quoat-Quoat,1946, 2etabl., p. 67).
c) P. antiphrase, fam. Amis, camarades, copains comme cochons. Camarades très liés (dans les parties de plaisir, les sorties, le travail, etc.). Le rossignol n'avait qu'un œil. L'anvot itou n'avait qu'un œil. Et ils étaient copains comme cochons (Genevoix, Raboliot,1925, p. 130).
2. [Désignation métaph. ou fig.] Pop. ou fam.
a) Personne sale physiquement (cf. supra 1. b) :
3. Vous avez changé les draps du 28, Renée? Ils étaient sales... Le 28, c'est un grand cochon... Dabit, L'Hôtel du Nord,1929, p. 64.
b) Personne à la sensualité grossière. Ce bon vivant, ce goinfre, ce cochon d'Anthelme (Bernanos, Monsieur Ouine,1943, p. 1358):
4. Avouez-le! ... Que c'est du nouveau qu'il vous faut! ... De la partouze! ... Pourquoi pas de la pucelle? Bande de dépravés! Bande de cochon! ... Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 609.
Le cochon qui sommeille. [P. allus. au vers attribué à l'écrivain Ch. Monselet (1825-1888). Tout homme a dans son cœur un cochon qui sommeille] Vice latent en tout homme :
5. Ce cycle est tel. Là-dedans, il faut faire tenir mon petit univers, mes embardées secrètes, mon Protée, mon Napoléon, mon âme et mon cochon personnels. Valéry, Lettres à quelques-uns,1945, p. 73.
c) Personne au comportement très désagréable, qui use de procédés bas et malhonnêtes. Je ne serai pas un saint. Je ne serai même pas un brave homme. Un cochon, rien de plus qu'un cochon (G. Duhamel, Journal de Salavin,t. 3, 1927, p. 78).
Tour de cochon. Méchant tour :
6. C'est trop salaud tout d'même de la part du bon Dieu de nous lâcher, comme il le fait, ses robinets et ses réservoirs sur la gueule tout exprès pour nous embêter! C'est un tour de cochon, mon vieux, voilà tout ce que j'ai à te dire! Courteline, Le Train de 8 h 47,1888, III, p. 128.
Cochon qui s'en dédit! Formule plaisante pour appuyer le caractère irrévocable d'un serment. Trente pistoles, bonté! Cochon qui s'en dédit! (Colette, La Maison de Claudine,1922, p. 34).
d) [Par atténuation de sens, terme d'injure ou de mépris] Sale cochon; sacré cochon. Pour ce qu'ils payaient, ces cochons d'ouvriers (Aragon, Les Beaux quartiers,1936, p. 38).
Spéc., vocab. du théâtre.[P. oppos. aux bénéficiaires de billets gratuits] Cochon de payant. Le public qui paie sa place. Les gens des loges, les abonnés, les « cochons de payants » les salonnards protestaient (L. Daudet, Quand vivait mon père,1940, p. 111).
e) P. antiphrase, fam. Terme d'affection. Vous êtes de braves cochons (Dorgelès, Les Croix de bois,1919, p. 201).
II.− Emploi adj. (gén. fam.)
A.− [Appliqué à une pers. (cf. supra I B 2 b)] Qui est porté au vice, à la débauche, qui manque à la décence dans ses actes, ses écrits, ses propos. Des peintres cochons (Baudelaire, Pauvre Belgique,1867, p. 719):
7. Tu es, en effet, la pucelle cochonne et saturée de parfums, dont nos prêtres sont édifiés, qui communie régulièrement à sa paroisse, qu'aucun homme n'a contaminée et qui s'agenouille, avec élégance, pour recevoir le corps de son Dieu dans les latrines de son cœur! ... Bloy, Journal,1894, p. 120.
B.− [Appliqué à un inanimé en relation avec une pers.]
1. Pénible. Superl. de sale. Un cochon de métier (Colette, La Vagabonde,1910, p. 47).
P. ext. Mauvais. Par litote, fam. C'est pas cochon du tout. C'est très beau ou très bon. Du vin rosé qui est loin d'être cochon (Giono, Les Grands chemins,1951, p. 63).
2. Qui exprime, révèle le vice ou y incite. Gestes, yeux cochons; histoires cochonnes; c'est cochon! Les Journaux à femme, les chics petits journaux cochons (Barbusse, Le Feu,1916, p. 132).
P. ext. Frivole. De petits relèvements cochons de jupes (E. et J. de Goncourt, Journal,1889, p. 970).
Emploi substantivé (avec valeur de neutre abstr.). Il y a là des profils d'un cochon charmant (Flaubert, Correspondance,1850, p. 205).
Prononc. et Orth. : [kɔ ʃ ɔ ̃], fém. [-ʃ ɔn]. Ds Ac. 1694-1932, uniquement en tant que subst. masc. Noter que dans ce mot qui peut être empl. comme une injure on observe souvent un déplacement d'accent de la 2esyll. sur la 1resyll., accent émotionnel (à ce sujet cf. Nyrop Phonét. 1951, g 141). Étymol. et Hist. A. Subst. [1091 n. propre (Cart. de Redon, 276 d'apr. Delboulle ds Quem.)]; 1. 1268-71 « jeune porc » (E. Boileau, Métiers, éd. de Lespinasse et Bonnardot, LXIX, VIII, p. 146); 2. 1611 « porc adulte » (Cotgr.); 3. fin xviies. « personnage grossier (physiquement ou moralement) » (Mme de Sévigné ds Lar. 19e). B. Adj. xviies. au propre une truye cochonne (Gaultier Garguille, Œuvres, éd. Fournier, 82 ds IGLF), attest. isolée; 1850 « indécent, osé » ici dans un emploi subst. qui suppose un usage habituel de l'adj. Orig. obsc.; peut-être issu, avec suff. -on1*, de l'onomatopée koš-koš exprimant le grognement du porc, d'où le cri d'appel de cet animal (Stangier, Die Bezeichnung des Schweines im Galloromanischen, Bonn, 1929; FEW t. 2, p. 1254 sqq.; G. Rohlfs ds Mélanges Wartburg, Tübingen, 1968, t. 2, pp. 205-206; cf. goret de formation analogue). L'étymon b. lat. cutio « cloporte » (Mén. 1694; EWFS2) fait difficulté des points de vue phonét. et sém., la dénomination du cloporte étant plus aisément issue de celle du porc (cf. cochon de St Antoine) que l'inverse. V. aussi coche3« truie ». Fréq. abs. littér. : 1 602. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 534, b) 1 770; xxes. : a) 4 594, b) 1 791.
DÉR. 1.
Cochonnée, subst. fém.,vieilli. Portée d'une truie. Elle a fait tant de petits cochons en une cochonnée (Ac.1798-1878). [kɔ ʃ ɔne]. Ds Ac. 1694-1932. Fér. Crit. t. 1 1787 propose la graph. cochonée. 1reattest. 1642 (Oudin, Recherches italiennes et françoises, ou Dict. ital. et fr., 2epart.); de cochon, suff. -ée*.
2.
Cochonnément, adv.,rare. D'une manière cochonne, malpropre. Il ne fallait pas maintenant se cocarder cochonnément, si l'on voulait respecter les dames (Zola, L'Assommoir,1877, p. 457). [kɔ ʃ ɔnemɑ ̃]. 1reattest. 1877 (id.); de cochon, cochonne, adj., prob. d'apr. l'infl. d'autres adv. à terminaison -ément (v. -ment2*). Fréq. abs. littér. : 1.
3.
Cochonnier, subst. masc.,rare. Celui qui fait des cochonneries, qui fait son travail grossièrement ou se livre à des actions grossières. Ta dégaine de tocard, ta gueule pas bien franche, tes airs de cochonnier sournois (Aymé, Clérambard,1950, IV, 1, p. 190). [kɔ ʃ ɔnje]. 1reattest. 1890 (J. Richepin, Le Cadet, p. 239); de cochon d'apr. cochonner* et cochonnerie*, suff. -ier*. Fréq. abs. littér. : 1.
BBG. − Baist (G.). Vermischtes. Z. rom. Philol. 1923, t. 43, pp. 86-89. − Behrens (D.). Etymologisches. Z. rom. Philol. 1889, t. 13, pp. 413-414. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 60. − Rog. 1965, p. 119, 177. − Rohlfs (G.). Traditionalismus und Irrationalismus in der Etymologie. In : [Mél. Wartburg (W. von)]. Tübingen, 1968, t. 2, pp. 205-206. − Stangier (M.M.). Die Bezeichnung des Schweines im Galloromanischen. Bonn, 1929.