| CLIQUE, subst. fém. A.− MUS. MILIT. [Dans un régiment] Ensemble des musiciens, tambours et clairons. La clique du régiment; clique en tête. La manifestation (...) prenait ordre de régiment en marche derrière la clique des tambours et des clairons (Hamp, Vin de Champagne,1909, p. 167).En tête, la clique jouait, parfois même toute la musique (Romains, Les Hommes de bonne volonté,Verdun, 1938, p. 93). − P. anal. [Dans une société de gymnastique] :
1. Pour n'avoir ni clique, ni drapeau, le Sporting-Club n'en flattait pas moins, chez la population, un appétit d'héroïsme.
Aymé, Le Nain,1934, p. 227. B.− Fam. et péj. 1. Groupe de personnes qui se coalisent pour intriguer, nuire à quelqu'un ou quelque chose, par des moyens malhonnêtes. C'est une dangereuse clique; il est de la clique, tous deux sont de la même clique (Ac. 1835). Une mauvaise clique, [pléonasme fréq.] (Balzac, La Vieille fille, 1836, p. 340). Synon. bande, cabale, coterie.Une clique de jeunes gens qu'il menait comme un pirate (Proust, Le Temps retrouvé,1922, p. 833).Les grandes usines de guerre, − Anzin, Krupp, Armstrong et toute la clique, − qui soudoyaient la grande presse d'Europe, pour réussir leur coup (R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 204): 2. − Et ces lettres anonymes sont leurs moindres péchés, reprit le comte Mosca; ils tiennent manufacture de dénonciations infâmes. Vingt fois j'aurais pu faire traduire toute cette clique devant les tribunaux...
Stendhal, La Chartreuse de Parme,1839, p. 166. − SOCIOL. Groupe primaire dont les membres sont unis par des obligations réciproques. Rem. Attesté ds Lar. encyclop. Suppl. 1968. 2. Rare. Terme d'injure adressé à une personne méprisable. Hubert avait répondu (...) une lettre peu ménagée, lui prodiguant, ainsi qu'à son ,,empereur``, les mots les plus crus, clique, canaille, misérable (Hugo, Choses vues,1885, p. 225). Rem. Attesté ds Lar. 19eet Nouv. Lar. ill. Prononc. et Orth. : [klik]. Ds Ac. 1740-1932. Étymol. et Hist. 1. 1694 « société de gens » (Mén.); 2. 1883 arg. milit. « soldat qui joue du clairon, musique militaire » (G. Fustier, Suppl. au dict. de la lang. verte d'A. Delvau, p. 508); 1886 « tambours et clairons » (L. Merlin, La Lang. verte du troupier, p. 26). Plus prob. dér. de l'a. fr. cliquer « faire du bruit » (cliqueter*) p. allus. aux bavardages qui sont liés aux intrigues des coteries, que transposition de l'a. fr. clique « loquet » en raison du caractère fermé de ces cercles (FEW t. 2, p. 782a, s.v. klikk-). Fréq. abs. littér. : 81. Bbg. Arveiller (R.). R. Ling. Rom. 1965, t. 29, p. 376. − Sain. Lang. par. 1920, p. 24, 282, 356; Sources t. 1, 1972 [1925] p. 423. − Tournemille (J.). Au jardin des loc. fr. Vie Lang. 1953, p. 536. |