| CLIGNOTER, verbe. A.− Rare, emploi trans. indir. [Le suj. désigne une pers.] Clignoter des yeux. 1. [Fréquentatif de cligner] Cligner très souvent des yeux, des paupières. Accoudé majestueusement sur la table, il [Butscha] clignota des yeux en se parlant à lui-même (Balzac, Modeste Mignon,1844, p. 247). ♦ Absol. Le père Matifat, (...) a ronflé comme les autres, après avoir clignoté pendant cinq minutes (Balzac, La Maison Nucingen,1838, p. 629). − P. ext., absol. Cligner très souvent des yeux sous l'influence d'une lumière trop vive, d'une émotion. Il [Cresteil D'Allize] clignote en recevant au visage la lumière crue du gaz (R. Martin du Gard, Jean Barois,1913, p. 318). 2. [Indique un acte volontaire] Cligner de l'œil à l'adresse d'une personne en signe d'intelligence. Ah çà, dit l'inconnu en clignotant de l'œil pour avertir le curé, c'est donc décidément l'aîné qui nous a chanté du Porpora? (G. Sand, Consuelo,t. 3, 1842-43, p. 34). B.− Emploi intrans. 1. [Le suj. désigne les yeux] Se fermer et s'ouvrir instinctivement et fréquemment. Un petit homme merveilleusement myope dont les paupières clignotaient derrière des lunettes d'or (A. France, L'Ile des Pingouins,1908, p. 12). − P. ext. Se fermer et s'ouvrir fréquemment sous l'influence d'une lumière trop vive, d'une émotion. Ses yeux éblouis qui clignotaient (A. Arnoux, Carnet de route du Juif Errant,1931, p. 234).Immobile; il haletait et béait, ses yeux clignotaient et sa langue balbutiante ne trouvait pas les syllabes (A. Arnoux, Rêverie d'un policier amateur,1945, p. 50). 2. P. anal. [Le suj. désigne une source lumineuse] S'allumer et s'éteindre par intermittence; croître ou diminuer d'intensité. Dans ce vestibule désordonné où çà et là clignotent de pauvres flammes de chandelles (Barbusse, Le Feu,1916, p. 312).Les lumières éparpillées de la ville qui clignotent (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 108). Prononc. et Orth. : [kliɳ
ɔte], (je) clignote [kliɳ
ɔt]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 2emoitié du xiiies. cluneiter en parlant des yeux (Doon de Mayence, 127 ds T.-L.); xiiies. clingneter (Continuation de G. de Tyr, chap. LVI, Hist. des crois. ds Gdf.), formes isolées; fin du xves. clignoter (O. Maillard d'apr. FEW t. 2, p. 800a); 2. 1869 en parlant d'une lumière (A. Daudet, Lettres de mon moulin, p. 167). Dér. de cligner*; suff. -oter*. Fréq. abs. littér. : 64. |