| CINGLER1, verbe trans. A.− Frapper d'un coup vif avec un objet flexible tel que fouet, lanière, baguette, etc. : 1. ... la petite chienne huma le vent; un geste de son maître l'arrêta court, comme déjà elle s'élançait. Raboliot lui cingla le museau, tandis qu'un gros oiseau filait bas sur leurs têtes, le cou tendu, ...
Genevoix, Raboliot,1925, p. 75. 2. Le filleul prend la badine, cingle les oreilles battantes. Du coup, le cochon part à fond de train, arrive en un clin d'œil au coin du boulevard.
Pourrat, Gaspard des Montagnes,Le Pavillon des amourettes, 1930, p. 97. 1. P. anal. [En parlant des éléments : pluie, vent, neige, etc.] Frapper, s'abattre vivement et de façon continue sur : 3. Et, comme les grosses gouttes, cinglant de face, l'aveuglaient, il poussa jusqu'à la remise aux outils, où, une fois déjà, il s'était abrité avec elle.
Zola, La Bête humaine,1890, p. 134. 2. Au fig. Atteindre quelqu'un dans sa sensibilité par des paroles blessantes et sans réplique : 4. Cette observation l'avait plus cruellement blessée que toutes les ripostes aigres, que tous les mots piquants dont il l'avait souvent cinglée.
Huysmans, Les Sœurs Vatard,1879, p. 310. B.− TECHNOL., MÉTALL. Battre le fer pour le forger ou le corroyer au sortir des fours de puddlage ou d'affinage. − P. ext., CONSTR. Tracer une ligne avec une corde tendue, enduite de matière colorante, que l'on soulève puis laisse retomber sur la surface à marquer. Rem. On rencontre ds la docum. le subst. fém. cinglade. Coup de fouet. Il [Lerouge] déchargea au-dessus de la tête du père François une maîtresse cinglade qui envoya le feutre du roulier voler en l'air (Cendrars, L'Homme foudroyé, 1945, p. 199). Prononc. et Orth. : [sε
̃gle], (je) cingle [sε
̃:gl̥]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Fin xiies. cingler « frapper (avec une verge flexible) » (v. G. Paris, Compte rendu de La Naissance du Chevalier au Cygne, éd. Todd ds Romania, t. 19, p. 339); 2. av. 1526 « frapper de manière continue (en parlant du vent, de la pluie) » (J. Marot, V, 200 ds Littré); 3. technol. a) 1757 « battre le fer pour le forger » (Encyclop. t. 7, p. 162a); b) 1765 singler « tracer une ligne droite sur une pièce de bois avec une corde tendue frottée de craie » (ibid., t. 15, p. 211b); 4. 1844 fig. (Balzac, Modeste Mignon, p. 267 : Eléonore cingla cette réponse comme un coup de fouet). Dér. de sangle*; cependant le vocalisme initial en [ε
̃] est difficile à expliquer : soit altération de sangler* au sens de « frapper » par modification expressive de la voyelle tonique, cf. tinter (Bl.-W.5) − soit empr. à une forme région. en [ε
̃] du même verbe : l'a. prov. cinglar (REW3, no1927; EWFS2; Dauzat 1973) qui ne semble cependant pas attesté au sens de « frapper » (cf. le subst. cengla « volée de coups » xves. ds Levy Prov.) ou bien le wallon cingler « frapper vivement (de la pluie) » (dial. de Mons, FEW t. 2, p. 682b). DÉR. 1. Cinglement, subst. masc.Le fait de cingler, de frapper d'un coup brusque et vif. Le cinglement d'un coup de fouet (Huysmans, Marthe,1876, p. 37).− [sε
̃gləmɑ
̃]. − 1resattest. fin xvies. singlement (Desparron, Confer. des fauconn., p. 4 ds Gdf.), attest. isolée; 1836 cinglement (Land.); dér. de cingler1, suff. -ment1*. − Fréq. abs. littér. : 20. 2. Cingleur, subst. masc.,métall. Marteau-pilon pour le cinglage du fer. Emploi adj. Ouvrier cingleur. Ouvrier chargé du fonctionnement de cette machine-outil. En face de chaque four et lui correspondant, un marteau-pilon, mis en mouvement par la vapeur d'une chaudière verticale logée dans la cheminée même, occupait un ouvrier « cingleur » (Verne, Les 500 millions de la Bégum,1879, p. 74).− Seule transcr. ds Littré : sin-gleur. − 1reattest. 1866 marteaux-cingleurs (Lar. 19e); de cingler1« frapper (le fer) », suff. -eur2*. − Fréq. abs. littér. : 1. 3. Cinglon, subst. masc.Coup de fouet. Il est temps! À l'œuvre! Il s'applique un cinglon vigoureux. Aïe! non! non! Pas de pitié! Il recommence (Flaubert, La Tentation de St-Antoine,1874, p. 28).− 1reattest. av. 1799 singlon (Beaumarchais, Mémoires, I, 235 ds IGLF); de cingler1« frapper », suff. -on*. − Fréq. abs. littér. : 1. |