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CILLER, verbe intrans.
A.− Usuel. Avoir des battements de cils (et donc de paupières) le plus souvent involontaires, devant une lumière trop forte, après le sommeil ou à la suite d'une émotion.
1. [Le suj. désigne une pers.] :
1. Et il [un jeune homme] cilla à plusieurs reprises comme font les gens au théâtre, quand ils ont envie de pleurer. Toulet, Les Tendres ménages,1904, p. 142.
P. iron. Lorgner :
2. Puis ce furent des kilomètres de silence... La fille se tournait vers sa mère, qui cillait à son tour du côté de Michaël. H. Bazin, La Part du pauvre,1954, p. 13.
Fam. [En tour nég.] Pour marquer l'absence de tout mouvement. Je ne bronche, ni ne cille (Colette, Claudine à l'école,1900, p. 182).
2. [Le suj. désigne les yeux, le regard] :
3. ... les yeux, levés vers le ciel, ne cillaient plus mais bougeaient toujours. Montherlant, Le Songe,1922, p. 157.
P. métaph., littér. Scintiller :
4. Là-bas vers le sud-ouest, une planète s'était arrêtée sur Meudon, juste au dessus de l'Observatoire et ne cillait pas, sidérée par tant d'astronomes en observation... A. Arnoux, Les Gentilshommes de Ceinture,1928, p. 26.
Emploi transitif, factitif, rare. En cillant un œil solennel (Nodier, La Fée aux Miettes,1831, p. 182).
B.− Emplois spéc.
1. [En parlant des vieux chevaux] Ciller ou se ciller. Avoir les sourcils qui blanchissent.
2. VÉN. Ciller un faucon, un oiseau. Coudre les paupières d'un faucon, d'un oiseau (de proie).
Prononc. et Orth. : [sije], (je) cille [sij]. Passy 1914 croit que la prononc. du rad. nu est [siˑj] (demi-longueur). Ds Ac. 1694-1932; Ac. 1694 : ,,on écrit plus ordinairement siller``. Sous ciller, Ortho-vert 1966 note : ,,dans la même famille de cil, on trouve ciller avec un c et dessiller avec deux s``. Homon. siller. Étymol. et Hist. 1. 1121 intrans. « (de l'œil) s'ouvrir et se fermer successivement » (Ph. de Thaon, Bestiaire, 2020 ds T.-L.); 1559 regarder sans ciller (Amyot, Caton d'Utique, 2 ds Hug.); 2. xiiies. ciliier « coudre les paupières du faucon » (Trad. du traité de fauconnerie de l'empereur Frédéric II, éd. G. Holmer, 39, 2), attesté ds la lexicogr. dep. Fur. 1690. Malgré l'écart chronol. dér. de cil*; dés. -er; cf. avec 2 lat. médiév. ciliare (1244-50 Fridericus II imperator, De arte venandi cum avibus ds Mittellat. W. s.v., 575, 16). Fréq. abs. littér. : 32.
DÉR.
Cillement, subst. masc.Action de ciller. Cillement d'yeux. Mais Cassagnères, à un cillement qu'elle avait eu, à une onde sensible propagée d'elle [ma femme inconnue] à lui, avait perçu qu'elle avait cessé d'être seule. (Genevoix, Les Mains vides,1928, p. 13).Spéc., méd. Clignotement. Rem. Cillose semble désigner plus particulièrement le cillement chronique d'une paupière. [sijmɑ ̃]. 1reattest. 1530 (Palsgrave, p. 283); de ciller, suff. -ment1*. Fréq. abs. littér. : 7.