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CHIGNON, subst. masc.
A.− Vx et littér. Nuque. Attraper qqn par le chignon du cou. On l'a pris brutalement par le collet pour le secouer avec rudesse, on l'a pris par le chignon du cou (Balzac, Œuvres diverses,t. 1, 1850, p. 578).
Rem. Synon. région. (Berry) châgnon (cf. G. Sand, Les Maîtres sonneurs, 1853, p. 176).
P. ext., arg. Tête, crâne :
1. Si je suis un idiot, je viens d'entendre aujourd'hui ma propre voix dire des mots qui feraient lever le chignon à un poète dans une ville de marchands. Éluard, Donner à voir,Premières vues anciennes, 1939, p. 121.
B.− P. ext., cour. Coiffure féminine consistant en cheveux ramassés et relevés plus ou moins haut, suivant la mode, sur la nuque ou sur la tête. Un chignon bas; un petit chignon (synon. un tortillon); se faire un chignon. MmeClovis était une grande femme osseuse, aux cheveux rares, tirés, noués finalement en une crotte de petit chignon (G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Désert de Bièvres, 1937, p. 103):
2. Elle [Marinette] se coiffait avec le chignon haut, selon la mode d'alors, et ses cheveux d'un blond sombre moussaient sur sa nuque. (Cette merveille oubliée aujourd'hui : une nuque mousseuse). Mauriac, Le Nœud de vipères,1932, p. 123.
SYNT. Un gros, lourd chignon; un chignon haut, épais, maigre, bouclé, gonflé, frisé, lisse, uni, natté; chignon à la diable, à la grecque, à la Titus, en boule, en coquilles, en torsade; cheveux noués, retenus, roulés, serrés, tirés, tordus en chignon; porter un (faux) chignon; rajuster, rattacher, défaire, refaire, relever son chignon; un chignon dénoué, dérangé, de travers; épingles à chignon.
P. méton. Et un brelan de vieux chignons toujours ravis de s'associer à un chœur de pleureuses (H. Bazin, L'Huile sur le feu,1954, p. 25).
P. métaph. Meules de foin, les innombrables chignons de Cérès (Renard, Journal,1904, p. 904).
Loc. fam. au fig.
1. Se prendre au chignon. Se prendre aux cheveux, (en parlant de deux femmes), se battre. Une dispute commence, avec de grosses paroles, et elles se seraient prises au chignon (Pourrat, Gaspard des Montagnes, À la belle bergère, 1925, p. 240).
2. Crêper le chignon d'une femme. Lui tirer les cheveux.
3. Se crêper le chignon (en parlant de deux femmes).
a) Se battre. Synon. se chamailler.La fille et la bonne amie de Chaudrut s'étaient crêpé le chignon et il avait fallu que les hommes s'en mêlassent pour les séparer (Huysmans, Les Sœurs Vatard,1879, p. 85).
b) Se disputer (en paroles seulement).
4. Crêpage de chignons (pop.). Bataille de femmes. Oh! murmura-t-elle, j'ai vu un crêpage de chignons, hier. Elles s'écharpillaient (Zola, L'Assommoir,1877, p. 546).
Rem. Il existe un homon. dans l'expr. chignon de pain, « un quignon, un gros morceau de pain »; cf. quignon.
Prononc. et Orth. : [ʃiɳ ɔ ̃]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Fin xiies. chäengnon « nuque » (Audigier, 396 ds T.-L.); 1559 chignon du col (Amyot, Alexandre, 45 ds Hug.); 1611 chignon (Cotgr.), qualifié de « vieilli » par DG; 2. 1746 p. ext. « cheveux rassemblés sur la nuque [puis, suivant la mode, masse de cheveux rassemblés à n'importe quel endroit de la tête] » (La Morlière, Angola ds Brunot t. 6, 2, p. 1107). Du b. lat. *catenione, dér. de catena « chaîne* »; le sens de « nuque » soit p. réf. à la chaîne des vertèbres (Gdf, Littré, Rob.), soit plus prob., dér. du sens de « carcan, chaîne mise autour du cou du prisonnier » (P. Ruelle ds Mél. Delbouille (M.) t. 1, p. 575-585) d'où, ultérieurement « masse de cheveux relevés sur la nuque », ce dernier sens peut-être favorisé par l'homophonie avec tignon « partie des cheveux qui est derrière la tête » (ca 1500, FEW t. 13, 1, p. 341b). Chagnon attesté du xiiies. (chaignon « cou, nuque » Agolant, 199 ds T.-L.) au xvies. (cf. Hug.) a subsisté dans certains dial. du centre (Jaub.; Tissier; Beauchet; Lalanne), a été empl. comme régionalisme par G. Sand (loc. cit.). Fréq. abs. littér. : 286. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 54, b) 674; xxes. : a) 586, b) 455. Bbg. Rog. 1965, p. 19. − Ruelle (P.). La Sém. de cateniochaeignonchignon. Mél. Delbouille (M.) t. 1 1964, pp. 575-585. − Sain. Lang. par. 1920, p. 298.