| CHAUDRON, subst. masc. A.− 1. Récipient plus petit que la chaudière, généralement en cuivre ou en fonte, à anse, destiné aux usages domestiques, à la cuisine en particulier, et parfois à la fabrication de certains produits. Grand chaudron, chaudron de fer. Un chaudron de cuivre, bassine monumentale dont l'éclat rougeoyait sur une planche (Moselly, Terres lorraines,1907, p. 182). SYNT. Chaudron (sus)pendu à la crémaillère, descendre un chaudron du feu, (r)écurer un chaudron, sonner comme un chaudron. − P. métaph. Il lui semblait avoir atteint provisoirement le fond de ce chaudron de souffrances (Malègue, Augustin,t. 1, 1933, p. 374). 2. Spécialement a) HÉRALD. Meuble représentant ce récipient, peu répandu mais adopté par quelques grandes familles d'Espagne. Rem. Attesté ds Lar. 19e, Nouv. Lar. ill. b) MYTH. Cf. chaudière A 2 c. − Domaine de la sorcellerie.Écumer le chaudron où bouillent leurs philtres [des sorcières] (T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 10). ♦ P. métaph. Dans ce monde [d'Hoffmann], (...) ce chaudron de sorcier (Béguin, L'Âme romantique et le rêve,1939, p. 296). ♦ En partic. Chaudron de Médée (Michelet, L'Insecte,1857, p. 73). − RELIG. CHRÉT. Satan entassant dans un chaudron les âmes des trépassés (Hugo, Le Rhin,1842, p. 117). 3. Loc. fig. Le chaudron mâchure la poêle. Une personne en qui on ne peut avoir confiance en diffame une autre. Rem. Attesté ds Lar. 19e-20e, Littré, Guérin 1892. − [P. allus. à cette expr.] Nos disputes m'apparaissaient alors identiques à celle de la poêle et du chaudron (H. Bazin, La Mort du petit cheval,1949, p. 152). 4. P. méton. Contenu du chaudron : 1. Il [Jean Pacros] revient chez lui avec une telle figure que la pauvre qui était à l'étage prête à jeter un chaudron d'eau sale par la fenêtre, éperdue, lui lâche ce chaudron sur la calebasse : ...
Pourrat, Gaspard des Montagnes,Le Château des sept portes, 1922, p. 143. B.− [P. anal. de forme, de couleur, d'aspect, de son, d'usage] Que m'importent votre civilisation, (...) vos chaudrons qui volent sur la terre et sur l'onde (L. Veuillot, Les Odeurs de Paris,1866, p. 463). 1. [De couleur] Couleur d'un brun cuivré. Chaudes couleurs qui vont (...) du chaudron à un mordoré qui tourne progressivement au prune (Green, Journal,1937, p. 110). − En appos. Bernard, en robe de chambre chaudron (R. Martin du Gard, Devenir,1909, p. 54). 2. [De forme, d'aspect, de fonctionnement] a) ARBORIC. Tumeur due à un champignon, se développant sur le tronc de certains arbres et en particulier du sapin (cf. J. Cochet, Culture, aménagement et amélioration des bois, 1963, p. 28). b) HABILL. Genouillère haute, de forme évasée. Il apparaissait de profil, chaussé de bottes à chaudron (Huysmans, L'Oblat,t. 1, 1903, p. 302). c) VÉN. Mode de rabat selon lequel les chasseurs sont disposés en cercle et se rapprochent du centre en avançant d'un même pas. Dans les « ronds », les chaudrons il avait plus d'une fois tiré des oiseaux (P. Vialar, L'Homme de chasse,1961, p. 212). d) Lang. région. (Morvan). Petit récipient en fer-blanc dans lequel on emporte des aliments à manger en plein air. Son petit chaudron, il y emporte son « goûter » (Renard, Journal,1907, p. 1123). e) Arg. Sexe féminin : 2. Il était donc pourri, qu'il ne pouvait pas faire un enfant? (...) Dès lors, il poursuivit Françoise d'allusions, il l'accabla elle-même de plaisanteries sur le cul de son chaudron qui fuyait.
Zola, La Terre,1887, p. 310. − Arg. milit. Obus, en particulier à fumée noire. Les chaudrons sont tombés d'dans [dans la tranchée du piton] (Genevoix, La Boue,1921, p. 164). 3. [De forme ou de son] MUS. a) Partie d'un instrument à percussion ayant la forme de ce récipient. Tambour à chaudron (H. Bouasse, Cordes et membranes,1926, p. 480). b) Loc. Battre le chaudron. Faire du bruit. Un gros orage (...) avait (...) battu le chaudron sur la ville (Giono, Manosque des plateaux,1930, p. 75).[En parlant d'un son] De chaudron. Qui rappelle le bruit peu harmonieux que rend ce récipient quand on le frappe. Ce timbre de chaudron fêlé propre aux horloges de village (Courteline, Femmes d'amis,1888, p. 196). c) Objet, instrument de musique rendant de tels sons. Ils se rassemblent dans le corral en agitant leurs chaudrons [sonnettes] (T'Serstevens, L'Itinéraire espagnol,1933, p. 156). − En partic. ♦ Lang. milit., fam. Cuivre et, dans un sens moderne, gros cuivre. Souffler dans des chaudrons, (...) battre le rappel avant le jour (G. Sand, Consuelo,t. 2, 1842-43, p. 343). ♦ Arg. Piano. Le chaudron des répétitions épèle la musique neuve (Colette, La Vagabonde,1910, p. 82). Prononc. et Orth. : [ʃodʀ
ɔ
̃]. Ds Ac. 1694-1740 s.v. Chauderon; ds Ac. 1762-1932 sous la forme moderne. Étymol. et Hist. 1. Mil. xiies. (Charroi Nîmes, éd. D. Mc Millan, 776); 1329 chaudron (Inv. de Mad. Ysab. de Mirande, A. Vienne ds Gdf. Compl.); spéc. 1690 « partie d'une cassolette où l'on brûle les parfums » (Fur.); 1753 « baquet où l'on prépare les boyaux pour faire les cordes à musique » (Encyclop. t. 2); Ac. 1740 note s.v. chauderon ,,On prononce chaudron et plusieurs l'écrivent ainsi``; Ac. 1762 écrit chaudron; 2. fam. 1704 « mauvais instrument de musique » (Trév.). Dér. du rad. de chaudière*; suff. -eron (-on*). Fréq. abs. littér. : 164. DÉR. 1. Chaudronnée, subst. fém.Contenu d'un chaudron. Honorine était penchée dans la fumée d'une chaudronnée de pommes de terre (Giono, Que ma joie demeure,1935, p. 43).− [ʃodʀ
ɔne]. Fér. 1768 écrit chauderonnée cf. chaudron; Fér. Crit. t. 1 1787 propose la graph. chaudronée. − 1resattest. 1473, 1erfévr. (Mantellier, II, 284 ds Gdf. Compl.), 1560 (Bouaystuau ds Delb., Rec. d'apr. DG), 1762 chaudronnée (Ac.); de chaudron, suff. -ée*. − Fréq. abs. littér. : 2. 2. Chaudronner, verbe intrans.,néol. Faire la cuisine, en particulier des desserts, des confitures (cf. Giono, Angelo, 1958, p. 46).− 1resattest. a) 1539 « marteler » (Le Triumphe de Dame Verolle ds Anc. poésies fr., IV, p. 279), 1585 fig. sens érotique (Cholières, 4ematinée, p. 152 ds Hug.), attest. isolées; b) 1866 (Delvau, Dict. de la lang. verte, p. 72); c) 1958 « faire des confitures » (Giono, loc. cit.); de chaudron, dés. -er. BBG. − Darm. 1877, p. 93 (s.v. chaudronner). − Gottsch. Redens. 1930, p. 226. − Pauli 1921, p. 43. |