| CHATON2, subst. masc. JOAILL. Partie de la bague dans laquelle la pierre est enchâssée; p. méton., pierre montée en chaton. Une bague dont une améthyste assez grosse formait le chaton (T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 422):... voulez-vous que je vous dise ce qui cause toutes ces inepties? C'est que sur vos théâtres, à ce dont j'ai pu juger du moins en lisant les pièces qu'on y joue, on voit toujours des gens avaler le contenu d'une fiole ou mordre le chaton d'une bague, et tomber raides morts; cinq minutes après, le rideau baisse; les spectateurs sont dispersés.
A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 760. − [P. anal. de forme et/ou d'aspect] 1. Dans la lang. littér. Ils découvraient les cinq autres lacs figés, en long sillon lumineux, dans leurs chatons d'herbe verdâtre (Gozlan, Le Notaire de Chantilly,1836, p. 109). 2. Dans la lang. techn. a) ANATOMIE ♦ Chaton cricoïdien. Partie postérieure du cartilage cricoïde ayant l'aspect d'une bague avec chaton. ♦ Cavité de l'humeur vitrée contenant le cristallin. b) BOT. Enveloppe verte des noisettes; partie du gland dans laquelle il se trouve enchâssé. Le gland est à demi enchâssé dans un chaton qui le préserve de toute meurtrissure parmi les rameaux d'un arbre (Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 95). Prononc. et Orth. : [ʃatɔ
̃]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) 1160-70 chastun « partie saillante d'une bague où est enchâssée une pierre précieuse » (Marie de France, Lais, éd. J. Rychner, Fresne, 130); 1616 chaton (Hulsius, Dict. françois-alemand); b) 1780 p. méton. « pierre précieuse » (Corr. litt. secrète, 27 août, no35, p. 8 ds Fr. mod., t. 37, p. 124 : Collier de chatons); 2. p. anal. emplois techn. a) 1611 anat. chaton de l'œil (Cotgr.); b) 1704 bot. « coquille de la noisette » (Trév.). De l'a. bas francique *kasto « boîte, caisse » que l'on peut restituer d'apr. l'a. h. all. kasto, all. Kasten, le moy. néerl. kasten, néerl. kast « coffre » (Kluge20, s.v. Kasten); la spécialisation de sens dans le domaine de la joaill. s'est peut-être seulement faite en fr. (FEW t. 16, p. 302 a) : dans ce domaine en effet c'est plutôt le germanique qui a emprunté au lat. (cf. le lat. gemma emprunté par l'a. h. all. gimma, all. Gemme, v. Brüch, p. 112. Les correspondants romans du mot étant empruntés au fr.) l'étymon francique est plus probable que l'étymon germanique occ. proposé par Brüch, p. 65, 159 et 173. L'étymon. moy. h. all. kasto « chaton de la bague » (REW3, no4682) est incompatible avec l'ancienneté du mot français. Fréq. abs. littér. : 40. DÉR. Chatonner, verbe intrans.Enchâsser une pierre précieuse dans le chaton d'une bague. − [ʃatɔne], (je) chatonne [ʃatɔn]. − 1reattest. 1832 (Raymond); de chaton (de bague), dés. -er. BBG. − Henschel (B.). Qq. dat. nouvelles du 18es. Fr. mod. 1969, t. 37, p. 124. |