| * Dans l'article "CHASTE,, adj." CHASTE, adj. A.− [En parlant d'une pers.] Qui pratique la chasteté. Femme, fille chaste. Anton. dissolu (cf. adolescence ex. 3), luxurieux; quasi-synon. fidèle, honnête, prude, pudibond, pur, vertueux : 1. Lamennais a dit : Un philosophe doux et humble de cœur et un philosophe chaste seraient le phénomène le plus inexplicable; mais jamais on ne se trouvera dans l'embarras de l'expliquer.
Vigny, Le Journal d'un poète,1837, p. 1065. − Spéc. Les chastes sœurs. Les Muses (cf. A. France, La Vie en fleur, 1922, p. 362).La chaste Diane (DG).Les chastes servantes de Jésus-Christ. Les religieuses (DG). Chaste épouse de Jésus-Christ. ,,Titre que les écrivains ascétiques donnent à l'Église et aux vierges chrétiennes`` (Lar. 19e, Lar. encyclop.) : 2. « ... puisse ce chaste époux auquel vous êtes destinée, rendre vos oreilles si attentives au souffle de son divin esprit, que vous n'entendiez pas le bruit que le monde fera autour de vous. »
MmeCottin, Mathilde,t. 1, 1805, p. 82. − P. métaph. : 3. L'argent purgé sept fois, c'est la Parole de Dieu dont le Psalmiste (XI, 7) dit qu'elle est chaste, c'est-à-dire non prostituée à un usage humain.
Claudel, Un Poète regarde la Croix,1938, p. 83. − Emploi subst. Personne qui possède cette vertu. C'est une chaste (Pt Lar. 1906) : 4. ... Dieu merci! j'ai gardé la force du corps et de l'esprit. Je suis chaste. Sois chaste, Sariette; les chastes sont forts.
A. France, La Révolte des anges,1914, p. 347. B.− [En parlant d'un inanimé] 1. Abstr. ou concr. a) Qui est conforme à la chasteté (cf. ascétisme ex. 7). Un chaste baiser. Anton. voluptueux; quasi-synon. innocent, pudique : 5. L'amour eût pu remplir autrefois mon âme tout entière; aujourd'hui, il me faut surtout l'amitié, une amitié chaste et sainte, une amitié solide, inébranlable.
G. Sand, Lélia,1839, p. 364. − Emploi subst. masc. sing. Le chaste. Ce qui est chaste : 6. ... ce romancier original [M. de Balzac] a trouvé, je l'ai dit, une veine qui est bien à lui (...) il n'a pas prétendu faire du chaste et de l'idéal; il se pique avant tout de physiologie, il pousse à bout la réalité et il la creuse.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi,t. 1, 1851-62, p. 33. b) Qui est très attaché à la chasteté, qui évite les pensées, les propos impurs : 7. On n'ose nommer devant de chastes oreilles ce dont les cœurs chastes ne peuvent se passer; ...
Nerval, Faust,seconde part., 1840, p. 137. − Qui dénote la chasteté, qui en est le symbole (cf. ami, ie ex. 44). Ô mes douloureux et sombres bien-aimés! Dormez le chaste hymen du sépulcre! (Hugo, Les Contemplations,Charles Vacquerie, t. 2, 1856, p. 423).Un chaste nénuphar flottant (Moréas, Les Syrtes,Accalmie, 1884, p. 81): 8. ... toi, ma toute mignonne, venir te relancer jusque chez ton fiancé... Le soir où tu essaies ta chaste robe blanche... Elle est merveilleuse! Mais je finis par douter de tout, moi! Tu es certaine que tu n'avais jamais couché avec lui?
Anouilh, La Sauvage,1934, III, p. 245. 2. Concret a) Qui couvre ce qu'il est inconvenant de montrer : 9. D'un chaste vêtement votre sein se décore,
Ève avant le serpent n'en avait pas encore;
...
Vigny, Poèmes antiques et modernes,Éloa, chant 3, Chute, 1837, p. 57. b) Au fig. Qui a quelque chose de contenu, de doux, de voilé. Le parfum chaste et sauvage de cette bruyère (Balzac, Le Lys dans la vallée,1836, p. 42): 10. Un grand silence tomba, la nuit chaste jetait son ombre sur l'honnêteté de la famille.
Zola, Pot-Bouille,1882, p. 278. c) Par latinisme. Sacré, saint : 11. À quelque distance du château, dans un de ces bois appelés chastes par les druides, on voyoit un arbre mort que le fer avoit dépouillé de son écorce.
Chateaubriand, Les Martyrs,t. 2, 1810, p. 86. 3. Spéc., dans le domaine artistique (B.-A., litt., mus.).Qui se distingue par sa pureté, qui présente un aspect réservé. La chaste langue de Racine (Sainte-Beuve, Premiers lundis,t. 1, 1869, p. 118).Ce style si chaste et si surveillé [du poète Platen] (Green, Journal,1949, p. 248).Rien de plus tranquillement chaste que cette mélodie (V. d'Indy, César Franck,1908-21, p. 102): 12. ... l'hagiographie était la sœur de l'art barbare et charmant des enlumineurs et des verriers, de l'ardente et de la chaste peinture des primitifs?
Huysmans, En route,t. 1, 1895, p. 38. Prononc. et Orth. : [ʃast]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1130-40 chaste « pur (en parlant d'une pers.) » (Wace, Conception ND, éd. W. R. Ashford, 1244) d'apr. Brunot t. 4, p. 246 ce mot n'est guère employé dans la lang. class.; 2. fin xiie-début xiiies. caste « id. (en parlant d'un inanimé) » (Moralités sur Job, éd. W. Foerster, p. 353); a) 1552 chaste feu (Ronsard, Amours, 21); b) 1663 oreilles chastes (Molière, Critique de l'École des femmes, 3); c) av. 1676 (en parlant du style) (Costar ds Bouhours, Rem. nouvelles sur la lang. fr., Paris, 2eéd., p. 135). Terme demi-savant issu du lat. castus « exempt de, pur de », notion passée dans la lang. des aut. chrét. v. Blaise. Fréq. abs. littér. : 1 286. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 421, b) 2 572; xxes. : a) 2 007, b) 816. DÉR. Chastement, adv.D'une manière chaste, avec chasteté. Baisser chastement les yeux (Saint-Exupéry, Citadelle,1944, p. 973).− [ʃastəmɑ
̃]. Ds Ac. 1694-1932. − 1reattest. 1130-40 (Wace, Conception ND, éd. W. R. Ashford 996); de chaste, suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér. : 79. |