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CHARME2, subst. masc.
A.− Vx, littér. Formule incantatoire. Craindre, enseigner les charmes. Tiens, voici un talisman sur lequel Ruggieri a prononcé des charmes (A. Dumas Père, Henri III et sa cour,1829, IV, 7, p. 188):
1. ... jadis le charme était une mélodie capable (...) de changer les phénomènes visibles de la nature : c'était le carmen des latins, l'α ̓ ο ι δ η ́ des Grecs, la formule du Zammaru assyrien. J. Combarieu, La Mus.,1910, p. 106.
2. Chaque moment de l'existence avait son charme particulier. Certains chants accompagnaient les jeux des enfants; tel pêcheur ne pouvait rien prendre avant qu'il n'eût récité sa formule; (...). Ces charmes n'étaient pas seulement un assemblage de paroles dont le résultat était aussi certain que celui des recettes de cuisine ou d'une formule de chimie appliquée. (...). (...) une seule erreur dans la récitation d'un charme annule une fête compliquée et est cause de désastre pour ceux qui la célèbrent, ... R.-H. Lowie, Manuel d'anthropol. culturelle,1936, pp. 326-343.
1. Puissance magique ainsi produite. Synon. enchantement, ensorcellement, envoûtement.Un horrible charme la tenait prisonnière dans la forêt spectrale [la Reine] (J. Lorrain, Sensations et souvenirs,1895, p. 256):
3. ... il emmenait avec lui [le duc de Lorraine] l'évêque de Nancy et douze membres du chapitre en cas de charmes à rompre et d'exorcismes à opérer. J. Lorrain, Sensations et souvenirs,1895p. 262.
SYNT. Être, tenir qqn sous un charme; briser, dissiper, rompre un charme. Charme de taciturnité (Tondr.-Vill. 1968).
Spéc., MÉD. État de charme. État second de l'hypnose.
En partic. Le mauvais charme. Faut-il qu'il l'aime [Elle] (...) pour l'embrasser, tout imprégnée du mauvais charme! [la fièvre] (Colette, Sept dialogues de bêtes,1905, p. 89).
P. métaph. Un charme m'a guéri : j'aime et je suis aimé (Chateaubriand, Mélanges et poésies,L'Esclave, 1828, p. 341):
4. Réveille-toi, Maldoror! Le charme magnétique qui a pesé sur ton système cérébro-spinal, pendant les nuits de deux lustres, s'évapore. Lautréamont, Les Chants de Maldoror,1869, p. 320.
5. Pour la première fois depuis que j'étais au monde, j'avais l'impression de n'être plus seul. Le charme qui m'enfermait en moi-même se rompait enfin. Green, L'Autre sommeil,1931, p. 183.
6. ... Debussy a su rompre le charme et exorciser son art en se désenchantant lui-même. R. Dumesnil, Hist. illustrée du théâtre lyrique,1953, p. 146.
2. P. méton. Objet ou breuvage qui produit cet effet magique. Un collier de charmes. Bien plus tard, ce soir-là (...) Arlette de Morêtre confectionnait des « charmes » (J. de La Varende, La Sorcière,1954, p. 57):
7. Sa mère, Sycorax, était sorcière (...) elle composait des charmes efficaces avec des crapauds, des escarbots et des chauves-souris. A. France, La Vie littér.,t. 2, 1892, p. 300.
3. P. compar. et ell., fam. Comme un charme. Comme par l'effet d'un charme, parfaitement. Se porter, pousser comme un charme.
B.− P. ext.
1. Littér. Attrait puissant, fascination qu'exerce sur nous une personne ou une chose; qualité qui le produit :
8. J'ai été pénétrée d'un tel charme, que j'ai eu simplement conscience d'une joie sans nom, tombant des feuillages, dormant sur les herbes. Zola, La Faute de l'Abbé Mouret,1875, p. 1402.
9. ... elles [les aubépines] m'offraient indéfiniment le même charme avec une profusion inépuisable, mais sans me laisser approfondir davantage, comme ces mélodies qu'on rejoue cent fois de suite sans descendre plus avant dans leur secret. Proust, Du côté de chez Swann,1913, p. 137.
10. La musique suspend à elle-même toute notre vie; cela ne veut point dire qu'elle plaise; c'est mal parler. Une belle fugue n'est pas toujours plaisante; je crois même qu'on y trouverait toujours quelque chose de déplaisant, surtout en ses départs. Un charme? Je veux bien. Mais il faut redresser tous ces mots-là; un charme est ce qui subjugue, plutôt que ce qui plaît. Alain, Propos,1929, p. 835.
11. ... la musique révèle le sens du sens, qui est charme, en le soustrayant. Telle est cette divine éternité d'un quart d'heure qui s'appelle la Ballade en Fa dièse de Gabriel Fauré; (...) : de cette œuvre de charme et d'inexistence, de ce sortilège bergamasque (...), de ce presque-rien surnaturel, en « balbutiant », ... Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien,1957, p. 44.
SYNT. Le charme des eaux, de la lune, d'un paysage, des vieilles rues; le charme d'une parole, d'un regard; le charme du génie, de l'horrible, de l'inconnu, de la mort, du passé; charme captivant, douloureux, étrange, indéfinissable, musical, profond, sauvage, séducteur, secret, sensuel, slave; un charme de tristesse, d'enchantement et de mystère; éprouver un charme; céder au charme de qqn; être retenu par un charme. Sa voix avait alors une douceur indéfinissable, un bizarre charme de pénétration et de tristesse (Loti, Le Mariage de Loti, 1882, p. 252). Une douceur étrange, une sorte de charme magique s'élevèrent des eaux touchées par le soleil (Genevoix, Éva Charlebois, 1944, p. 53). Synon. littér. (xviies.) le je-ne-sais-quoi.
2. Usuel (en corrélation avec l'adj. charmant). Qualité de grâce, de beauté, de rêve, de noblesse qui a pouvoir de plaire extrêmement :
12. Jamais je n'avais tant compris cette poésie bretonne, le charme paisible et suranné de ce pays. Loti, Journal intime,t. 1, 1878-81, p. 175.
13. On ne peut pas laisser sous le boisseau éternellement ce charme, cette grâce, cette merveille de dix-neuf printemps [Edmée]! Colette, Chéri,1920, p. 26.
SYNT. Le charme de la fleur, du printemps; le charme de l'amitié, de la beauté, de la bonté, du cœur, de l'illusion, de la nouveauté, de la vie; charme aérien, berceur, caressant, délicieux, discret, enivrant, exquis, familier, ravissant; un souvenir plein de charmes. Synon. douceur, délicatesse, bonheur, plaisir. M. de Pomponne (...) homme aimable, plume excellente, le charme des sociétés de mesdames de Sévigné et de Coulanges (Sainte-Beuve, Portraits contemp., t. 5, 1846-69, p. 245). Cet esprit de charme et de grâce [Fénelon] n'en a pas l'air, mais il est moralement plus hardi que Bossuet (Sainte-Beuve, Nouveaux lundis, t. 2, 1863-69, p. 123). Leur charme original [d'Azay-le-Rideau et de Chenonceaux] est tout entier dans l'élégance de leur silhouette, leurs heureuses proportions (L. Hourticq, Hist. gén. de l'Art, La France, 1914, p. 152).
Loc. Avoir, faire du charme; faire un numéro de charme; être tout au charme, sous le charme de qqn; trouver un grand charme à...
Au plur. Les attraits physiques d'une femme. Elle avait serré ses charmes dans un corset majestueux (Jouve, La Scène capitale,1935, p. 36):
14. Jupiter [dans le tableau du Titien], qui a pris les oreilles et les pieds du satyre, lève le voile de la dormeuse [Antiope] et en contemple les charmes d'un œil avide. T. Gautier, Guide de l'amateur au Musée du Louvre,1872, p. 96.
3. Le caractère particulier, agréable, poétique d'une atmosphère, d'un art, d'une occupation :
15. [dans les rues de Paris, toiles peintes par Pissarro] Les perspectives, les éclairages, les tonalités des maisons, des foules, (...) sont d'une intense vérité, et on y sent l'atmosphère, le charme et l'âme de Paris. C. Mauclair, Les Maîtres de l'impressionnisme,1904, p. 149.
16. − Ça a son charme la bicyclette. En un sens, c'est même mieux que l'auto. On allait moins vite; mais les odeurs d'herbe, de bruyère, de sapin, la douceur ou la fraîcheur du vent vous pénétraient jusqu'aux os; ... S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 219.
SYNT. Le charme de la conversation, de la flânerie; le charme de l'aquarelle, d'un climat, du football, d'un jardin, d'un pays, des voyages. La vie n'a qu'un charme vrai : c'est le charme du Jeu. Mais s'il nous est indifférent de gagner ou de perdre? (Baudelaire, Fusées, 1867, p. 630). Ce charme qui ne ressemble à rien, cette poésie subtile et particulière de la banlieue parisienne (Courteline, Femmes d'amis, 1888, p. 138). Le charme suprême de cette œuvre [de Prud'hon] tient à la tendre séduction de la couleur et de la lumière (L. Hourticq, Hist. gén. de l'Art, La France, 1914, p. 322).
Prononc. et Orth. : [ʃaʀm]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1160 « formule magique » dire un charme (Enéas, éd. J. J. Salverda de Grave, 2598); d'où début xviiies. jeter un charme (Saint-Simon, Mémoires, IX, 315 ds IGLF) et lever le charme (Saint-Simon, Mémoires, IX, 213, dsIGLF); b) xvies. « objet auquel on attribue une puissance magique » (Brantôme, Discours sur les duels, VI, 259 ds Hug.); 2. 1578 plur. « moyen de séduire (d'une femme) » amoureux charmes (Garnier, Marc-Antoine, I, p. 175 ds IGLF); 3. ca 1605 « attrait » charmes de l'espoir (Montchrestien, Hector, p. 45, dsIGLF). Du lat. class. carmen, -inis, au sens de « formule magique, incantation ».
STAT. − Charme1 et 2. Fréq. abs. littér. : 5 607. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 11 611, b) 7 422; xxes. : a) 6 983, b) 5 760.
BBG. − Darm. Vie 1932, p. 155. − Duch. Beauté 1960, pp. 68-70, 73-75. − Gall. 1955, p. 60, 455, 461. − Gir. t. 2 Nouv. Rem. 1834, p. 18. − Gohin 1903, p. 334. − Gottsch. Redens. 1930, p. 21, 453. − Goug. Mots t. 1 1962, pp. 13-14. − Quem. 2es. t. 1 1970.