| CHANFREIN1, subst. masc. A.− ARM. (MOY. ÂGE). Pièce d'armure en cuir ou en métal qui protégeait le devant de la tête d'un cheval de guerre. L'étalon dessanglé, dont le ventre bat d'aise, Libre du lourd chanfrein, broute le gazon frais (Leconte de Lisle, Poèmes tragiques,Le Lévrier de Magnus, 1884, p. 123). − P. ext. Panache qui orne la tête des chevaux de parade. Rem. Attesté ds Besch. 1845, Lar. 19e, Littré, DG, Guérin 1892, Nouv. Lar. ill. − P. anal. 1. Marque blanche que certains chevaux portent sur la partie antérieure de la tête. Rem. Attesté ds Ac. Compl. 1842, Besch. 1845, Lar. 19e, Nouv. Lar. ill. 2. Bouquet de plumes fines, situé à la base du bec de certains oiseaux. Rem. Attesté ds Besch. 1845, Lar. 19e, Lar. encyclop., Littré, DG. B.− P. méton. Partie de la tête du cheval, et de certains mammifères à tête allongée, comprise entre le front et les naseaux : 1. Le « carnassier » était un petit taureau d'un roux sombre de marron d'Inde, (...). Son chanfrein busqué dessinait une bosse très accentuée.
Montherlant, Les Bestiaires,1926, p. 491. 2. Il [Honoré] voulut maintenir la tête du cheval et serra au chanfrein d'un mouvement nerveux. L'animal poussa un hennissement de douleur.
Aymé, La Jument verte,1933, p. 55. − P. métaph. : 3. Elle [la Chulot] ondulait, se cambrait au bras du gars qui le ceignait, qui inclinait vers ses cheveux un chanfrein de bélier.
Genevoix, Les Mains vides,1928, p. 69. Prononc. et Orth. : [ʃ
ɑ
̃fʀ
ε
̃]. Ds Ac. 1694-1932. Ac. Compl. 1842, s.v. chanfrain, renvoie à chanfrein. Étymol. et Hist. 1. Fin xiies. chanfrain « pièce de fer qui couvrait le devant de la tête d'un cheval armé » (J. Bodel, Saisnes, éd. E. Stengel, t. 2, v. 5327); début xiiies. chanfrein [adapté à des dromadaires] (Doon de la Roche, 1582 ds T.-L.), considéré comme vieux mot dep. Ac. 1718; 2. 1678 (G. Guillet, Les Arts de l'homme d'épée, Paris, p. 55 : Chanfrin est la partie du devant de la teste du Cheval, comprise depuis le dessous des oreilles en descendant par l'intervalle des deux sourcils jusqu'au nés du cheval). La 2epartie du mot se rattache au lat. frenum, frenare (frein*, freiner*). La 1repartie est d'orig. controversée : l'hyp. d'une dérivation regressive de chafresner « arrêter, dompter » (FEW t. 2, p. 336a, s.v. caput; Bl.-W.5; EW FS2), hapax xiiies. ds Gdf. (cf. aussi anchifrené « asservi » ds Roman de la Rose, éd. F. Lecoy, 14110), composé de caput (chief) et de frenare laisse la nasalisation du fr. inexpliquée; le recours à l'infl. de chanfrein2* ou de chanfreindre est à écarter du point de vue chronol. L'étymon b. lat. camus « muselière » Ménage 1650, repris par Dauzat 1973, se heurte au fait que ce mot ne semble pas avoir eu de représentant dans le domaine gallo-rom. (REW3, no1505). Fréq. abs. littér. : 15. Bbg. Sain. Sources t. 2, 1972 [1925], pp. 209-210. |