| CHAMOIS, subst. masc. et adj. A.− ZOOL. Mammifère quadrupède ruminant du genre antilope, à cornes creuses et lisses, vivant en petits groupes dans les hautes montagnes, chassé principalement pour sa peau. Chasseur de chamois, chasser le chamois. Synon. (dans les Pyrénées) isard.Une troupe de chamois bondissants parmi les rochers et les cascades (Chateaubriand, Les Martyrs,t. 2, 1810, p. 179).Partout, avec la paix, mouvement qui l'anime : Des troupeaux de chamois qui volent sur l'abîme (Lamartine, Jocelyn,1836, p. 607): 1. Les cimes l'enchantaient, mais c'était en vue des sauts prodigieux qu'ont à faire les chamois pour passer de l'une à l'autre, et surtout dans l'espoir de les y poursuivre bientôt, ...
Toepffer, Nouvelles génevoises,1839, p. 392. SYNT. (p. anal. avec son mode de vie). Un sentier de chamois, avoir des jarrets de chamois; bondir comme un chamois. B.− P. méton. et absol. 1. Peau de cet animal corroyée et passée à l'huile de poisson. Chamois effleuré, chamois à fleur. − P. ext. Toute espèce de peau (agneau, antilope, daim, mouton) ayant subi ce traitement. Gant de chamois, peau de chamois, culotte de chamois. Passer en chamois. Faire subir à une peau l'opération du chamoisage*. Rincer à l'eau claire, puis passer une éponge naturelle ou spontex ou la peau de chamois (Ch. Chapelain, Cours mod. de techn. automob.,1956, p. 325): 2. Une sorte de livrée aux galons déteints, et d'une couleur qu'un peintre de profession aurait eu de la peine à définir, recouvrait à demi sa veste de chamois miroitée et noircie par endroit au frottement de la cuirasse, ...
T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 12. 2. Couleur d'un jaune clair qui rappelle la teinte d'une peau de chamois. Elle [l'eau] a des reflets de scabieuse, de chamois et d'ardoise (Huysmans, L'Art mod.,1883, p. 45).La terre de la faïence de Sceaux est fine, d'une couleur variant du chamois au rose pâle (G. Fontaine, La Céram. fr.,1965, p. 65). Rem. La peau de chamois traitée conserve sa couleur naturelle. − [En appos. avec valeur d'adj.] Qualité d'un objet ayant cette couleur. Gants chamois, papier chamois. Le vieillard affectionne ces couleurs claires (...) : il a des gilets chamois (E. et J. de Goncourt, Journal,1862, p. 1162): 3. Rachel se souleva pour apercevoir, à travers les couples de danseurs, un profil au teint chamois, perdu dans l'ombre d'un grand chapeau.
R. Martin du Gard, Les Thibault,La Belle saison, 1923, p. 1006. C.− Emplois techn. 1. MUS. Cor de chamois ou corne de chamois. Jeu d'orgues dont le son rappelle celui du cor (cf. G. Schmitt, C. Simon, J. Guédon, Nouv. manuel complet de l'organiste, 1905, p. 172 et M. Brenet, Dict. pratique et hist. de la mus., 1926, p. 101). 2. SP. [Le chamois étant pris comme symbole de la rapidité, de l'agilité à évoluer sur les pentes montagneuses] Épreuve de ski : slalom qu'il faut parcourir en un temps donné; prix attribué aux skieurs ayant fait ce temps; le skieur ayant réussi l'épreuve. Chamois de bronze, chamois d'argent, chamois d'or (cf. Gautrat, Ski 1969, p. 103). Prononc. et Orth. : [ʃamwa]. DG transcrit la finale avec [a] post. (cf. Buben 1935, § 12). Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) 1164-74 camois « objet en peau de chamois » en partic. « partie de la lance garnie de peau qui se tenait à la main » (Chr. de Troyes, Cligès, 4936 ds T.-L.); 1220-30 chamois (Durmart le Gallois, 13074 ds Gdf.); b) fin xiiies. « sorte d'antilope qui vit dans les hautes montagnes » (Vie des Pères, ms. Ars., fo46ads Gdf. Compl.); 2. 1387 peau de chamois (Comptes roy. ap. Laborde, Emaux, ibid.); d'où 1600-12 chamois « peau préparée avec du chamois » (D'Aub., Hist., III, 23 ds Littré); 3. 1690 « couleur jaune rappelant la teinte de la peau du chamois » (Fur.); d'où 1818 adj. gilets chamois (Journal des Dames, p. 942). D'un pré-roman *kamōke, mot essentiellement alpestre désignant le chamois et dont Polemius Silvius (ves.) fournit une 1reattest. sous la forme camox dans son Laterculus (TLL s.v., 207, 74; v. aussi A. Thomas ds Romania, t. 35, pp. 170-171); du type chamois, les formes latinisées du domaine fr.-prov. : chamosius, 1272 en Savoie, chamessius, 1389-90 à Chamonix; le lat. médiév. chamos (cognomen, Htes Alpes, 1135), l'a. dauph. chamos, 1333, l'a. prov. chamos [av. 1244 ds Rom. Forsch., t. 5, p. 409] remonteraient à un type *kamŭsso (J. Hubschmid ds Z. rom. Philol., t. 66, pp. 9-10; v. aussi Pat. Suisse rom., s.v. chamois). Fréq. abs. littér. : 170. Bbg. Keller (H. E.). Les N. de chamois dans les Alpes. Vox rom. 1965, t. 24, no1, pp. 88-105. − Sain. Sources t. 2, 1972 [1925], p. 294; t. 3, 1972 [1930], p. 158, 314. |