| CENTAINE1, subst. fém. A.− ARITHM. Ensemble de cent nombres consécutifs : 1. En 1849, Kummer établissait le théorème de Fermat pour tous les nombres premiers n qui ne figurent pas parmi les facteurs du numérateur des (n − 3)/2 premiers nombres de Bernoulli. Dans la première centaine, seuls échappaient à la démonstration : 37, 59 et 67.
Hist. gén. des sc.,t. 3, vol. 1, 1961, p. 74. − Spéc. Unité du troisième ordre dans chaque classe de la numération décimale. Centaine de mille, centaine de millions : 2. Régler d'abord le travail, c'est juste aussi raisonnable que de calculer la dixième décimale quand on n'est pas encore assuré du chiffre des centaines.
Alain, Propos,1930, p. 922. B.− Ensemble de cent objets : 3. Tirer cent exemplaires, sans aucune épargne de frais, (...). Garder en réserve une seconde centaine d'exemplaires pareils aux précédents, pour être vendus avec le temps, si les premiers sont épuisés, (...). Après ces deux cents exemplaires, ne plus tirer que sur du papier le plus commun...
Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 1, 1823, p. 836. − Spéc., fam. La centaine. L'âge de cent ans. Ça ne se voit pas souvent, des vieilles mères qui ont dépassé la centaine (Zola, Le Docteur Pascal,1893, p. 68). − JEUX, rare. Partie de cent points (cf. cent1II B) : 4. M. Homais y était fort [aux dominos], il battait Charles à plein double-six. Puis, les trois centaines terminées, ils s'allongeaient tous deux devant le foyer et ne tardaient pas à s'endormir.
Flaubert, Madame Bovary,t. 1, 1857, p. 113. C.− P. ext., cour. Ensemble d'environ cent; un grand nombre. Par les bois de la Sauvagère, par les friches du Beuvron, par les fourrés de Bouchebrand, des centaines de lapins pullulaient (Genevoix, Raboliot,1925, p. 241): 5. ... ces insulaires soulagent l'ennui de leur oisiveté, en apprivoisant des oiseaux; leurs maisons étaient pleines de pigeons-ramiers, qu'ils échangèrent avec nous par centaines; ils nous vendirent aussi plus de trois cents poules-sultanes du plus beau plumage.
Voyage de La Pérouse,t. 3, 1797, p. 233. Prononc. et Orth. : [sɑ
̃tεn]. Ds Ac. 1694-1932. Homon. centène. Étymol. et Hist. Ca 1170 « groupe de cent ou d'environ cent unités » (Rois, éd. E. R. Curtius, I, XXIX, 2); 1remoitié xiiies. centaine (Sermons poit., éd. A. Boucherie, 104 ds T.-L.); en partic. a) fin xvies. « période de cent ans, siècle » (St François de Sales, Controverses, II, VI, 11 ds Hug.), attesté seulement fin xvies. mais s'y rattache peut-être, b) 1762 la centaine « cent ans (en parlant de l'âge) » (Voltaire, Lettre à Mmedu Deffand ds Littré). Du b. lat. centena attesté au début du viies. comme terme milit. au sens de « groupe de cent hommes, centaine d'hommes » (Lex Visigothorum, 9, 2, 1 ds TLL s.v., 817, 7), fém. substantivé de l'adj. centenus d'abord attesté au plur. comme distributif au sens de « chacun ou chacune cent » (Caton, ibid., 815, 22) puis au sens de l'adj. cardinal « cent » (Virgile, ibid., 816, 46); déjà attesté comme subst. fém. désignant la dignité ou la fonction des centurions au ives. (Codex Theodosianus, 10, 7, 1, ibid., 817, 1); la graphie -aine de la finale est sans doute due à une substitution de suff., v. -ain2, -aine étymologie. |