| CAVIAR, subst. masc. A.− ART CULIN. Préparation culinaire, originaire de Russie, faite avec des œufs d'esturgeon, salés ou marinés, et servie en hors-d'œuvre. Sandwich au caviar; tartine de caviar : 1. Le caviar noir, en grains, c'est une espèce de hors-d'œuvre qui vaut deux cents francs le kilo, ou quelque chose comme ça.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Vue de la Terre promise, 1934, p. 130. − P. ext. 1. Préparation faite avec des œufs d'autres poissons. Caviar vert de carpe ou de brochet, caviar rouge de morue (Morand, Bucarest,1935, p. 218). 2. N'importe quel mets considéré comme délicat et symbolisant le luxe suprême : 2. ... qu'est-ce que le foin? C'est le caviar du cheval. C'est ce qu'il aime; ...
Alain, Propos,1932, p. 1110. B.− P. méton. Couleur sombre du caviar. La tunique vert olive des professeurs à toque de caviar (Cocteau, Portraits-souvenirs,1935, p. 86). − En partic., JOURN. ,,En Russie tache noire dont l'autorité se sert pour dérober à l'œil du lecteur certaines lignes du journal`` (Littré Suppl. 1877). Prononc. et Orth. : [kavja:ʀ]. Ds Ac. 1762-1932. Land. 1834 enregistre caviar ou caviat, Gattel 1841 caviar ou cavial; cf. aussi Lar. 19equi signale, s.v. caviar : ,,Quelques-uns disent cavial``. Les formes caviat et cavial sont mentionnées à titre hist. ds DG, Rob., Lar. encyclop. Au sujet de ces 2 formes cf. Buben 1935, § 212 : ,,Caviar, autrefois caviat, cavial [fait partie des mots] dans lesquels un r analogique a été ajouté par substitution de suffixe à l'époque où les consonnes finales cessaient de sonner. Purement graphique et muet au commencement, cet r est devenu plus tard sonore comme dans les autres mots où il était étymologique``. (Cf. étymol.) Étymol. et Hist. 1. [1432 cavyaire (B. de la Broquière d'apr. König ds Fr. mod., t. 9, p. 134)]; 1552 caviat (Rabelais, IV, 18 ds Hug.) − 1771, Trév.; 1553 caviar (Belon, Observations, 161, éd. 1588 ds Rom. Forsch., t. 32, p. 28); 2. 1877 journal. (Littré Suppl.). Empr. au vénitien caviaro (1585 Garzoni d'apr. Prati), ital. caviale (xives. Bencivenni ds Batt.; d'où le fr. cavial (Oudin 1660 − Trév. 1771); empruntés au turc ḫāwyār (FEW t. 19, p. 70b). Fréq. abs. littér. : 49. Bbg. Darm. 1877, p. 254. − Hope 1971, p. 180. − Wind 1928, p. 169, 205. |