| CASSE-TÊTE, subst. masc. A.− Massue en pierre ou en bois utilisée comme arme guerrière par certaines peuplades sauvages. Aussitôt, les sauvages, armés de lances, de massues et de casse-tête, s'élancèrent sur eux, dix contre un (Verne, Les Enfants du capitaine Grant,t. 3, 1868, p. 30). − [P. anal. de forme] Arme portative constituée par un bâton flexible ou nerf de bœuf à extrémité plombée. Un casse-tête à pointes (A. Daudet, Tartarin de Tarascon,1872, p. 91).Une escouade de sergents de ville l'épée au poing et d'agents armés de casse-tête et de gourdins se rua à l'appel de Javert (Hugo, Les Misérables, t. 1, 1862, p. 964). B.− Au fig. 1. Vieilli. Vin qui monte à la tête. Les gros vins d'Orléans sont des casse-tête (Ac.1835, 1878, Besch. 1845). 2. Bruit, vacarme qui fatigue la tête ou qui importune : 1. Il me semble que je n'aimerais pas avoir le téléphone à domicile. Le premier amusement passé, cela doit être un vrai casse-tête.
Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs,1918, p. 607. 3. Travail intellectuel très complexe qui fatigue l'esprit. L'algèbre est un vrai casse-tête (Ac.1798-1932) : 2. − Monsieur le Principal, comme beaucoup d'enfants, Charles-Marie a peur de l'aridité des chiffres; l'arithmétique est moins voyante pour certaines natures d'élite; des chiffres les effrayent, troublent leur tête, et le moindre problème leur paraît un casse-tête, une surprise.
Champfleury, Les Souffrances du professeur Delteil,1855, p. 143. − P. méton., JEUX. Jeu de patience qui consiste à reconstituer un dessin à l'aide d'éléments épars. Synon. puzzle.Le casse-tête était connu des Anciens, et ce jeu de patience semble même avoir été chez eux particulièrement en honneur (H.-R. d'Allemagne, Récréations et passe-temps,1904, p. 158): 3. − S'il n'y avait que le frère, reprit madame Tiphaine, on le souffrirait, il n'est pas gênant. En lui donnant un casse-tête chinois, il resterait dans un coin bien tranquillement.
Balzac, Pierrette,1840, p. 35. Rem. Si l'on veut insister sur la difficulté du casse-tête, jeu ou travail intellectuel, on le qualifie de chinois, p. réf. au casse-tête chinois, qui est une forme de jeu (consistant à combiner des morceaux de bois de forme tortueuse) particulièrement compliquée (cf. étymol.). Prononc. et Orth. : [kɑstεt]. Inv. ds Ac. 1718 (qui écrit casse-teste)-1932; cf. aussi la majorité des dict. Néanmoins Littré, Pt Lar. 1906, Lar. 20eet Quillet 1965 admettent des casse-tête ou des casse-têtes. Étymol. et Hist. 1. 1690 fam. casseteste « vin qui monte à la tête » (Fur.); 2. 1706 « travail qui demande une grande application » (Rich.); 1829 « jeu de patience » (Boiste); 1833 casse-tête chinois (Balzac, Ferragus, p. 49 : occupation, qui, moralement, équivalait à chercher l'arrangement des morceaux de bois biscornus du casse-tête chinois); 3. 1800 p. ext. « grand bruit » (Boiste); 4. 1762 « arme » (Ac.). Composé de la forme verbale casse (casser*) et de tête*. Fréq. abs. littér. : 84. |