| CARRURE, subst. fém. A.− Vx. Forme carrée, régulière d'un monument : 1. Notre-Dame de Paris n'a point, comme l'abbaye de Tournus, la grave et massive carrure, la ronde et large voûte, la nudité glaciale, la majestueuse simplicité des édifices qui ont le plein cintre pour générateur.
Hugo, Notre-Dame de Paris,1832, p. 130. − P. ext., MUS. [Avec une idée de régularité, de symétrie] Symétrie du nombre de mesures composant des phrases musicales successives (cf. T. Dubois, Traité d'harmonie, 1921, pp. 241-242). B.− Usuel. Largeur du dos d'une épaule à l'autre. Carrure athlétique, imposante; carrure du dos, des épaules : 2. Marthe ne l'avait pas vu [Pierre] depuis longtemps et il lui paraissait encore plus grand, plus large de carrure. C'est vrai qu'il avait forci là-bas.
Moselly, Terres lorraines,1907, p. 83. − P. méton. Largeur d'un vêtement à la hauteur des épaules. Cet habit est trop large, trop étroit de carrure (Ac. 1798-1878). − P. ext. Forme ample, large de quelque chose. La carrure des mâchoires (Loti, Ramuntcho,1897, p. 21). − Au fig. 1. Grandeur, envergure, force : 3. Il fallait de nouveau se battre les flancs, parler d'Artémise la divine, de l'inimaginable Artémise, qui seule avait la grandeur, la carrure, la parole des héroïnes de Corneille.
Reybaud, Jérôme Paturot,1842, p. 82. 2. Netteté, assurance, franchise. Puis, s'arrêtant devant le comte, elle parla avec une carrure tranquille (Zola, Nana,1880, p. 1335). Prononc. et Orth. : [kaʀy:ʀ] ou [kɑ-]. [a] ant. ds Dub., Pt Lar. 1908 et ds Lar. Lang. fr., cf. aussi ds Nod. 1844 et Littré; [ɑ] post. ds Warn. 1968, cf. aussi Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787, Land. 1834, Gattel 1841, Fél. 1851 et DG (Fér. 1768 transcrit [rr] géminées; Fér. Crit. t. 1 1787 et Gattel 1841 recommandent de prononcer r forte). [a] ou [ɑ] ds Passy 1914 et Pt Rob. Ac. 1694 et 1718 : quarrure; Ac. 1740, 1762, 1835 et 1932 : carrure; Ac. 1798 et 1878 : carrure avec un renvoi également à la forme quarrure. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1190 « largeur du dos d'une personne » (A. de Bernay, Alexandre, éd. H. Michelant, 141, 27 ds T.-L.); b) 1680 « largeur du dos d'un habit » (Rich.); d'où 1837 (d'une pers.) carrure du dos (Balzac, César Birotteau, p. 65); 2. 1225-30 « forme carrée » (G. de Lorris, Rose, éd. F. Lecoy, 1322) − 1752 (Trév.); repris au xixes. : 1832 « forme carrée (d'un monument) », supra ex. 1; 1844 la carrure des épaules (Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes, p. 278); 1886 carrure du menton (Zola, L'Œuvre, p. 160); 3. 1843 « vigueur, force de caractère » (Balzac, Sur Catherine de Médicis, p. 21); cf. 1851-62 carrure d'esprit (Sainte-Beuve, Causeries du lundi, t. 4, p. 274). Dér. du rad. de carrer*; suff. -ure*. Fréq. abs. littér. : 147. |