| CARAT, subst. masc. JOAILL., ORFÈVR. A.− Unité de poids employée pour l'estimation des pierres précieuses, en particulier des diamants, et équivalant à quatre grains : 1. Grand-père, se jugeant tout à fait informé, fit un geste large de la main, où brillait un diamant de quatre carats.
H. Bazin, Vipère au poing,1948, p. 213. − Spéc. Ensemble de très petits diamants qui se vendent au poids. Ce n'est que du carat (Ac.1798-1878). ♦ Au fig., péj., vieilli. Ce qui brille, sans avoir pourtant beaucoup de valeur. (Attesté ds Littré).Loc. À triple carat : 2. ... son discours [de V. Hugo] était un discours cyclopéen, bon à beugler au Colisée sous Domitien, de la rhétorique à triple carat, une suite de gros morceaux sans lien, sans transition.
Sainte-Beuve, Mes poisons,1869, p. 44. B.− Unité de mesure employée pour l'estimation du titre de l'or et équivalant au vingt-quatrième de la masse totale d'un alliage contenant de l'or. Il n'y a point dans le commerce d'or à vingt-quatre carats (Ac.1798-1932). − Au fig. Prix, valeur d'un être ou d'une chose. ♦ Loc. adv. À vingt-quatre carats. Au plus haut degré. À trente-six carats. Au delà du possible; d'une manière qui dépasse la mesure ordinaire. C'est pas votre sœur qui me remplacera! Une dévote à trente-six carats! (Balzac, La Rabouilleuse,1842, p. 426): 3. Et de son côté, Marcel est empoigné par Musette. Il l'adore à trente-six carats, comme dirait cet intrigant de Colline.
− Pauvre garçon! dit Mimi, lui qui est si jaloux!
Murger, Scènes de la vie de bohème,1851, p. 172. − Arg. Prendre du carat. Prendre de l'âge, vieillir : 4. Le Nantais frôla ses tempes un peu argentées.
− L'âge, mon vieux! On en est tous là. On prend du carat.
A. Le Breton, Razzia sur la chnouf,1954, p. 25. Prononc. et Orth. : [kaʀa]. Ds Ac. 1694-1932. Var. karat ds Lar. 19e-20e, Quillet 1965. Étymol. et Hist. [1355 d'apr. Bl.-W.5]; 1360 quarais plur. (Inventaire du duc d'Anjou ds Gdf. Compl.); 1367 caraz id. (Recettes et dépenses du roi de Navarre, 195 ds Quem.). Empr. à l'ital. carato « id. » (1278 à Venise ds DEI), lat. médiév. caratus (1264 Bologne d'apr. DEI, v. aussi Mittellat. W. s.v. caratum), lui-même empr. à l'ar. qīrāṭ
« graine de caroubier; petit poids (24epartie du denier à la Mecque; 20epartie en Iraq) » (Freytag, t. III, p. 427a) lui-même empr. au gr. κ
ε
ρ
α
́
τ
ι
ο
ν « caroube; petit poids » comme le b. lat. ceratium « petit poids » (Isidore de Séville ds TLL s.v., 856, 20) v. aussi FEW t. 19, pp. 94b-95a, s.v. qīrāṭ. Fréq. abs. littér. : 20. Bbg. Brüch (J.). Bemerkungen zum französischen etymologischen Wörterbuch E. Gamillschegs. Z. fr. Spr. Lit. 1927, t. 49, p. 317. − Hope 1971, p. 33. − Kohlm. 1901, p. 16. |