| CANUT, USE, subst. Ouvrier, ouvrière des manufactures de soie à Lyon : 1. Après la révolution de juillet, la misère est arrivée à ce point que les canuts ont arboré le drapeau : Du pain ou la mort!
Balzac, La Maison Nucingen,1838, p. 637. 2. Holà! les canuts, les canuses!
Du temps, déjouez-vous les ruses,
Du sort, gagnez-vous les pitiés,
Quand vous peinez sur vos métiers?
X. Privas, La Chanson de Lyon,1928, p. 17. − P. ext. Des canuts (de Lyon). Des gens misérables ou (péj.) méprisables. La France d'aujourd'hui n'est qu'une pépinière / De canuts sans vigueur et sans moëlle épinière (A. Pommier, Colères,1844, p. 72). − Emploi adj. (canut, use ou canus, use). Le langage canus, la prononciation canuse. Qui est propre aux canuts de Lyon. Prononc. : [kany], fém. [-ny:z]. D'apr. Mart. Comment prononce 1913, p. 329 : ,,Le t final, après u se fait sentir dans les mots savants suivants : azimut, cajeput, occiput, sinciput et comput, avec ut et caput; quelquefois aussi, mais à tort, dans scorbu(t) et précipu(t); de plus, dans les interjections chut et zut, et dans les monosyllabes, lut, rut et brut``, par contre t est muet ds : ,,bahut et chahut, début et rebut, tribut et attribut, fût, affût et raffut, salut et chalut, canut, statut, institut et substitut``. Homon. canus (poisson), cf. Darbois 1830, p. 236. Étymol. et Hist. a) 1831 subst. masc. « ouvrier en soie des fabriques de Lyon » (Michelet, Introd. à l'histoire universelle, p. 438); 1928 subst. fém. canuse (X. Privas, La Chanson de Lyon, p. 17); b) 1838 adj. (Stendhal, Mémoires d'un touriste, t. 1, p. 286 : l'atmosphère canut); 1867 (Lar. 19e: le langage canus. La prononciation canuse). Orig. obsc., à rapprocher de canut attesté en 1397 au sens de « taffetassier » ds Pansier t. 3. Peut-être à rattacher à canette « bobine creuse servant aux tisserands » (hyp. de EWFS2; Mistral) mais le suff. reste inexpliqué. L'hyp. de FEW (t. 1, s.v. canūtus), selon laquelle canut serait empr. au lat. canūtus « blanc brillant, argenté » (v. chenu), satisfaisante du point de vue morphol., ne convient pas du point de vue sém. Le fém. canuse s'explique à partir de la forme canus altération de canut. Fréq. abs. littér. : 15. |