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CANON1, subst. masc.
A.− Objet en forme de tube.
1. ARMURERIE. Partie d'une arme à feu portative, en forme de tube, dans laquelle on met la charge et servant à lancer le projectile. Canon(s) du fusil, de carabine, de pistolet :
1. ... il aperçut précisément en face de lui, d'abord un canon de fusil, puis une tête dépassant la crête du mur. Le fusil s'abaissa, et (...) il vit la flamme du fusil d'Orlanduccio, ... Mérimée, Colomba,1840, p. 135.
Baïonnette au canon. Baïonnette fixée à l'extrémité du canon du fusil (cf. Dorgelès, Les Croix de bois, 1919, p. 194).
Canon lisse (dont l'intérieur est lisse) p. oppos. à canon rayé dont l'intérieur, rayé en spirales, imprime un mouvement de rotation au projectile, régularisant ainsi la pression de l'air et augmentant la précision du tir (cf. A. de Broglie, La Diplom. et le dr. nouv., 1868, p. 104).
2. Techn. diverses. Objet creux ou plein de forme cylindrique.
a) [Cylindres creux]
HABILL. Pièce de toile ample et froncée que l'on attachait au bas de la culotte (notamment au xviies.) et, en général, partie de vêtement plus ou moins cylindrique pour loger les cuisses (Hugo, Ruy Blas,1838, IV, 2, p. 416).
TECHNOL. Objets, généralement cylindriques et forés, servant à différents usages.
Corps d'une seringue (cf. P. de Kock, L'Âne de M. Martin, 1862, p. 152).
Tuyau d'une fontaine (cf. Giono, Colline, 1929, p. 76 et A. Arnoux, Zulma l'infidèle, 1960, p. 24).
Tuyau reliant l'arrosoir à la pomme.
Partie forée d'une clef; partie de la serrure recevant la clef.
ZOOL. Tuyau de la plume d'oie.
b) [Cylindres pleins]
CHIM. Soufre en canon. Variété commerciale du soufre concentré en cylindres (cf. P. Lebeau, G. Courtois, Traité de pharm. chim., t. 1, 1929, p. 140).
ÉLECTRON. Canon à électrons ou canon électronique. Dispositif produisant un faisceau d'électrons animés d'une très grande vitesse et concentrés ou focalisés en un étroit faisceau axial (cf. R. Husson, F. Graf, Manuel de biol. gén., 1965, p. 71).
ÉQUIT. Partie du mors qui s'appuie sur la barre.
MÉD. VÉTÉR. Partie des membres du cheval comprise entre le genou (ou le jarret) et le boulet :
2. La maladie d'Abadie correspond à l'inflammation du périoste de l'extrémité inférieure du canon en avant et de l'extrémité supérieure de la première phalange avec laquelle le canon forme l'articulation du boulet. E. Garcin, Guide vétér.,1944, p. 157.
B.− Dispositif sur lequel est montée une bouche à feu en forme de tube.
1. ARTILLERIE
a) Pièce d'artillerie munie d'une bouche à feu en forme de tube servant à lancer des projectiles plus ou moins lourds :
3. Quant aux canons provenant du brick, c'étaient de jolies pièces en acier fondu qui, sur les instances de Pencroff, furent hissées au moyen de caliornes et de grues jusqu'au palier même de Granite-house : des embrasures furent ménagées entre les fenêtres, et on put bientôt les voir allonger leur gueule luisante à travers la paroi granitique. De cette hauteur, ces bouches à feu commandaient véritablement toute la baie de l'union. Verne, L'Île mystérieuse,1874, p. 464.
Batterie de canons. Réunion de plusieurs canons de manière qu'ils manœuvrent ensemble (cf. Balzac, La Cousine Bette, 1846, p. 299).
Mettre le canon en batterie. Le disposer pour tirer (Malraux, L'Espoir,1937, p. 464).
Poudre à canon. Poudre des pièces d'artillerie (p. oppos. à poudre de chasse). Synon. poudre à tirer(cf. Flaubert, L'Éducation sentimentale, t. 1, 1869, p. 95).
Fam., péj. Chair* à canon.
SYNT. [Généraux] âme, bouche, bout, gueule du canon; culasse du canon; affût du canon; bruit du (des) canon(s); portée du (des) canon(s); roulement du canon; le canon gronde; le(s) canon(s) tire(nt), tonne(nt). [Relatifs à certaines spécificités] a) Dimensions : canon long (cf. Joffre, Mémoires, t. 1, 1910-14, pp. 63-64); canon court. b) Poids (en livres) des projectiles : canon de 24, de 12, de 8; ou au diamètre (en millimètres) de leur âme : canon de 75 (cf. Maurras, Kiel et Tanger, 1914, p. XXII), canon de 120 (Maurras, Kiel et Tanger, 1914, p. 139), canon de 155 (cf. Joffre, Mémoires, t. 1, 1910-14, p. 14), canon de 240. c) Emploi : canon court de campagne (cf. Joffre, Mémoires, t. 1, 1910-14, p. 70); canon de marine (cf. H. Le Masson, La Mar., 1951, p. 66); canon de montagne, de place, de siège.
Canon de retraite. Canon qui est disposé pour tirer dans le sillage (cf. Crèvecœur, Voyage dans la Haute Pensylvanie, t. 1, 1801, p. 255); p. oppos. à canon de chasse, disposé pour tirer dans l'axe vers l'avant.
b) P. méton. Ensemble de canons, artillerie (d'une place, d'une armée). Le canon américain nettement entendu (Green, Journal,1944, p. 146).
Matériel consistant en canons :
4. Après plusieurs heures de combat, et différentes charges d'infanterie et de cavalerie, il se mit en retraite, nous laissant du canon et des prisonniers. Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 1, 1823, p. 677.
2. P. ext.
a) AGRIC. Canon paragrêle. Canon tirant à la verticale et destiné à causer des perturbations dans les nuages afin d'y empêcher la formation de grêlons (cf. T. Ballu, Machines agric., 1933, p. 19).
b) MAR. Canon porte-amarre. Petit canon destiné à lancer depuis la côte un cordage à un navire en perdition afin de permettre le sauvetage de l'équipage (cf. J.-B. Charcot, Le « Pourquoi-Pas? » dans l'Antarctique, 2eexpédition antarctique fr., 1908-10, 1910, p. 36).
c) PÊCHE. Canon-harpon, canon lance-harpon, canon porte-harpon. Engin en forme de canon court employé pour la pêche aux grands cétacés et dont le projectile est un harpon chargé de poudre destiné à les atteindre (cf. H.-Ph. d'Orléans, Chasses et chasseurs arctiques, 1911, p. 207).
d) SPECTACLES. Homme-canon, femme-canon. Athlète qui porte sur ses épaules un petit canon dont on allume la charge (Colette, Paysages et portraits,1954, p. 196).
Prononc. et Orth. : [kanɔ ̃]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. I. 1. 1282 « bobine » (Reg. aux bans, A. S.-Omer ds Gdf. Compl. : cannon de pure soie); 2. [xives., date du ms.] « conduit, tuyau » [ici canon de vent « cheminée, trou d'air »] (Sydrac, Ars. 2320 ds Gdf. : La pluie [...] par un canon de vent monte en l'air); 1448, 17 sept. canon de fontaine (Compt. de René ds Gdf. Compl.); 1611 « canon d'une seringue » (Cotgr.); 1676 serr. « pièce de la serrure qui reçoit la tige de la clé » (Félibien, Principes, 511 ds IGLF); 1690 « partie forée d'une clé » (Fur.); 3. 1578 « ornement qui couvrait la partie de la jambe allant de la culotte aux chausses » (H. Estienne, Dial. du lang. franç. ital., I, 248 ds Hug.). II. 1. a) 1338 « pièce d'artillerie » (Compte de Bartholomæus du Drach, trésorier des guerres ds Du Cange, s.v. bombarda, p. 694c : poudres et autres choses necessaires aux canons); 1548 poudre à canon (Noël du Fail, Contes d'Eutrapel, II, p. 83 ds IGLF); 1740 le gros canon « l'artillerie de siège » (Ac.); b) p. anal. 1845 canon-harpon (Besch.); 1922 canon paragrêle (Lar. univ.); 1929 (J. Thibaud, Effet magnétique longitudinal sur les faisceaux d'électrons lents ds Journal de phys., p. 162 : j'ai utilisé [...] un cône sur lequel s'adapte le tube de verre qui porte les entrées de courant du « canon » producteur d'électrons); 1945 canon à électrons (Id., Énergie atomique et Univers, Lyon, chap. 3, pp. 84-85); 2. 1569 « tube d'une arme à feu par où s'échappe le projectile » (Martin du Bellay, 588 ds Littré). I dér. de canne*; suff. -on1*; l'a. fr. canon « instrument de musique à cordes, sorte de psaltérion, de forme trapézoïdale » (1262-68, Brunet Latin ds T.-L.) est un mot différent, d'orig. ar. (v. FEW t. 2, p. 217; A. Henry, éd. de Cléomadès, p. 699; Sachs (C.), p. 309). − II empr. à l'ital. cannone qui n'est pas attesté av. le 1erquart du xvies. au sens 1 (Machiavel ds Batt.); sens 2 dep. 1585 (Garzoni). L'ital. cannone est en ce sens une spécialisation de cannone « canal, conduit » (xives., Crescenzi volgar.), lui-même dér. avec suff. augm. -one, de l'ital. canna « tube, tuyau »; il est difficile de préciser si le sens II 2 se rattache à II 1 ou à I.
DÉR. 1.
Canonnage, subst. masc.,artill. de mar. Art du canonnier. Un marin exercé au canonnage des bâtiments (Ac.1835-1932). [kanɔna:ʒ]. Ds Ac. 1835-1932. 1reattest. 1752 (Trév. Suppl.); de canon1II, suff. -age*.
2.
Canonnerie, subst. fém.,vieilli. Fonderie de canons; endroit d'une fonderie où l'on ne coule que des canons (cf. Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 290). Seule transcr. ds Littré et DG : kà-nòn'-ri. 1resattest. a) 1549 « action de canonner » (Rabelais, la Sciomachie, III, 405 ds Hug.); b) fin xvies. « art du canon » (Paré, ibid.), ces 2 sens seulement au xvies.; à nouv. au xixes. : 1845 au sens de « endroit où l'on fabrique des canons » (Besch.); de canon1II, suff. -erie*. Fréq. abs. littér. : 1.
BBG. − Duch. 1967, § 70.9. − Gohin 1903, p. 373. − Gottsch. Redens. 1930, p. 316. − Grimaud (F.). Pt gloss. du jeu de boules. Vie Lang. 1968, p. 637. − Hope 1971, p. 33, 173. − Sigurs 1963/64, p. 311.