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CANNELLE1, subst. fém.
BOT. Écorce aromatique du cannelier*, utilisée en cuisine et en médecine. Vous vous mettrez au coin du feu, et vous nous commanderez un grand bol de vin chaud avec du sucre et de la cannelle (Musset, Il ne faut jurer de rien,1840, III, 3, p. 153).
SYNT. Cannelle amère, blanche, poivrée; poudre de cannelle, ou cannelle en poudre, en bâtonnets; bonbon, chocolat à la cannelle; eau, écorce, essence, huile, infusion, sirop, teinture de cannelle; additionné, aromatisé, épicé de cannelle.
Loc. Laisser tomber ou mettre en cannelle. Réduire en poussière. On envoie en Italie une si grande quantité d'énormes bombes, que j'ai bien peur qu'on ne mette en cannelle l'église de Saint-Zénon et les tombeaux de Scaliger (Mérimée, Lettres à M. Panizzi,t. 1, 1870, p. 47).
Vieilli. [En parlant d'une pers.] Être ou tomber en cannelle. Être brisé.
Subst. apposé avec valeur adj. [P. réf. à la teinte de l'écorce] Couleur cannelle. Son costume était fort propre : il consistait en une veste cannelle soutachée en soie de même couleur (T. Gautier, Le Roman de la momie,1858, p. 155).
Prononc. et Orth. : [kanεl]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. 1remoitié xiies. subst. (Voyage de Charlemagne à Jérusalem, éd. P. Aebischer, 211 : Il i vendent lur teiles e lur siries, Coste, canele e peivre, altres bones espices); 1619 subst. mettre (qqc.) en canelle « mettre en morceaux » (Aubigné, Faeneste, IV, 9 ds Hug.); fig. 1798 mettre qqn en cannelle « le déchirer par ses discours » (Ac.). B. 1728 adj. « de la couleur de la cannelle » (Vuippens, Reg. not., 3058, 84 ac ds Gloss. des patois de la Suisse romande : Une cappe de fin drap canelle). Dér. de canne « roseau, conduit », suff. -elle* en raison de l'aspect que prend l'écorce du cannellier en séchant; le mot existe dans la plupart des lang. rom. sans qu'il soit possible de déterminer son cheminement; le lat. médiév. cannella ne semble pas attesté en ce sens av. le xiies. (Mittellat. W. et Du Cange, s.v. canella1, domaine ital.); l'intermédiaire du port. (REW3, no1602b) est sans doute à écarter, le Portugal ne semblant pas avoir pratiqué l'importation des épices aux xiie-xiiies. (Cor.); l'intermédiaire du prov. (EWFS2) ou de l'ital. (Cor.) est possible mais insuffisamment établi [la date ca 1100 pour le judéo-fr. kaniele donnée par FEW t. 2, p. 202a, n'est pas sûre, le ms. du vocab. hébraïco-fr. édité par E. Boehmer ds Rom. Studien, t. 1, p. 163 sqq. étant de la 2emoitié du xiiies.].
DÉR.
Cannelier, subst. masc.,bot. Arbre de la famille des Laurinées dont l'écorce fournit la cannelle. Le cannellier y croît [dans les montagnes] aussi sans culture, mais son écorce est moins aromatique que celle de Ceylan (Dumont d'Urville, Voyage au Pôle Sud,t. 7, 1844, p. 323). [kanəlje]. Ds Ac. 1762-1835 sous la forme cannellier; ds Ac. 1878 sous la forme cannelier. 1reattest. 1575 adj. arbres canelliers (Thévet, Cosmogr., XII, 7 ds Hug.), attest. isolée; 1645 subst. cannelliers (Coppier, Histoire et Voyage, p. 52 ds Arv., p. 141), rare av. le xviiies., figure ds les dict. gén. dep. Trév. 1743; de cannelle1, suff. -ier*, terme créé et empl. par les voyageurs ou traducteurs de relations de voyages français aux Antilles (v. Arv.). Fréq. abs. littér. : 4.
BBG. − Arv. 1963, pp. 141-142 (s.v. cannelier).Gottsch. Redens. 1930, p. 193. − Pt Rob. [Cr. Arveiller (R.). Fr. mod. 1968, t. 36, p. 342].