| CANDIDE, adj. A.− Littér., par fig. étymol. [En parlant d'inanimés] Qui est d'un blanc d'une pureté absolue. C'est trop peu d'être blanc, le lys était candide (Hugo, La Légende des siècles,t. 1, 1859, p. 35). − P. métaph. : 1. Cet homme marchait pur loin des sentiers obliques,
Vêtu de probité candide et de lin blanc;
Et, toujours du côté des pauvres ruisselant,
Ses sacs de grains semblaient des fontaines publiques.
Hugo, La Légende des siècles,t. 1, Booz endormi, 1859, p. 82. Rem. On rencontre ds la docum. une ext. de sens rare « qui est sans tache ». Nous voudrions être pareils, mon Dieu, à ce candide azur qui forme le ciel bleu (Ch. Guérin, Le Cœur solitaire, 1904, p. 48). B.− Au fig. [En parlant d'une pers. ou de son être spirituel, de son expression] 1. Qui est d'une grande pureté morale. Une âme, un esprit candide; un air, un visage candide : 2. ... les hasards de la vie m'ont permis d'approcher plus d'un saint, pourvu qu'on veuille donner ce nom à ces hommes de mœurs simples et d'esprit candide, dont le royaume n'est pas de ce monde, ...
Bernanos, Sous le soleil de Satan,1926, p. 281. − En partic. Qui est sans détours, d'une spontanéité sans calcul : 3. La beauté même d'Odile n'était plus parfaite et il m'arrivait de découvrir dans ses traits les signes de la fausseté. C'était fugitif; cinq minutes plus tard, je retrouvais ce front lisse, ces yeux candides...
Maurois, Climats,1928, p. 117. 4. En réalité, c'était [Sandro] un montagnard candide qui n'imitait rien et se montrait tel qu'il était.
Giono, Bonheur fou,1957, p. 22. 2. [En parlant d'adultes] (Plus ou moins) iron. ou péj. a) Innocent par inexpérience de la vie : 5. Vaillant, le moins antipathique des trois, était un ouvrier candide qui avait pris au sérieux les promesses de la démocratie révolutionnaire.
L. Daudet, L'Entre-deux guerres,1915, p. 7. b) D'une naïveté choquante chez un adulte, un peu niais : 6. Après tout, peut-être le candide héros, aveuglé par un nouveau mirage, se figurait-il de bonne foi qu'il était allé en Algérie.
A. Daudet, Tartarin de Tarascon,1872, p. 39. Prononc. et Orth. : [kɑ
̃did]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. xves. « éclatant » (Oct. de Sainct-Gelays, Enéide, 78 ro, édit. 1540 cité par Delboulle ds R. Hist. litt. Fr., t. 4, p. 291) − 1611, Cotgr.; 2. 1549 « bon, bienveillant » (Du Bellay, Deffence, II, 2 ds Hug.); 1611 « pur, franc, sincère » (Cotgr.); 1668 péj. (Hauteroche, L'Amant qui ne flatte point, IV, 3 ds Littré). Empr. au lat. candidus « éclatant (en parlant de la lumière des astres) » dep. Ennius ds TLL s.v., 239, 61 d'où « bon, sincère » dep. Horace, ibid., 244, 45. Fréq. abs. littér. : 574. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 538, b) 857; xxes. : a) 1 159, b) 825. Bbg. Duch. 1967, § 45.4. |