| CAGOT, OTE, subst. et adj. I.− Subst., vx. Personne misérable appartenant à un groupe proscrit pour des raisons mal définies (lèpre, etc.), établie autrefois dans le Béarn et en Gascogne : 1. ... les cagots ou goîtreux, race infortunée dont M. Ramond a recherché l'origine jusque dans la nuit des temps les plus reculés.
Dusaulx, Voyage à Barège,t. 2, 1796, p. 11. II.− Subst. et adj. (Personne, groupe de personnes ou collectivité) qui montre une dévotion outrée, généralement mal comprise ou hypocrite. Ce n'est qu'un cagot, un franc cagot (Ac. 1798-1835). (Quasi-)synon. bégueule, bigot, cafard, pharisien : 2. Je ne sais d'ailleurs pas quelle conjuration de cagots et de vieilles filles a pu réussir, en deux siècles à discréditer le mot plaisir.
Anouilh, La Répétition,1950, II, p. 38. − P. ext., rare. Personne intolérante, à l'esprit étroit : 3. Ce cagot de philosophie [Louis XVIII] sera tout aussi dangereux pour son cadet qu'il l'a été pour l'aîné : car je ne sais si son successeur pourra se tirer des embarras que se plaît à lui créer ce gros homme de petit esprit; ...
Balzac, La Duchesse de Langeais,1834, p. 323. − Adj. [En parlant d'attributs hum., d'idées, etc.] Qui manifeste ou dénote du fanatisme religieux, de la bigoterie hypocrite. Air, esprit cagot : 4. Les Jésuites aussi criaient contre Pascal et l'eussent appelé pamphlétaire, mais le mot n'existait pas encore; ils l'appelaient tison d'enfer, la même chose en style cagot.
Courier, Pamphlets pol.,Pamphlet des Pamphlets, 1824, p. 215. Rem. On rencontre ds la docum. le subst. fém. cagotine. Petite cagote. Surpris de trouver chez une cagotine un si malicieux esprit de repartie (Gide, Les Caves du Vatican, 1914, p. 692). Prononc. et Orth. : [kago], fém. [-ɔt]. Ds Ac. 1694-1932. Fém. cagotte ds Ac. 1694-1740; fém. cagote ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. 1535 cagot « hypocrite » (Rabelais, Gargantua, chap. 52, éd. R. Calder, Genève-Paris, 1970, p. 289). Empr. au béarnais cagot « lépreux blanc », d'orig. obsc. (dér. de cacare? cf. cagou) (1488 anthropon., d'apr. V. Lespy, P. Raymond, Dict. béarnais anc. et mod., Montpellier, 1887, s.v.; 1551, Fors de Bearn ds Nouv. Coutumier gén., t. 4, 1072 et 1093); le mot qui désignait des populations reculées des vallées pyrénéennes (peut-être à l'orig. affectées de la lèpre ou d'une autre maladie) a été appliqué par dérision aux bigots (pour l'évolution sém. « lépreux » > « hypocrite », v. cafard). Fréq. abs. littér. : 44. Bbg. Rigaud (A.). La Vraie Cour des Miracles. Vie Lang. 1969, p. 100, 395. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 147, 208, 286; t. 2 1972 [1925], p. 95-320. |