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CAGNE1, subst. fém.
A.− Vx. Chien de mauvaise race :
Ils entrèrent dans la Cathédrale et se mirent à tout saccager, (...) jetant à leurs chiens les hosties du ciboire, disant que si c'étaient vrais dieux, elles ne se laisseraient manger par des cagnes. J. et J. Tharaud, La Chronique des frères ennemis,1929, p. 140.
B.− P. ext., péj., vx. Femme paresseuse et méprisable. C'est une vraie cagne (Ac. Compl. 1842); ah! Cagne que tu es, je te tiens (Sue ds Lar. 19e).
Prononc. et Orth. : [kaɳ]. Autre forme caigne (Ac. Compl. 1842, Lar. 19e); il existe de même les formes caignard, caignarder (Ac. Compl. 1842), caignon (Ac. Compl. 1842, Lar. 19e) des mots correspondants. Étymol. et Hist. 1. Ca 1180-1200 de pute caingne « de mauvaise race » (Aye d'Avignon, éd. S. J. Borg, 1703); 2. début xiiies. faire laide caigne « faire mauvaise mine » (Prise de Cordres et de Sebille, 666 ds T.-L.); 3. 1456 caigne « femme de mauvaise vie » (Lettre de rémission ds Du Cange, éd. 1840, 819); 1456-67 id. « id. » terme d'injure (Cent Nouvelles Nouvelles ds Gdf. Compl. : caigne que vous estes); 4. 1584 caigne « chienne » (L. de La Porte, Trad. d'Horace, Epodes, 5). Empr. à l'a. prov. canha « chienne » (FEW t. 2, p. 183b) attesté à l'emploi fig. de puta canha « de mauvaise race, engeance, sorte », 1213, Guil. de Tudele, Chanson de la croisade albigeoise, éd. P. Meyer, 1802 ds Levy Prov. (cf. avec 1), mot maintenu dans les dial., en partic. ceux du Midi, au sens de « chienne »; l'a. prov. canha est issu du lat. vulg. *cania, dominant dans le domaine d'Italie du Nord et en prov. (REW3, s.v. cania; DEI, s.v. cagna), formé sur canis « chien », cf. le b. lat. cervia « biche » formé sur cervus « cerf ». Pour le sens de « prostituée », cf. vache, poule, rosse, etc. L'hyp. d'un étymon ital. cagna « chienne » (DEI s.v.; DG; Brunot t. 1, p. 150; Dauzat 1968), attesté dep. ca 1300-10 (Dante, Enfer, 13-125 ds Batt.) est moins satisfaisante, étant donnée l'ancienneté du fr. Bbg. Guiraud (P.). Les Ch. morpho-sém. B. Soc. Ling. 1956, t. 52, no1, pp. 274-277. − Sain. Lang. par. 1920, p. 378. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 49.