| ![]() ![]() ![]() ![]() CAGNARD2, subst. masc. A.− Région. (Provence et Languedoc). Emplacement ensoleillé à l'abri du vent : 1. ... j'allais faire la sieste dans un cagnard ensoleillé, entre les racines d'un pin, au creux d'un rocher, au fond d'une anse secrète ou dans un de ces petits postes de guet toujours nichés dans une situation inattendue...
Cendrars, L'Homme foudroyé,1945, p. 99. ♦ Loc. Faire du cagnard. Se reposer au soleil. Vous devriez l'un et l'autre aller faire un peu de cagnard dans l'opportun midi (Valéry, Correspondance[avec A. Gide], 1920, p. 478). − P. métaph. : 2. Les miradores s'échafaudent jusqu'aux toits, cagnards vitrés à l'abri du vent qui tourbillonne à travers la ville comme un mistral.
T'Serstevens, L'Itinéraire espagnol,1963, p. 284. − MAR. ,,Assemblage de planches ou de toiles fixées à l'avant et aux côtés d'une passerelle d'un pont de dunette, pour protéger un homme de veille contre le vent et la pluie`` (Gruss 1952). B.− 1. P. ext., vx. Abri non fermé et plus ou moins chaud où se rassemblaient des vagabonds : 3. Il était tout simple que ceux qui avaient pour lieu de travail quotidien le cul-de-sac vide-gousset ou la rue coupe-gorge eussent pour domicile nocturne le ponceau du chemin-vert ou le cagnard Hurepoix.
Hugo, Les Misérables,t. 2, 1862, p. 511. 2. P. méton. Réchaud pour se chauffer à l'extérieur. − TECHNOL., vx. Fourneau de cirier. Rem. Attesté ds la plupart des dict. du xixes. ainsi que ds Lar. 20eet Quillet 1965. 3. P. anal., CUIS., vx, rare. Le cagnard est une espèce de plat épais qui a quatre pieds, afin que, mis sur le fourneau, l'air, en circulant, empêche le feu de le faire éclater (Balzac, La Rabouilleuse,1842, p. 408). Prononc. et Orth. : [kaɳa:ʀ]. Ds Ac. 1740-1932. Étymol. et Hist. 1. 1460 caigniart « réduit, abri misérable » (S. et A. Gréban, Actes des Apôtres, éd. 1537, 3ejournée, f. CXXI d'apr. Barbier ds Proceedings of the Philosophical and Lit. Society, 1928-32, t. 2, no5); 1514 [?] caignart (Les souhaits du monde ds Anc. poés. fr., Bibl. Elz. I, 311 d'apr. Barbier, ibid. et Gdf. Compl.); 1611 cagnard (Cotgr.); 2. 1527 cagnart « maison publique » (Chevalet ds Esn. s.v.); 1622 cagnard (Sorel, Hist. comique de Franc., II ds Dub.-Lag.); 3. 1751 « fourneau de cirier » (Encyclop. t. 2). Terme originaire de la France mérid. (dér. de l'a. prov. canha « chienne », v. cagne1) où il est fortement attesté (Mistral, s.v. cagnard, cagnas, et FEW t. 2, p. 185a); peut-être d'abord avec le suff. -ale, au sens de « niche, chenil », puis avec changement de suff. (Nyrop t. 3, § 354) et p. ext. « endroit retiré, abri », les chiens aimant à dormir dans les coins abrités (Baist ds Z. rom. Philol., t. 43, 1923, pp. 85-86). Coignart « petite galerie abritée au coin d'un jardin » attesté dep. 1480 (D. d'Arcq, Comptes de l'hôtel, 385 ds Gay et cité par Barbier, loc. cit.) relève de l'étymon cuneus « coin » (cf. FEW t. 2, p. 1535a). L'hyp. selon laquelle cagnard subst. serait dér. de cagnard adj. (Spitzer ds Z. rom. Philol., t. 40, pp. 697-99) ne tient pas compte de leur aire géogr., le subst. cagnard étant limité au domaine prov. et l'adj. à la France du Nord (FEW t. 2, p. 185b). Fréq. abs. littér. : 2. Bbg. Baist (G.). Vermischtes. Z. rom. Philol. 1923, t. 43, pp. 85-86. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 65, 176; t. 3 1972 [1930], p. 206. |