| CAGE, subst. fém. I.− Espace clos servant à enfermer des êtres vivants. Cage de fer, de/en bois; la porte, les barreaux d'une cage; mettre en cage, être enfermé dans une cage. − P. compar. : 1. Il y a, paraît-il, dans la province, des boutiquières dont la cervelle enferme comme une cage étroite des désirs de chic ardents comme des fauves.
Proust, Les Plaisirs et les jours,1896, p. 77. − P. métaph. Des êtres dont les âmes volaient déjà loin de leurs cages charnelles (Huysmans, La Cathédrale,1898, p. 185). A.− [Enferme des animaux] 1. Habitacle généralement fixe, de grandes dimensions, muni de barreaux, dans lequel on enferme de gros animaux, en particulier des fauves. Bête, fauve en cage; voiture-cage : 2. Un de ses plaisirs favoris [de M. Sixte] consistait dans de longues séances devant les cages des singes et la loge de l'éléphant.
P. Bourget, Le Disciple,1889, p. 20. ♦ P. métaph. : 3. La famille! Thérèse laissa éteindre sa cigarette; l'œil fixe, elle regardait cette cage aux barreaux innombrables et vivants, cette cage tapissée d'oreilles et d'yeux, où, immobile, accroupie, le menton aux genoux, les bras entourant ses jambes, elle attendrait de mourir.
Mauriac, Thérèse Desqueyroux,1927, p. 204. − En partic., CIRQUE, vx. Cage-théâtre. Petite cage utilisée pour présenter des fauves sous le chapiteau. Les dompteurs les présentaient [les fauves] dressés dans de petites cages-théâtres installées au milieu de la piste (Hist. des spectacles,1965, p. 1529).Voiture-cage. Voiture aménagée pour le transport et éventuellement l'exposition des fauves captifs. Dès l'arrivée du cirque (...) les voitures-cages des fauves sont alignées et les volets en sont abaissés (Hist. des spectacles,1965p. 1528). 2. Habitacle portatif, à claire-voie, pouvant affecter des formes variées, dans lequel on enferme des oiseaux ou de petits animaux : 4. Peindre d'abord une cage
Avec une porte ouverte
Peindre ensuite
Quelque chose de joli
Quelque chose de simple
Quelque chose de beau
Quelque chose d'utile...
Pour l'oiseau.
Prévert, Paroles,1946, p. 184. SYNT. Cage d'osier; cage à lapins, à mouches, à oiseau(x), à poules, à poulets; oiseau(x) de cage; oiseau(x) en cage. − Proverbes. La belle cage ne nourrit pas l'oiseau. Il vaut mieux être oiseau de campagne qu'oiseau de cage. Rem. Attesté dans la plupart des dict. généraux. a) En partic. − Cage d'écureuil. Cage cylindrique tournant autour d'un axe lorsque l'animal se met en mouvement : 5. Follement, il [l'écureuil] fait tourner cette roue. Elle s'emballe, l'axe tressaute. Un vertige paraît emporter la cage... L'écureuil est resté à la même place : il n'avance ni ne recule, il ne produit rien, il ne veut rien, il agit...
Estaunié, L'Empreinte,1896, p. 319. ♦ P. métaph. : 6. Pour soulever les matériaux, ils [les architectes] employaient la grue à cage d'écureuil. Celle-ci (...) était munie d'une grande roue en bois à l'intérieur de laquelle plusieurs hommes grimpaient comme aux barreaux d'une échelle, ce qui entraînait la roue et permettait de lever la charge avec des cordages.
R.-M. Lambertie, L'Industr. de la pierre et du marbre,1962, p. 78. Rem. Pour le sens techn., cf. infra II. − MAR., vx. Cage de bord, cage à poulets (cf. supra I A 2), cage aux volailles. Coffre à claire-voie dans lequel on gardait la volaille vivante à bord d'un navire. On entendait de dessous l'avant du navire glousser une poule dans la cage aux volailles (Flaubert, Correspondance,1850, p. 222). ♦ P. plaisant., péj., fam. Vieux bateau : 7. Je regardais les tôles de la coque ... les rivets sont bouffés, il faudrait pas une grande secousse pour envoyer au fond la vieille cage à poules!
P. Vialar, La Rose de la mer,1939, p. 83. − CHASSE. Cage-attrape. Cage à oiseau munie d'un piège. La cage-attrape. On arrive à y prendre parfois l'épervier (Pesquidoux, Chez nous,1923, p. 189). − PSYCHOL. ANIMALE. Cage truquée, p. ell. cage. Appareil expérimental pour l'étude du comportement animal (cf. Hist. de la sc., 1957, p. 1682). b) P. ext., PÊCHE. Coffre à claire-voie permettant de garder le poisson vivant dans l'eau. Nasse en forme de cage à poulets qu'on jette sur le poisson pour le capturer. Grillage ou barrière qui, adapté à la bonde d'un étang, empêche le poisson de s'échapper. B.− [Enferme des pers.] Cage de fer, cage. Loge à claire-voie, souvent exiguë, utilisée à différentes époques pour enfermer ou supplicier des prisonniers, notamment politiques. Je pense souvent aux gens qui ont passé des années dans les cages de fer des prisons, au moyen-âge (Aragon, Les Beaux-quartiers,1936, p. 478). − Arg. des prisons. Cage, cage à poule. Cellule de prison, prison; chambrée d'un camp de prisonniers. Être en cage, mettre en cage : 8. − Général, dit-il [à Crosne] sans préambule, le maton de veille a flanqué un rapport à Jourin : il beuglait dans sa cage à poule le Chant des partisans.
H. Bazin, Le Bureau des mariages,1951, p. 106. II.− P. anal. Espace clos où se tient ou se meut quelqu'un ou quelque chose. A.− 1. [Contient des pers.] a) Domaine de l'habitat, des transp. − Petite loge vitrée ou grillagée, généralement munie d'un guichet, où ne se tient qu'une seule personne. Cage de verre, cage vitrée; cage de la standardiste. Tout en mordant dans son déjeuner, il s'approcha de la cage de l'employé du P.M.U. (Queneau, Pierrot mon ami,1942, p. 59). − Vieilli. Cage d'ascenseur. ,,Appareil en forme de cage où s'introduisent les personnes qui se servent de l'ascenseur pour gagner tel ou tel étage d'une maison ou d'un édifice`` (Ac. 1932). Synon. cabine d'ascenseur : 9. Il [le liftier] n'était pas d'ailleurs sans ambition, ni talent non plus pour manipuler sa cage et ne pas vous arrêter entre deux étages.
Proust, Sodome et Gomorrhe,1922, p. 791. Rem. Pour le sens en archit., cf. infra. − Fam., emploi métaph. de I A 2. Cage à lapins. Habitation exiguë (cf. Aymé, Clérambard, 1950, p. 192). Cage à fourches (vx). Voiture à cheval utilisée autrefois pour le transport en commun dans les villes (cf. Hogier-Grison, Les Hommes de proie, Le Monde où l'on vole, 1887, p. 295).Cage à poules. Avion de la première guerre mondiale (Rob., Quillet 1965, Lar. Lang. fr.). − SP. Cadre de bois, généralement muni d'un filet, délimitant les buts dans certains sports d'équipe. Tobia clôturera la marque (...) lobant Weinstuck (...) il marquera dans la cage vide (Écho Sports,10 févr. 1941). − ARCHITECTURE ♦ Cage d'un édifice, d'une maison. Ensemble des murs extérieurs qui en déterminent la forme. Rem. Attesté dans la plupart des dict. généraux. ♦ Cage d'escalier, de l'escalier. Espace cloisonné dans lequel est enfermé un escalier : 10. Gérard ouvrit la porte doucement et regarda avec précaution par la cage de l'escalier en spirale, qui permettait de suivre, malgré un jour douteux, les démarches d'une personne qui monterait au premier étage; ...
Champfleury, Les Aventures de Mlle Mariette,1853, p. 264. ♦ Cage d'ascenseur, de l'ascenseur. Emplacement qui enferme les organes et la machinerie d'un ascenseur. − AMEUBL. Lit-cage. Cf. lit. b) Domaine de l'industr., MINES.Cage d'extraction. Benne à déplacement vertical servant au transport du personnel et des berlines de minerai dans un puits de mine. Un accident arrivé à la cage d'extraction (...) allait arrêter le travail pendant un grand quart d'heure (Zola, Germinal,1885, p. 1137). 2. P. métaph. ANAT. [Contient des organes] Cage thoracique. Partie du squelette formée par les vertèbres dorsales, les côtes, les cartilages costaux et le sternum contenant les poumons, le cœur, le diaphragme ainsi qu'une partie des organes abdominaux. B.− [Contient des choses] 1. [En tant qu'enveloppe de protection ou d'isolation] Cage d'un compteur, d'un moteur, d'une pendule. − Rare. Cage à pain. Huche à pain à claire-voie. Le chanteau de pain (...) recouvert d'une cage à pain en osier (Nerval, Le Marquis de Fayolle,1855, p. 92). − CHIM., PHYS. Cage de verre. Abri de verre, généralement étanche, utilisé dans certaines expériences pour empêcher l'influence d'agents extérieurs (cf. M. Privat de Garilhe, Les Acides nucléiques, 1963, p. 44). − ÉLECTRICITÉ ♦ Cage d'écureuil. ,,Dispositif comportant un conducteur par encoche, les extrémités de tous les conducteurs étant réunies de chaque côté par des anneaux métalliques qui les ferment en court-circuit`` (Barb.-Cad. 1971). ♦ Cage de Faraday. Dispositif à paroi conductrice permettant d'isoler électriquement les corps placés en son intérieur (d'apr. Uv.-Chapman 1956) (cf. M. de Broglie, Les Rayons X, 1922, p. 135). − MAR. Cage d'hélice. ,,Cadre formé par l'étambot avant, l'étambot arrière, la quille et le sommier`` (Soé-Dup. 1906). − MÉCAN. Boîtier qui entoure certaines parties d'un mécanisme. Cage du différentiel, cage de la bielle, cage des coussinets de bielle, cage d'un roulement à bille. Cf. carter. 2. [La cage est une armature à claire-voie] a) Spéc., HABILL. FÉM. Armature rigide portée autrefois par les femmes pour faire bouffer les robes, les jupes. Cf. crinoline, panier.Jenny n'osait pas mettre la « cage » (...) elle la remplaçait par des jupons amidonnés (Gyp, Souvenirs d'une petite fille,1928, p. 116).INDUSTR. ALIM. Cage filtrante. Accessoire d'une presse à huile à paroi ajourée servant à séparer l'huile du tourteau. Presse à cage (cf. G. Brunerie, Les Industr. alim., 1949, p. 46). b) [En tant qu'armature servant de support à un mécanisme ou à une machine] − ARCHIT. Cage d'un clocher, cage des (aux) cloches. Assemblage de charpente d'un clocher et, éventuellement, espace compris entre les murs qui le supportent. Rem. On rencontre dans la docum. cage de la sonnerie (Hugo, Notre-Dame de Paris, 1832, p. 301). Cage des heures (Hugo, Les Travailleurs de la mer, 1866, p. 290). ♦ Cage d'un moulin à vent. Assemblage de charpente à jour qui forme le corps d'un moulin à vent. Rem. Attesté dans la plupart des dict. du xixes. ainsi que dans Lar. 20eet Ac. 1932. − HORLOG. Bâti d'horloge ou de montre servant à maintenir les organes du mouvement. Cage à ponts, cage à platines (cf. E. von Bassermann-Jordan, Montres, horloges et pendules, 1964, p. 193). − MÉTALL. Cage de laminoir. ,,Ensemble des cylindres d'un laminoir et de la monture qui porte les coussinets sur lesquels reposent les tourillons des cylindres`` (Bader-Th. 1962). PRONONC. : [ka:ʒ]. Enq. : /kaʒ/. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Espace clos généralement à claire-voie, servant à enfermer des êtres vivants a) 1160-74 « loge portative pour les animaux » (Wace, Chronique ascendante, 38 dans Gdf. Compl.); 1611 proverbe ,,Mieux vault estre oiseau de bois que de cage`` (Cotgr.); b) p. anal. av. 1317 « loge garnie de barreaux servant de prison » (Joinville, 278 dans Littré); 2. p. ext. Espace clos servant à enfermer ou limiter qqc. a) 1419 « treillis dans lequel un orfèvre étale sa marchandise » (G. Fagniez, Documents relatifs à l'Histoire de l'industrie et du commerce, Paris, 1900, t. 2, p. 213); b) 1676 (Félibien, Principes de l'architecture, Paris, p. 508 : L'on dit la cage d'un Escalier [...] On dit aussi la Cage ou l'enceinte d'un bastiment); c) 1690 horlog. (Fur.).
Du lat. cavea « enceinte où sont enfermés des animaux » attesté dep. Plaute dans TLL s.v., 628, 41 au sens de « prison », emploi fig. (Sénèque, ibid., 629, 26). Pour le maintien de k- initial, v. Fouché, p. 556 et Meyer-L. t. 1, § 229. STAT. − Fréq. abs. littér. : 1 423. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 240, b) 2 460; xxes. : a) 2 806, b) 1 986. DÉR. 1. Cagée, subst. fém.Ensemble des oiseaux d'une cage. Vendre la cage et la cagée (Ac. Compl.1842).Attesté dans la plupart des dict.P. métaph. En 1822 j'avais vu passer à Vérone des cagées de carbonari accompagnés de gendarmes (Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 4, 1848, p. 481).− [kaʒe]. − 1resattest. a) fin xvies. « contenu d'une cage » (Desparron, Fauconnerie, I, 15 dans Gdf. Compl.); b) 1848 « voiture pleine de prisonniers », supra; dér. de cage, suff. -ée*. − Fréq. abs. littér. : 1. 2. Caget, subst. masc.Claie en jonc, paille ou bois sur laquelle on dispose certains fromages (brie, camembert) pour les faire égoutter et fermenter. Les cajets employés [dans la fabrication du fromage blanc] sont des cercles en bois dont le fond est tressé avec des brins d'osier (A. F. Pouriau, La Laiterie,1895, p. 553).− On écrit caget, cajet. Autre forme cajereau. − 1resattest. 1895 cajet, supra; 1922 caget (Lar. univ.); dér. de cage, suff. -et*. 3. Cagette, subst. fém.a) Petite cage. Deux inséparables dans une autre cagette en forme de chalet restaient bien tranquilles, côte à côte sur leur bâton (Maupassant, Contes et nouvelles,La Reine Hortense, t. 2, 1883, p. 831).Spéc., vx. Trébuchet. Attesté dans la plupart des dict. du xixes. ainsi que dans Lar. 20eet Quillet 1965.b) P. anal. Emballage à claire-voie, généralement en bois blanc, servant au transport de fleurs, de fruits ou de légumes. Cf. cageot.Les peupleraies alimentent les usines d'emballages (cagettes à légumes et boîtes à fromage) (La Forêt fr.,1955, p. 36).− [kaʒ
εt]. − 1resattest. 1321 « petite cage » (Inventar. Guid. de Kaours mag. monet. ex Reg. A. 2. Cam. Comput. Paris, fo12 vodans Du Cange, s.v. cagia 2) − xvies. dans Hug., à nouv. dep. Ac. Compl. 1842 au sens de « trébuchet » [cage, piège pour prendre les oiseaux]; 1928 « panier d'osier servant à l'emballage » (Lar. 20e); dér. de cage, suff. -ette*. − Fréq. abs. littér. : 1. BBG. − Brüch 1913, p. 30. − Delamaire (J.). Meuniers et moulins à vent. Vie Lang. 1970, p. 629. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 3. − Quem. 2es. t. 2 1971, p. 9. − Sain. Sources t. 2 1972 [1925], p. 191. − Termes techn. fr. Paris, 1972, p. 10. |