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CAFARD2, ARDE, subst.
A.− Personne qui affecte une dévotion, une vertu de mauvais aloi, ou qu'elle n'a pas. Synon. bigot, cagot, tartufe :
1. ... un cafard qui sait feindre Jusqu'au charme de la vertu; Un petit saint pétri de ruse Qu'à Montrouge on encenserait. Béranger, Chansons,Couplets sur un portrait de moi, t. 3, 1829, p. 163.
Emploi adj. [En parlant des attributs d'une pers., de ses attitudes, de ses paroles] Allure, mine cafarde; air cafard :
2. L'hostilité cafarde de ce groupe [les catholiques] était, peut-être, encore plus enragée que la haine déclarée des mécréants. Bloy, Le Désespéré,1886, p. 297.
P. ext. (et p. réf. au personnage de Tartuffe chez Molière). Personne agissant d'une manière sournoise, tout en affectant des dehors de correction :
3. Ah! ce fut un beau coup d'imposer le général Zurlinden à Brisson, assez simple pour ne pas demander ses sûretés, d'abord. Un maître-tour de cafard pour désorganiser le ministère en acte de revision, jeter Brisson à bas et se donner la chance d'un cabinet de complices... Clemenceau, Vers la réparation,1899, p. 191.
B.− Fam., en partic. lang. des écoliers. Mouchard, délateur. Synon. rapporteur :
4. « Je parie, dit Bineau, que Robert nous a dénoncés à son père. − Parbleu! C'est un rapporteur. − Il le payera, le cafard. » Champfleury, Les Souffrances du professeur Delteil,1855, p. 45.
Rem. On rencontre dans la docum. le subst. fém. cafarde, arg. Lune. Synon. moucharde (Esn.). La cafarde est une vache, le reluit [= « soleil »] une bourrique (Hogier-Grison, Les Hommes de proie, Le Monde où l'on vole, 1887, p. 296).
PRONONC. ET ORTH. : [kafa:ʀ], fém. [-aʀd]. On trouve la graph. caffard (Marquis de Fongeray, Les Soirées de Neuilly, t. 1, 1827, p. 227).
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1512 subst. caphar « faux dévot » (Thénaud, Voy. d'Outremer, éd. Schefer, p. 98 dans Delb. Notes); av. 1544 adj. caphard « hypocrite » (C. Marot, Colloques d'Erasme, Virgo μ ι σ ο γ α ́ μ ο ς foD ro, éd. s.d. dans Gdf. Compl. : caphardes parolles); av. 1564 subst. caffart (Calvin, Lettres, t. 1, p. 64, ibid.); 1589 cafard (Lettres de mission de Henri IV, 1eraoût, t. II, p. 503, ibid.) [Quem. donne ce mot comme attesté d'abord dans les Abuz du Monde de P. Gringore (1509) dans Delb. Notes, attest. qui n'a pu être trouvée dans ce fonds]; 2. 1834 cafard « mouchard » (Land., s.v. cafarder). Empr. à l'ar. kāfir « incroyant » qui prit le sens de « converti à une autre religion que la sienne », d'où « faux dévot », proprement part. prés. de kafara « être incroyant », le suff. péj. -ard* ayant remplacé la finale insolite. L'hyp. de L. Spitzer dans Z. rom. Philol., t. 44, 1924, pp. 191-192, qui voit dans cafard « faux dévot » une transposition de cafard « blatte », qui lui-même serait à rattacher au dialectal jouer à kafó « jouer à colin-maillard », est en contradiction avec les données chronol., v. cafard1. Celle de P. Barbier dans R. Lang. rom., t. 63, 1925, pp. 11-18, selon laquelle cafard « bigot » et « blatte » serait une transposition de cafard « hanneton » attesté dep. Cotgr., dér. du m. néerl. kaff « balle de blé, cosse de fève, etc. », se heurte à des difficultés géogr., chronol. et sémantiques.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 169.
DÉR.
Cafeter, verbe,arg. scol. Dénoncer. Synon. pop. cafarder, rapporter.Sur les cinq heures, comme il [Lavelongue] allait se taper un crème, moi je profitais dans la réserve pour ôter un peu mes tatanes, (...). Du coup, les autres enfoirés, ils allaient me cafeter au singe (Céline, Mort à crédit,1936, p. 166).Empl. transitivement dans la seule attest. de la docum., ce verbe peut, selon Esn. 1966, avoir des emplois intrans. 1reattest. 1900 (Lycées, Paris d'apr. Esn.); dér. du rad. de cafard, suff. -eter*. Fréq. abs. littér. : 1. Rem. On rencontre dans la docum. a) Cafeteux, subst. masc., arg. (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 346; suff. -eux*). Délateur, rapporteur. b) Cafeteur, subst. masc. arg. Même sens.
BBG. − Rigaud (A.). Les Métaph. du largonji. Vie Lang. 1971, p. 297 (s.v. cafarde).Rupp. 1915, p. 86. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 71, 216 (s.v. cafarde).Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 208; t. 3 1972 [1930], p. 235, 363, 399, 523 (s.v. cafarde).