| CADI, subst. masc. Magistrat musulman remplissant des fonctions civiles, judiciaires et religieuses, dont celle de juger les différends entre particuliers. Chaque jour, à midi, le cadi tient ses audiences dans une assez pauvre mosquée assiégée par les plaideurs (J. et J. Tharaud, Rabat ou les Heures marocaines,1918, p. 53).Son bon sens lui suggérait une justice de cadi (Balzac, César Birotteau,1837, p. 50).− P. métaph. (souvent péj.). Popinot était au milieu de la civilisation parisienne un très-habile cadi (Balzac, L'Interdiction,1836, p. 122). Prononc. et Orth. : [kadi]. Var. : cazi (Ac. Compl. 1842), cadhy (Besch. 1845). Transcr. de cadislesker dans Littré : ka-di-lè-skêr'. Étymol. et Hist. I. Ca 1230 escaadi (Estoire de Eracles, XXVIII, 1, Hist. occ. des croisades dans Gdf.), attest. isolée; 1351 cady (Les voyages en Asie, au XIVes., du bienheureux frère Odoric de Pordenone dans Recueil de voyages..., éd. Ch. Schefer et H. Cordier, Paris, 1882-1923, t. 10, p. 72). II. 1576 cadilesquier (J. Bodin, Republique, I, 11 dans Hug.). − 1771, Trév.; 1670 cadilesquer (P. Briot, Hist. de l'état présent de l'empire ottoman, Paris, p. 293) − 1771, Trév.; 1732 cadilesker (Trév.) − 1878, Ac.; 1654 caziasquer (Du Loir, Voyages, p. 78) − 1866, Lar. 19e; 1721 cadiascher (Trév.) − 1771, Trév.; 1612 cassi-ascher (Th. Artus, sieur d'Embry, L'Hist. de la décadence de l'Empire Grec, Paris, p. 299) − 1845 cassi-asher, Besch. I empr. à l'ar. qādin, al-qāḍī, part. actif substantivé de qadā
« décider, juger » (alcade*). II empr. au turc kadilasker, kadi asker « juge de l'armée » (FEW t. 19, p. 75b). Les graphies cazi- et cassi- pour cadi- et la présence du -i- entre -qu- et -er- dans cadilesquier ainsi que les formes sans -l- reflètent des particularités phonologiques ou syntaxiques du turc (cf. Lammens, p. XXIII et 144, s.v. kiosque et FEW, loc. cit.). Fréq. abs. littér. : 33. BBG. − Höfler (M.). Zum französischen Wortschatz orientalischen Ursprungs. Z. rom. Philol. 1967, t. 83, p. 59. − Lammens 1890, pp. 63-64. |