| CACHEMIRE, subst. masc. A.− 1. Étoffe très fine, légère, obtenue par le tissage du duvet recouvrant la poitrine des chèvres du Cachemire ou du Tibet. Châle de cachemire; porter une robe de cachemire. Elle portait une superbe robe blanche de cachemire de l'Inde, garnie de cygne, ouverte en carré sur la poitrine (Zola, Une Page d'amour,1878, p. 976). SYNT. Burnous, écharpe, peignoir, voile, draperies de cachemire; léger, riche, superbe cachemire; cachemire brodé, broché d'or. − P. antiphrase, iron., pop. ♦ Torchon. Donner un coup de cachemire (loc.). Donner un coup de torchon, essuyer : 1. Ainsi elle [Zobie] avait recueilli, là-haut, entre deux coups de cachemire, comme on dit dans le langage de la limonade, des propos laconiques et tranchants...
A. Arnoux, Zulma l'infidèle,1960, p. 150. ♦ Cachemire d'osier. Hotte du chiffonnier : 2. Ses deux toiles de cette année sont absolument excellentes. La première représente un retour de chiffonniers. Le crépuscule est venu. Dans l'un de ces mélancoliques paysages qui s'étendent autour du Paris pauvre (...) trois chiffonniers retournent au gîte, accompagnés de leurs chiens. Deux se traînent péniblement, le cachemire d'osier sur le dos et le 7 en main; le troisième les précède, courbé sous la charge d'un sac.
Huysmans, L'Art mod.,1883, p. 52. 2. P. méton. a) Châle de cachemire : 3. Son cachemire, dont la pointe touchait à terre, laissait échapper de chaque côté les larges volants d'une robe de soie, ...
A. Dumas Fils, La Dame aux camélias,1848, p. 11. − P. métaph. : 4. O lune, coule dans mes veines
Et que je me soutienne à peine,
Et croie t'aplatir sur mon cœur!
Mais, elle est pâle à faire peur!
Et montre par son teint, sa mise,
Combien elle en a vu de grises!
Et ramène, se sentant mal,
Son cachemire sidéral, ...
Laforgue, L'Imitation de Notre-Dame la Lune,1886, p. 254. b) Rare. Turban : 5. ... je maniais un cimeterre éclatant, je me représentais habillé en Turc avec un cachemire autour du front, ...
Du Camp, Mémoires d'un suicidé,1853, p. 86. B.− P. anal. Tissu de laine très fine. Cachemire d'Écosse, cachemire français : 6. Tout ce que je sais de M. Sibille, c'est qu'il dirigeait une grande fabrique de cachemires français. J'ai entendu dire à ma mère que l'impératrice Eugénie portait quelquefois de ces cachemires pour encourager l'industrie nationale, ...
A. France, Le Petit Pierre,1918, p. 256. PRONONC. ET ORTH. : [kaʃmi:ʀ]. Orth. de l'Ac. (1835-1932) : cachemire; cf. aussi le reste des dict. Rob. Suppl. 1970 indique que pour désigner le tissu ,,la graphie anglaise cashmere est la plus couramment employée``. ÉTYMOL. ET HIST. − 1671 nom de lieu (Bernier, Hist. de la dern. Révol. des Estats du Gd Mogol dédiée au Roy, t. 1, p. 160 dans König, s.v. châle : Chale ou Escharpe de Cachemire); 1791 tissus moëlleux de Kachemire (Volney, Les Ruines, éd. 1821, i, 7 dans Barb. Misc. 18, no7), forme isolée; d'où 1803 cachemire « châle » (Boiste); 1820 « tissu » (Lav.).
Du nom fr. de la province du Kashmir au nord-ouest de l'Inde, ou de celui de sa capitale (Lok., no1116), où sont fabriqués ces tissus et ces châles; v. aussi Höfler dans Cah. lexicol., t. 1, pp. 83-84. STAT. − Fréq. abs. littér. : 318. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 607, b) 960; xxes. : a) 289, b) 144. BBG. − Pamart (P.). Par-delà les steppes de l'Asie centrale. Vie Lang. 1969, pp. 169-170. |