| CÔTÉ, subst. masc. I.− Partie de ce qui délimite un contenu. A.− Partie latérale d'une chose. 1. ANATOMIE a) Partie latérale de la cage thoracique chez l'homme et chez certains animaux. Aussitôt le souvenir de la scène de l'après-midi me fit sentir le côté gauche de ma poitrine bien plus gros que l'autre (Proust, Prisonn.,1922, p. 182). − Point de côté. Douleur aiguë et spontanée à la base des côtes : 1. L'ascension des deux étages, pour peu qu'il ne prît pas les précautions nécessaires, lui donnait parfois un point de côté, pas très douloureux, mais qui mettait plusieurs heures à se dissiper.
R. Martin du Gard, Les Thibault,Épilogue, 1940, p. 766. ♦ Arg. Point de côté. ,,Agent des mœurs`` (Carabelli, [Lang. pop.]). ,,Créancier`` (Carabelli, [Lang. pop.]). − P. métaph. littér. (en réf. à Genèse 2/21-22) : 2. pierre de craon. − Cette église seule sera ma femme qui va être tirée de mon côté comme une Ève de pierre, dans le sommeil de la douleur. Puissé-je bientôt sous moi sentir s'élever mon vaste ouvrage, ...
Claudel, L'Annonce faite à Marie,1reversion, 1912, prol., p. 24. b) P. ext. Partie droite ou gauche du corps ou d'un élément du corps. Le long des joues, des deux côtés du visage (Lamart., Confid.,1849, p. 384).Un beau poisson rouge avec les côtés tout reluisants d'écailles en or (Nerval, Filles feu,Chansons et légendes du Valois, 1854, p. 635).Une blessure au côté extérieur de la jambe droite (Gyp, Souv. pte fille,1927, p. 66): 3. ... la petite Reine, ou Rainette (...) avait treize ans, et elle était toujours malade. Depuis des mois, une coxalgie la tenait étendue et captive, tout un côté du corps moulé dans une gouttière, comme une petite Daphné dans son écorce.
R. Rolland, Jean-Christophe,Le Buisson ardent, 1911, p. 1303. − P. métaph. La rigueur des chemins m'interdit vos côtés (M. de Guérin, Corresp.,1837, p. 292). SYNT. Côté droit, gauche, antérieur, extérieur, externe, inférieur, interne, supérieur; chaque côté, les deux côtés; côtés du nez, des tempes, de la tête, de la colonne vertébrale. − Loc. Rire à se tenir les côtés. Rire aux éclats (cf. Mérimée, Carmen, 1847, p. 51). Se montrer du côté gauche (au fig.). Offrir un aspect peu engageant, se détourner. Ainsi le Christ a voulu (...) à combien de saints et de saintes ici-bas ne se montrer que du côté gauche (Claudel, Poèmes guerre,1916, p. 547). 2. P. anal. a) Partie latérale d'un ensemble. Ils usaient beaucoup leurs souliers sur les côtés (Champfl., Avent. MlleMariette,1853, p. 148).La vraie justice, qui veut que la marchandise et le prix soient égaux, comme les deux côtés d'une balance (Erckm.-Chatr., Ami Fritz,1864, p. 140).Fabrizio (...) se tourna vers le côté de la route (Gracq, Syrtes,1951, p. 68): 4. ... nous étions au milieu d'une allée, quand j'ai entendu le moteur d'une voiture venant derrière nous (...); Barty n'était pas en laisse. J'ai eu peur en même temps pour Laeta et pour lui; mais il suffisait de dire à Laeta de se ranger sur un côté de l'allée pour qu'elle ne risquât rien, tandis que le chien pouvait s'élancer vers moi juste devant la voiture. J'ai donc couru gauchement du côté où j'avais rangé Laeta au côté où Barty se trouvait; ...
Larbaud, Journal,1934, p. 307. b) P. méton., lang. parlementaire. Parti politique en tant qu'il siège sur un côté du lieu habituel de réunion. Mirabeau s'engagea à réunir les deux côtés de l'assemblée (Chênedollé, Journal,1805, p. 12). c) Emploi fig. Ligne de parenté sur un arbre généalogique. Côté maternel, paternel. Des deux côtés, des familles de vignerons (Michelet, Journal,1821, p. 167).Les populations blanches dont nous descendons par quelques côtés (Gobineau, Corresp.[avec Tocqueville], 1856, p. 254): 5. Cette naissance qui m'a été reprochée si souvent et si singulièrement des deux côtés de ma famille est un fait assez curieux en effet, et qui m'a parfois donné à réfléchir sur la question des races. Je soupçonne mes biographes étrangers particulièrement d'être fort aristocrates, car ils m'ont tous gratifiée d'une illustre origine, ...
G. Sand, Histoire de ma vie,t. 1, 1855, p. 14. d) Emplois techn. − ARCHIT. Nef latérale d'une église délimitant la nef centrale. Synon. bas-côté*.Un autel improvisé dans un côté d'église (E. de Guérin, Lettres,1846, p. 489). − GÉOM. Ligne allongée ou face latérale d'une figure. Côté d'un parallélépipède, d'un rectangle. − LITURG. Côté de l'épître, de l'évangile. Partie droite, gauche de l'autel. − MAR. Partie latérale d'un bateau. Cf. bâbord, tribord. − MONNAIE et NUMISM. Endroit ou envers d'une pièce ou d'une médaille. La chute d'une pièce de monnaie sur son côté pile ou face pour décider de l'attribution d'un objet (Jeux et sp.,1968, p. 446). ♦ Emploi fig. Voilà le beau côté de la médaille, voici le revers (Stendhal, La Chartreuse de Parme,1839, p. 130).Toute médaille humaine a deux côtés (Sainte-Beuve, Port-Royal,1840, p. 327). − TANNAGE. Surface d'une peau d'animal : 6. Elle [la peau brute] présente deux faces :
− La face externe qui porte les poils et qui est appelée le côté poil (ou le côté fleur, plus spécialement sur le cuir fini);
− La face interne appelée côté chair.
J. Bérard, J. Gobilliard, Cuirs et peaux,1947, p. 19. − THÉÂTRE. Côté cour, côté jardin. Partie droite, gauche de la scène, par rapport au spectateur : 7. Simultanément, ils écartent les deux tapisseries. Petypon en tirant celle de gauche, côté jardin, Mongicourt celle de droite, côté cour.
Feydeau, La Dame de chez Maxim's,1914, I, 4, p. 8. − TYPOGR. Forme d'une feuille d'impression; p. méton., page imprimée. Côté de première, de seconde. Première, seconde page d'une feuille imprimée (cf. Carabelli, [Lang. de l'impr.]). B.− P. ext. 1. Limite d'un lieu ou d'une figure. a) CONSTR. Face quelconque d'un bâtiment ou d'une pièce d'appartement. Côté d'une chambre, d'une salle : 8. ... [les bâtiments du Palais-Bourbon] forment un quadrilatère irrégulier, dont les côtés ont chacun environ deux cents mètres de long et font face approximativement au nord, au sud, à l'est et à l'ouest. Une moitié du côté nord comprend la façade napoléonienne et le flanc des bâtiments du Palais-Bourbon lui-même (...). Cette orientation est conforme à la direction approximative est-ouest prise par la partie ouest du quai d'Orsay et à celle de la rue de l'Université, qui constituent respectivement les limites nord et sud du Palais. Mais la régularité du côté nord est brisée dans sa moitié est.
Lidderdale, Le Parlement fr.,1954, p. 136. b) GÉOM. Ligne quelconque délimitant une figure. Le carré (...) la figure dont les côtés sont égaux et les angles droits (Maine de Biran, Journal,1819, p. 231): 9. Si je me donne deux côtés d'un triangle et l'angle compris, le troisième côté surgit de lui-même, le triangle se complète automatiquement. Je puis, n'importe où et n'importe quand, tracer les deux mêmes côtés comprenant le même angle; il est évident que les nouveaux triangles ainsi formés pourront être superposés au premier, et que par conséquent le même troisième côté sera venu compléter le système.
Bergson, L'Évolution créatrice,1907, p. 216. 2. Limite imaginaire d'un espace naturel. a) [En parlant d'une partie de l'espace située de part ou d'autre d'une ligne concr. ou idéale qui partage un domaine] Partie. (Quasi-)synon. direction, espace, région.Quatre hommes venus de quatre côtés différents (Hugo, Rhin,1842, p. 118): 10. Les sapins qui couvrent le côté droit du fleuve [le Tessin] et qui regardent le nord jouissent de ce vent des Alpes; mais la végétation italienne du côté gauche doit en être retardée.
Michelet, Journal,1838, p. 262. 11. ... il y avait autour de Combray deux « côtés » pour les promenades, et si opposés qu'on ne sortait pas en effet de chez nous par la même porte, quand on voulait aller d'un côté ou de l'autre : le côté de Méséglise-la-Vineuse, qu'on appelait aussi le côté de chez Swann parce qu'on passait devant la propriété de M. Swann pour aller par là, et le côté de Guermantes.
Proust, Du côté de chez Swann,1913, p. 134. b) Au fig. Deux amis adossés font face à tous les côtés de l'horizon (Amiel, Journal,1866, p. 496).De quel étrange côté le cours de mes réflexions vient-il de dériver (Bourget, Sens mort,1915, p. 8). SYNT. a) Côté + subst.
α) Côté + terme du domaine de la géogr. naturelle. (L'autre) côté de la colline, du détroit, de l'eau, du fleuve, du fossé, du golfe, de la haie, du lac, de la mer, de la montagne, du ravin, de la rivière, du ruisseau, de la terre, du torrent, de la vallée, du vallon.
β) Côté + terme du domaine des voies de commun. (L'autre) côté du boulevard, du canal, du chemin, du pont, de la rue.
γ) Côté + terme du domaine de la géogr. hum. (L'autre) côté de la frontière, du village, de la ville.
δ) Côté + terme du domaine de la constr. (L'autre) côté de la barricade, de la barrière, de la cheminée, de la cloison, de la grille, du mur, de la muraille, du palier, de la porte, de la table, de la vitre. b) Côté + adj. Côté droit, gauche, occidental, opposé. c) Passer, tomber de l'autre côté. Mourir. Paf! (...) le voilà qui tombe de l'autre côté sans connaissance ([Leclair], Méditations hussard, 1809, p. xvij). Prendre la vie du bon côté. L'envisager sous un jour favorable, profiter des plaisirs de l'existence. II.− Emplois fig. Aspect sous lequel un être se laisse voir, angle sous lequel on le considère. A.− [À propos d'une pers.] (Quasi-)synon. apparence, trait psychologique.Petits côtés : 12. − En ne vous épousant pas, je sauvegarde notre amour. Le mariage est la fin de l'amour, cela est connu depuis Jéroboam. Je me lasserais de vous. Vous me gêneriez. Je vous apparaîtrais avec mes petits côtés.
Montherlant, Le Démon du bien,1937, p. 1256. B.− [À propos d'un inanimé abstr.] (Quasi-)synon. aspect, partie.Les côtés faibles de mon organisation (G. Sand, Lélia,1833, p. 295).Pour ne prendre qu'un des côtés de la question, au point de vue de la philosophie de l'histoire (Hugo, Ruy Blas,1838, p. 331): 13. ... nous ne devons ne jamais perdre de vue l'universalité de la conception socialiste... L'un saisit surtout le côté économique du socialisme; un autre, son côté moral et humain; un troisième, son côté politique. Dans la propagande et dans la législation, ces trois côtés doivent également valoir...
Jaurès, Ét. socialistes,1901, p. 82. 14. Il est essentiel à l'objet que je perçois qu'il se donne dans une multiplicité d'esquisses, de profils perspectifs; soit que je le fasse tourner, soit qu'il tourne lui-même devant moi, il offre une pluralité de « faces »; il n'est lui-même que l'unité de ces aspects retenus et anticipés. Or ma vie n'est point un objet qui se donne sous des faces différentes; je l'appréhende toujours du même côté ou plutôt elle est sans côté pour moi, et saisie sans perspective; en éprouvant ma vie, je saisis le centre même de perspective pour lequel il y a des perspectives différentes sur les choses; ...
Ricœur, Philos. de la volonté,1949, p. 386. SYNT. Côté artistique, charnel, chrétien, économique, financier, plaisant, ridicule, vulnérable; beau, bon, petit côté. III.− Loc. adv. et prépositives A.− À côté, loc. adv. [Correspond à côté I B 2] 1. À proximité, tout près. Être assis, marcher, passer à côté; placer à côté. À côté, sous le chaudron noir, pétillait un fagot de sarments (Bosco, Mas Théot.,1945, p. 87). − En partic. Dans la pièce voisine. Conduis ces hommes à côté, petit (Anouilh, Antig.,1946, p. 172). 2. Spécialement a) À proximité, en manquant un objectif. Ils s'affolent en tirant. Neuf fois sur dix, ils passent à côté (Druon, Gdes fam.,t. 2, 1948, p. 100): 15. ... ils interprètent à contre sens la classification de Comte. Ou plus exactement, plutôt à faux sens, à sens tout à fait à côté. Tout à fait autre. Tout à fait étranger.
Péguy, Victor-Marie, Comte Hugo,1910, p. 816. − Emplois métaph. et fig. Est-ce que ce n'est pas assez faux chic, assez snob à côté, ces Sagan? (Proust, Guermantes 1,1920, p. 244).Ravel (...) ce goût de la « note à côté » (Roland-Manuel, Ravel,1938, p. 88). b) En revanche, par comparaison. Il s'agit du destin d'un empire? Qu'est le vôtre à côté? (Hugo, Ruy Blas,1838, III, 5, p. 408): 16. Gaspard, quand il songeait à son affection pour Burette, pensait un peu des autres, ses semblables, même de Moreau : « Ceux-là à côté, crotte de bique! »
Benjamin, Gaspard,1915, p. 54. c) En dehors, en plus. Une occupation, un travail à côté. Rem. À-côté, subst. masc. (souvent au plur.) est attesté a) ds la docum. avec le sens de « détail secondaire, aspect superficiel d'une réalité ». En général nous n'avons de prise que sur le pourtour anecdotique, sur les à-côtés et les à-propos, et nous conversons de choses et d'autres à grand renfort de périphrases. Tout le monde est à côté de la question! (Jankélévitch, Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 65); b) dans le lang. fam. avec celui de « supplément de salaire en nature ou en espèces ». Synon. appoint. Se faire des à-côtés. Sens attesté par Rob. et Lar. Lang. fr. B.− À côté de, loc. prép. [Correspond à côté I B 2] 1. Auprès de. J'aurai vécu dix ans (...) à côté de lui (Queffélec, Recteur,1944, p. 20). SYNT. À côté du cadavre, du chauffeur, du cocher; à côté du lit, du poêle, de la porte, de la source, de la voiture; être assis, marcher, passer, vivre à côté de; placer à côté de. − Au fig. Le pauvre qui souffre à côté de vos fêtes (Hugo, Feuilles automne,1831, p. 780). 2. Spécialement a) En dehors de (en manquant un objectif). Donner, passer, viser à côté de. Cet homme, si déraisonnablement installé à côté de la vérité (Lhote, Peint.,1942, p. 152).En dehors de la question, à côté de l'unique chose capitale (Jankélévitch, Je-ne-sais-quoi,1957,p. 65: 17. Quand les docteurs en Sorbonne consacrent de longues pages hérissées de notes aux sources d'inspiration d'un écrivain, j'imagine qu'ils doivent presque toujours passer à côté de telles petites sources essentielles que le poète fut seul à connaître.
Mauriac, Journal 3,1940, p. 228. b) En comparaison de : 18. Mais qu'est-ce que l'étendue de la voie lactée et des plaines bleues et de la mer à côté de celle qu'offre la nuit au cœur des pierres quand l'architecte a su les remplir de silence?
Saint-Exupéry, Citadelle,1944, p. 575. c) En plus de. L'instinct, créant, à côté de nos besoins réels, des besoins imaginaires (Gaultier, Bovarysme,1902, p. 40).Mais à côté de cette mémoire il en existe une autre (Benda, Fr. byz.,1945, p. 192). d) De même valeur que : 19. Kant, critiquant le saut ontologique, disait que l'existence n'est pas un attribut à côté des autres, ni un prédicat entre autres : ...
Jankélévitch, Je-ne-sais-quoi,1957, p. 97. Rem. On rencontre ds la docum. au(x) côté(s) de, loc. prép. Auprès de. Marcher au côté d'une jolie fille (Montherl, J. filles, 1936, p. 1023). Au fig. Combattre aux côtés de. Pour demeurer belligérants aux côtés des Alliés (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p. 482). C.− De côté, loc. adv. 1. [Correspond à côté I A] a) Obliquement, en biais. Le cou tendu de côté, la tête penchée obliquement (Pergaud, De Goupil,1910, p. 228). − En part. À propos du regard (souvent péj. et en emploi fig., avec une idée de soupçon, d'hypocrisie, d'embarras ou de complicité). Jetant de côté sur la fille des coups d'œil ardents et irrités (Rolland, J.-Chr.,Le Buisson ard., 1911, p. 1296).Son air grognon et faux, regardant de côté (Montherl., Démon bien,1937, p. 1281). b) Sur la droite ou sur la gauche. Le cheval du milieu et celui de côté partirent au grand galop (Flaubert, Correspondance,1833, p. 9).Une abondante chevelure que partageait une raie de côté (Alain-Fournier, Meaulnes,1913, p. 111). 2. [Correspond à côté I B 2 b] a) À l'écart. Laisser, mettre de côté. Abandonner, mettre au rebut : 20. Les grandes personnes m'ont conseillé de laisser de côté les dessins de serpents boas ouverts ou fermés, et de m'intéresser plutôt à la géographie, à l'histoire, au calcul et à la grammaire. C'est ainsi que j'ai abandonné, à l'âge de six ans, une magnifique carrière de peintre.
Saint-Exupéry, Le Petit Prince,1943, p. 412. b) En réserve. Mettre de côté. Ranger, mettre en sûreté. J'ai mis de côté votre veste. Vous l'aviez oubliée (Bosco, Mas Théot.,1945, p. 250).Mettre (de l'argent) de côté. Épargner, faire des économies. 3. [Correspond à côté I B 2] De travers, à l'écart. Aux cabinets, ce petit saligaud s'installe de travers et pousse sa crotte de côté (Gide, Journal,1943, p. 201).Des soldats repoussent de côté la pierre qui en bouche l'entrée (Sartre, Mouches,1943, I, 5, p. 38).Se jeter de côté. Faire un écart. − ÉQUIT. Porter de côté. ,,Faire décrire aux membres antérieurs et postérieurs d'un cheval deux pistes parallèles`` (Lar. encyclop.) : 21. ... le petit cheval, avec un bruit de chaîne, passa sa tête par-dessus le bout du brancard et, pour tourner, se porta de côté sur ses jambes roidies. La charrette démarra.
Châteaubriant, M. des Lourdines,1911, p. 256. D.− De mon (ton, son, etc.) côté, loc. adv. [Correspond à côté I B 2] 1. En (ou de) ma (ta, sa etc.) direction. Aller chacun de son côté. L'ange gardien, faisant un pas de son côté (Claudel, Soulier,1944, 1repart., 1rejournée, 12, p. 984). 2. Avec, pour moi (toi, soi, etc.). J'admire comme on peut mentir en mettant la raison de son côté (Sartre, Nausée,1938, p. 24).Avoir, mettre les rieurs de son côté. Se donner le beau rôle, au détriment d'une autre personne. − Empl. en syntagme autonome. Quant à moi (toi, soi, etc.). E.− De tout côté, de tous (les) côtés, loc. adv. 1. [Correspond à côté I B 2] a) [Avec idée de mouvement centrifuge] Dans toutes les directions, partout. Courir, regarder, se répandre de tout côté/de tous (les) côtés. Je courais de tous côtés, frappant aux boutiques et criant : Du vin! Du vin! (Musset, Confess. enf. s.,1836, p. 79). b) [Avec idée de mouvement centripète] De toutes parts, de partout. Arriver, pleuvoir, surgir de tous côtés. De tous côtés arrivaient des hommes encore tout tremblants (Musset, Confess. enf. s.,1836p. 8). c) [Sans idée de mouvement] Partout, tout autour : 22. J'étais à table, à un grand souper, après une mascarade. Autour de moi mes amis richement costumés, de tous côtés des jeunes gens et des femmes, tous étincelants de beauté et de joie; à droite et à gauche des mets exquis, des flacons, des lustres, des fleurs; au-dessus de ma tête un orchestre bruyant, et en face de moi ma maîtresse, créature superbe que j'idolâtrais.
Musset, Confess. enf. s.,1836p. 27. 2. [Correspond à côté I A] S'en aller de tous les côtés. Tomber en décrépitude : 23. Hier, tournée. MmePaul. Certains muscles paralysés, ceux qui retiennent, de sorte qu'elle s'en va de tous côtés, la pauvre femme.
Renard, Journal,1904, p. 903. 3. [Correspond à côté II] Sous tous les aspects. J'aimais cette incertitude et que l'histoire m'échappât de tout côté (Sartre, Mots,1964, p. 42). F.− D'un côté... d'un autre côté, d'un côté... de l'autre, loc. adv. D'une part... d'autre part. 1. [Correspond à côté I B 1] :
24. Rien n'égalait le vague de ce paysage, perdu d'un côté vers le large marin, de l'autre à l'horizon brumeux des landes dans une poussière de perle.
Gracq, Un Beau ténébreux,1945, p. 23. 2. [Correspond à côté I B 2] :
25. Le roman, entend-on couramment répéter, se sépare actuellement en deux genres bien distincts : le roman psychologique et le roman de situation. D'un côté, ceux de Dostoïevski, de l'autre, ceux de Kafka.
N. Sarraute, L'Ère du soupçon,1956, p. 9. Rem. On relève ds la docum. et ds les dict. la loc. adv. de côté et d'autre. En (ou de) divers endroits. G.− Du côté de, loc. prép. 1. [Correspond à côté I B 2] a) Dans (ou de) la direction de, vers. − Du côté de + subst. hum. Actrice (...) que son goût ne passait pas pour porter surtout du côté des messieurs (Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 903). − Du côté de + subst. inanimé concr. Shade (...) louchait tous les trois pas du côté des trous de la barricade (Malraux, Espoir,1937, p. 593). − Du côté de + subst. inanimé abstr. Certains [des franciscains] sont allés du côté de la nature (...). Certains sont allés du côté de l'évangile éternel (Barrès, Cahiers,t. 12, 1919-20, p. 215).Trouver un recours du côté des États-Unis (De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 250). b) Auprès de, à proximité de. Un autre cortège se forme du côté de la cathédrale (Bernanos, Dialog. Carm.,1948, 4etabl., 10, p. 1676). c) Dans le parti de, dans le camp de. Du côté (de) + subst. ou adj. Le « mysticisme », aujourd'hui, est du côté de ceux qui font profession d'athéisme (Gide, Journal,1933, p. 1181). SYNT. Du côté du château, du dos, de l'église, de l'épître, de l'évangile, de la fenêtre, de la forêt, des halles, de la mer, de la montagne, du moulin, de la plaine, de la porte, de la rue, du soleil, de la terre, du village; du côté français, opposé; du côté des (plus) forts. − Être, se mettre du côté de. Dans le parti de. Être porté du côté de. Avoir un penchant pour. Être du côté du manche (fam.). Choisir le parti avantageux. Le chef tâchait d'être du côté du manche (Gide, Retour Tchad,1928, p. 984).Du côté de chez + n. propre. Vers la demeure de (cf. supra ex. 11). 2. [Correspond à côté I A] Au fig. Dans la famille de, dans la parenté de. Du côté (de) + subst. ou adj. Du côté des Clodius, on est peu patient (Bosco, Mas Théot.,1945, p. 147).Il avait les nerfs si fragiles! Il tenait trop du côté de sa mère (Druon, Gdes fam.,t. 2, 1948, p. 125). 3. [Correspond à côté I B 1] Dans la direction de, donnant sur. Nous débouchons devant l'habitation, côté nord (Mauriac, Journal 2,1937, p. 106).Les façades [de la Bibliothèque nationale] côté cour d'honneur et côté rue Richelieu (Cain, Transform. Bibl. nat. de 1936 à 1959,1959, p. 43). SYNT. Du côté du midi, du nord, de l'occident, de l'orient, de l'ouest, du sud. 4. [Correspond à côté II] Sous l'aspect de, relativement à. a) Du côté (de) + subst. animé concr. ou adj. Du côté cœur? (...) Jusqu'à présent, ça tient à peu près (Martin du G., Thib.,Épil., 1940, p. 888). b) Du côté (de) + subst. inanimé abstr. ou adj. Fort mal partagé du côté de la fortune et médiocrement du côté de l'esprit (Michelet, Mémor.,1820-22, p. 201): 26. Du côté chimie peu d'espoirs car après tout il n'y connaissait rien mais du côté théâtre il pouvait récolter quelques figurations : ...
Queneau, Loin de Rueil1944, p. 142. Rem. Comme en témoignent plusieurs ex., on rencontre souvent du côté de sous la forme ell. du côté ou même côté, notamment dans la lang. familière. Prononc. et Orth. : [kote]. Pour [o] et [ɔ] cf. côte1. Enq. : /kote/. Ds Ac. 1694 et 1718 dans l'anc. forme costé; ds Ac. 1740-1932 sous la forme moderne. Distinguer au sing. au côté pour désigner un côté déterminé, ex. : il portait un poignard au côté gauche et, au plur. aux côtés de en parlant d'une pers., ex. : je voudrais travailler à ses côtés, aux côtés de lui. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 « partie latérale de la cage thoracique; partie latérale du corps entier » (Roland, éd. J. Bédier, 1066); fin xiies. en costé « à côté, à proximité (d'une personne) » (Doon de Nanteuil, 45 ds T.-L.); 2. ca 1260 « partie latérale de quelque chose (ici fig.) » (Rutebeuf, éd. Faral et Bastin, XXXIV, 107); 3. xiiies. [ms.] géom. (Comput, fo17 ds Littré); 4. 2emoitié xives. « partie d'une chose par opposition à une autre partie » (Froissart, Chroniques, éd. S. Luce, 164, 24); 1409 fig. « ensemble de personnes par opposition à d'autres, parti » (Bouciq., I, 32 ds Littré); 1664 « aspect de quelque chose » (La Rochefoucauld,
Œuvres, éd. A. Regnier, t. 1, p. 301); 5. 1580 a costé « à proximité » (Montaigne, Essais, livre 1, chap. 47); 1690 à costé de (Fur.); 6. 1283 de costé « en ligne indirecte (d'un héritage) » (Ph. de Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, chap. 13, § 446); 1690 regarder de côté (Fur.); 1787 laisser de côté (Fér. Crit. t. 1). Du lat. vulg. *costatum (que l'on peut restituer d'apr. les correspondants romans REW3, no2280), dér. de costa (côte1*); cf. l'adj. lat. class. costatus attesté par Varron au sens de « qui a de bonnes côtes, c'est-à-dire vigoureux, en parlant de bœufs ». Fréq. abs. littér. : 32 394. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 46 659, b) 52 997; xxes. : a) 41 814, b) 44 410. Bbg. De Gorog (R. P.). The Medieval French prepositions and the question of synonymy. Philol. Quart. 1972, t. 51, no2, p. 349, 354. − Gottsch. Redens. 1930, passim. − Quem. 2es. t. 3, 1972; Fichier. − Stefenelli (A.). Der Synonymenreichtum der altfranzösischen Dichtersprache. Wien, 1967. − Wagner (R.-L.). Les Sens du subst. fr. côté. In : [Mél. Reid (T. B.)]. Oxford, 1972, pp. 245-256. |