| BÂILLON, subst. masc. A.− Morceau de bois ou de fer, tampon d'étoffe que quelqu'un introduit de force dans la bouche d'une personne qu'il veut empêcher de parler ou de crier; morceau d'étoffe noué sur la bouche avec la même intention. Mettre un bâillon à une personne (Ac. 1798-1878) : 1. Il s'était vu saisi par des domestiques, garrotté, conduit dans une cave avec un bâillon dans la bouche.
Stendhal, Le Rouge et le noir,1830, p. 335. 2. Elle scia péniblement les cordes de ses poignets, trancha celles qui lui garrottaient les bras, les jambes, et, avant même de se débarrasser de son bâillon, délivra pareillement sa compagne.
Pourrat, Gaspard des Montagnes,Le Pavillon des amourettes, 1930, p. 238. − P. métaph. : 3. Les vents sont en panne et le ciel est vide! Nous allons nous taire pour longtemps. Mais une dernière fois avant que nos bouches se ferment sous le bâillon de la terreur, nous crierons dans le désert.
Camus, L'État de siège,1948, p. 227. − Au fig. Obstacle à la liberté d'expression. Mettre un bâillon à qqn (Ac. 1835-1932), mettre un bâillon à la presse (Lar. 19e, Quillet) : 4. ... nous n'avons à dire qu'une seule chose c'est que rien ne nous importe, excepté de la servir [la France]. Nous avons à la libérer, à battre l'ennemi, à châtier les traîtres, à lui conserver ses amis, à arracher le bâillon de sa bouche et les chaînes de ses membres pour qu'elle puisse faire entendre sa voix et reprendre sa marche au destin.
De Gaulle, Mémoires de guerre,1956, p. 125. − En partic. Mettre un bâillon d'or à qqn. : ,,Acheter son silence`` (Nouv. Lar. ill., Lar. 20e). B.− P. anal. Objet qui maintient la bouche ouverte ou fermée, qui en interdit l'usage. 1. Petit panier adapté au nez d'un animal pour l'empêcher de mordre. Synon. muselière*. − Spéc., ÉLEV. Panier adapté au nez d'un veau de lait pour qu'il ne puisse pas têter. 2. PÊCHE ,,Instrument conçu pour éviter une morsure lorsqu'on décroche un brochet récemment capturé, en maintenant sa gueule grande ouverte. Pour d'autres gros poissons, il permet de dégager aisément un hamecon profondément engamé avec le concours du dégorgeoir`` (Pollet 1970). 3. MÉD. VÉTÉR., MÉD., etc. a) Instrument servant à tenir ouverte la bouche d'un sujet malade, pour atteindre le fond de sa gorge, permettre la déglutition : 5. La déglutition et la rumination s'arrêtent et l'animal présente un facies anxieux, essayant en vains efforts d'avaler ou de rejeter le corps étranger. Quand toutes les médications ont échoué, il faut tenter l'intervention qui consiste à placer un bâillon dans la bouche et, par son orifice, introduire une sonde assez grosse pour effectuer des poussées sur l'obstacle.
E. Garcin, Guide vétér.,1944, p. 21. b) ,,Bandeau ou objet de forme appropriée placé sur la bouche en orthopédie dento-faciale, pour obliger un sujet présentant une respiration buccale à respirer par le nez`` (Méd. Biol. t. 1 1970). PRONONC. − 1. Forme phon. : [bɑjɔ
̃]. 2. Homon. : (nous) bâillons, (nous) bâillions. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1462 « objet que l'on met dans ou sur la bouche pour empêcher de parler ou de crier » (A.N. JJ 198, fo303 vodans Gdf. Compl. : Ledit Anthoine print ung baillon de bois et le jecta a l'encontre d'icelui); 2. 1690 au fig. (Fur. : On dit figurément, qu'on met un bâillon en la bouche de quelqu'un, quand on le corrompt par argent, ou par quelque autre voye, pour l'empêcher de parler, de dire ce qu'il sçait d'une affaire, dont on apprehende que le secret ne se decouvre).
Dér. de bâiller* (parce que le bâillon tient la bouche ouverte); suff. -on1*. STAT. − Fréq. abs. littér. : 76. |