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BUTINER, verbe intrans. et trans.
I.− Emploi intrans., vieilli. Faire du butin sur l'ennemi :
1. Les Barbares butinèrent jusque sous les murs de Constantinople d'où Rufin sortit en habit goth pour parlementer avec eux. Chateaubriand, Ét. hist.,1831, p. 267.
− P. métaph. Prendre par-ci par-là. Synon. grapiller, marauder, chaparder :
2. Libre et sans famille, résolu à ne point prendre de femme légitime, je passais tantôt trois mois avec l'une, tantôt six mois avec l'autre, puis un an sans compagne en butinant sur la masse des filles à prendre ou à vendre. Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, L'Ermite, 1886, p. 1055.
Rem. Dans cet emploi le verbe peut être trans. : butinant des pensées [fleurs] au sein des bois et des bruyères (Balzac, Le Lys dans la vallée, 1836, p. 117).
II.− Emploi trans. ou intrans. [En parlant d'abeilles] Voler de fleur en fleur pour en amasser le pollen. L'abeille butine le miel, le pollen, les fleurs ou sur les fleurs :
3. Il [le chasseur d'abeilles] ne se trompe ni sur l'abondance des luzernes, des trèfles et des sainfoins, ni sur la pousse des arbres fruitiers, ni sur la sortie des bruyères et des ajoncs dans les landes, toutes plantes qui offrent des floraisons successives, sur lesquelles les abeilles commencent à butiner. Pesquidoux, Chez nous,1923, p. 40.
− P. métaph. [Ds le domaine intellectuel ou artistique] Chercher ça et là et accumuler des idées, des objets, des documents. Butiner dans une œuvre littéraire. Le lecteur avait butiné çà et là une pensée, une idée, une anecdote (Sue, Atar Gull,1831, p. 20):
4. Ce matin, après avoir butiné quelque peu dans les œuvres et les lettres de Lord Byron − et dans cette vivid, all alive biographie que m'a prêtée Maurois... Du Bos, Journal,1924, p. 105.
Rem. Sauf indications du cont., il est parfois difficile, dans des œuvres du xixes., de décider s'il s'agit de l'emploi métaph. de I ou de II.
PRONONC. : [bytine], (je) butine [bytin].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1350 « partager ce qu'on a pris sur l'ennemi » (G. de Charny, Livre de Chevalerie, ms. Bruxelles, fo65 vodans Gdf. Compl.); 1513 « prendre comme butin, piller » (Lemaire de Belges, Illustrations de Gaule, III, 2 [II, 417] dans Hug.); 1547 fig. (Rabelais, Le Tiers Livre, éd. Marty-Laveaux, Paris, 1870, II, 64); 2. 1718 p. anal. (Ac. : On dit fig. & poëtiq. que les Abeilles vont butiner sur les fleurs). Dér. de butin*; dés. -er.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 45.
DÉR. 1.
Butinage, subst. masc.Action de butiner. Une partie du peuple [des abeilles] renonce au butinage pour se consacrer aujourd'hui à l'œuvre de justice (Maeterlinck,La Vie des abeilles,1901, p. 249.− [bytina:ʒ]. − 1resattest. a) 1380-82 « action de faire du butin » (Froissart, X, 63 dans IGLF Litt.) − 1476 (FEW t. 15, 2, p. 32 b); b) 1901 « action de butiner (d'un insecte) », supra; dér. de butiner, suff. -age*. − Fréq. abs. littér. : 1.
2.
Butinement, subst. masc.Action de butiner dans son résultat. − Seule transcr. dans Littré : bu-ti-ne-man. − 1reattest. 1552 (R. Estienne, Dict. lat.-franç., Paris, s.v. spoliatio) − 1660 (Oudin, Fr.-esp.); repris par Littré; dér. de butiner, suff. -ment1*.