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BUIS, subst. masc.
A.− BOT. Arbuste ornemental à feuilles persistantes, d'un vert foncé luisant, et à odeur amère. Grand buis, buis nain, bordure de buis :
1. Puis, au bas, un second parterre s'étendait, coupé de buis puissants comme des chênes, d'anciens buis corrects, autrefois taillés en boules, en pyramides, en tours octogonales, aujourd'hui débraillés magnifiquement, avec de grands haillons de verdure sombre dont les trous montraient des bouts de ciel bleu. Zola, La Faute de l'Abbé Mouret,1875, p. 1351.
RELIG. CATHOL. Branche, rameau de buis (bénit) ou absol. buis. Brin de buis bénit le jour des Rameaux et servant à garnir les crucifix, à jeter de l'eau bénite sur les défunts. Le buis cher aux fidèles (Sainte-Beuve, Poésies,1829, p. 93):
2. Dimanche des Rameaux. Malgré son prussianisme et son imbécillité, notre curé ne laisse pas d'être prêtre et de solenniser ce jour de façon touchante, avec des ressources misérables. Attendri, je rapporte à la maison un humble bouquet de feuilles de houx, de ramuscules de sapin et de buis bénit. Je me demande ce que pourrait être ce souvenir du dimanche des Palmes au Groenland, s'il y avait là une église catholique. Bloy, Journal,1899, p. 311.
3. Une demi-heure plus tard, des bougies brûlaient aux deux extrémités du lit; un rameau de buis trempait ses feuilles sèches dans une soucoupe. (...), le cadavre de Jean de La Monnerie reposait, (...). Mmede La Monnerie entra dans la pièce, haute, le pas assuré. Elle approcha du lit, agita quatre fois le rameau de buis au-dessus de son mari, dit d'un ton de constatation : Il a bonne mine. Et ressortit. Druon, Les Grandes familles,t. 1, 1948, p. 51.
B.− P. ext. Bois de cet arbuste, caractérisé par sa couleur jaune, sa dureté, son grain fin, et utilisé en ébénisterie, gravure, etc. Un gros peigne de buis (Baudelaire, Salon,1846, p. 134);une coupe taillée dans le buis (Lamartine, Cours fam. de litt.,40eentretien, 1859, p. 283).
P. méton. Objet en buis :
4. Au moins un rustique pipeau A-t-il chassé l'ennui de ton rocher sauvage? Tiens, veux-tu cette flûte? Elle fut mon ouvrage. Prends. Sur ce buis fertile en agréables sons Tu pourras des oiseaux imiter les chansons. Chénier, Bucoliques,1794, p. 186.
C.− P. anal. De buis. D'une matière, d'une couleur ou d'une résonance qui rappelle celle du buis. Une troupe d'enfans à peau d'ébène, d'ivoire, de buis ou de cuivre (P. Borel, Champavert,Three Fingered Jack, L'Obi,1833, p. 85);ces vieilles au menton de buis jaune sous leurs coiffes serrées (A. Daudet, Sapho,1884, p. 141);d'une voix de buis, beaucoup plus basse (L. Daudet, Salons et journaux,1917, p. 152).
P. métaph., fam. Tête de buis. (Quasi-)synon. de entêté, tête de bois(cf. R. Martin du Gard, Le Testament du Père Leleu, 1920, p. 1142; La Gonfle, 1928, III, 3, p. 1235).
PRONONC. : [bɥi]. La forme bouis (Ac. 1798, Ac. Compl. 1842, Land. 1834, Littré) est ancienne cf. infra.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1160-70 buis désigne le bois (Thomas, Tristan, 1787 dans T.-L.); xiiies. bois (Pyrame et Thisbé, 176, ibid.), forme attestée jusqu'en 1443, Compt. du temple dans Gdf. Compl.; 1680 spéc. technol. (cordonnerie) bouis (Rich.); 2. 1360 buix désigne la plante (Le propriétaire des choses, 1. 17, ch. 20 dans Gay); 1471 bouys (Inv. du roi René à Angers, ibid.); xves. buys benoit (Gloss. Lille, 39a dans T.-L.). L'a. fr. bois est issu du lat. bŭxus « buis » désignant d'abord l'arbuste (Ennius dans TLL s.v., 2263, 62) puis le bois (Virgile, ibid., 2263, 82) et l'objet fait en buis (Virgile, ibid., 2264, 9); v. aussi André Bot. Buis est issu soit de bŭxus, *boysus, par action fermante de y (avec peut-être infl. de buisson*), soit de bŭxeus, forme adjectivée. Bouys (1471) est issu de buis, [ẅi] ayant dès la fin du xiiies. tendance à passer à [wi] (Fouché, p. 405).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 417. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 413, b) 730; xxes. : a) 834, b) 527.
BBG. − Delaigue (J.). Les N. d'arbres dans la topon. de la Hte Loire. Almanach de Brioude. 1962, t. 42, pp. 156-158. − Gottsch. Redens. 1930, p. 253. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 32. − Meunier (J.M.). Qq. étymol. du dict. gén. de la lang. fr. (fuir, puits, buis). B. de la Sté Nivernaise des Lettres, Sc. et Arts. 1926, p. 7. − Richter (É.). Etymologisches. Boche. Z. fr. Spr. Lit. 1919, t. 45, p. 129. − Spitzer (L.). Span. dibujar « zeichnen » = afrz. deboisser. Z. fr. Spr. Lit. 1919, t. 45, p. 376.