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BRUTE, subst. fém.
A.− Animal considéré dans ce qu'il a de plus primitif et de plus éloigné de l'homme et plus encore de l'esprit ou de l'ange (cf. brut I A 1) :
1. Ainsi les besoins et les appétits humains, tout analogues qu'ils sont à ceux de la brute, en diffèrent profondément. La bête n'a point de passion; ce qu'il y a de bestial en l'homme réclame au contraire tout ce qu'exige la raison et la volonté, une infinie satisfaction. M. Blondel, L'Action,1893, p. 177.
2. L'ange, non pas moins que la brute, vit entre deux infinis qui l'oppressent, l'infiniment petit, l'infiniment grand. Toulet, Almanach des trois impostures,1920, p. 135.
P. ext. La brute ancestrale. L'homme primitif, l'homme des cavernes. Éveiller en moi l'esprit rudimentaire de la brute ancestrale, de l'homme des cavernes dont je descends (P. Bourget, Le Disciple,1889, p. 172).
P. métaph. Le côté animal qui subsiste dans l'homme :
3. Cette peur du sang, c'est l'instinct secret qu'au premier sang versé, la bête délirera; le masque du civilisé tombera, la brute montrera son mufle aux crocs féroces, et Dieu sait alors qui la pourra museler! Rolland, Jean-Christophe,Le Buisson ardent, 1911, p. 1314.
B.− Au fig. Personne dont le comportement (violence, sensualité effrénée), le manque d'intelligence et de culture, l'absence de sensibilité et de règles morales font penser à un animal (cf. brut I A 2). C'est une brute (une vraie brute) (Ac. 1835-1932, Littré, Lar. 19e). Au point de vue moral, cette fille est une brute (Larbaud, A. O. Barnabooth,1913, p. 171):
4. Il [Pache] était le souffre-douleur de l'escouade, en compagnie de Lapoulle, le colosse, la brute poussée dans les marais de la Sologne, si ignorant de tout, que, le jour de son arrivée au régiment, il avait demandé à voir le roi. Zola, La Débâcle,1892, p. 24.
5. Vous verrez dans Gorki, en tournant ces tristes pages, que ce grand-père qui fouettait si cruellement son petit-fils, n'était pourtant pas une brute insensible. Alain, Propos,1921, p. 312.
Expressions
Travailler comme une brute. Travailler avec acharnement, sans répit (cf. Aragon, Les Beaux-quartiers, 1936, p. 290).
Dormir comme une brute. Dormir d'un sommeil particulièrement épais :
6. ... le mieux serait d'aller se coucher. Seulement, j'ai dormi comme une brute la nuit dernière et je n'ai pas sommeil. Sartre, La Nausée,1938, p. 29.
On n'est pas des brutes! (fam.). On n'est pas insensible (cf. Aymé, La Tête des autres, 1952, p. 159).
C.− [Souvent en constr. exclamative] Injure. Synon. de bête, idiot, butor :
7. « Tu ne sens donc pas que nous sommes en république, triple brute? » Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Un Coup d'état, 1882, p. 178.
8. − Brute! lourdaud! qui t'a dit de partir! Crois-tu que je ne suis plus ton maître? Et d'un geste à Arcangeli : − Prends la place de ce butor; lui cria-t-il; ... Bourges, Le Crépuscule des dieux,1884, p. 32.
Rem. Brute est souvent dans ce sens précédé de triple ou de l'art. défini, ou suivi de l'adj. épaisse. Brute épaisse (Proust, La Fugitive, 1922, p. 605).
PRONONC. : [bʀyt].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1547 brut masc. « animal » (Michel d'Amboyse, trad. de Fregoso, Le Ris de Democrite, XII, 43 vodans Hug.); 2emoitié xvies. brute masc. (Jean de La Taille, Chansons dans Hug.); 1669 brute fém. (Pascal, Pens., I, 2 dans DG). Substantivation de l'adj. brut*.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 1 463. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 275, b) 2 270; xxes. : a) 3 371, b) 1 888.
BBG. − Gottsch. Redens. 1930, p. 27.