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BRUNIR, verbe.
I.−
A.− Emploi trans.
1. Vx ou littér. Rendre sombre, obscurcir. Dans la chambre, la nuit commençait de brunir la lumière (Malègue, Augustin,t. 2, 1933, p. 481).
2. Rendre brun. De grandes armoires de chêne, brunies par la fumée (Nerval, Le Marquis de Fayolle,1855, p. 92).
Au fig. :
1. Le reste de ses jours est bruni par une ombre : Après un jour divin, mon père, tout est sombre! ... Lamartine, Jocelyn,1836, p. 764.
[L'obj. est fréquemment la peau] Synon. de bronzer, hâler.Une légion (...) brunie aux figures par le soleil éthiopien (Adam, L'Enfant d'Austerlitz,1902, p. 194).
Spéc., MÉTALL. Brunir le fer. Lui faire subir un traitement le rendant plus brun.
B.− Emploi intrans. ou plus rarement pronom. réfl.
1. Vx, littér. Devenir sombre :
2. Je vous en prie, remettez-vous, tête et cœur; ne brunissez pas davantage, que je vous trouve belle de santé, vermeille comme l'aurore, non pour me plaire davantage, mais pour me faire plus de bonheur. Vous trouver malade serait un chagrin pour votre amie. E. de Guérin, Lettres,1838, p. 186.
2. Devenir brun. Les chardons commençant à brunir (M. Rollinat, Les Névroses,1883, p. 175).
[Gén. en parlant de la peau d'une pers.] Synon. (se) bronzer, (se) hâler :
3. Il paroît que l'influence des rayons solaires détermine jusqu'à un certain point la coloration de la peau de l'homme; elle est blanche dans les pays tempérés; elle brunit de plus en plus dans les pays chauds; enfin, elle devient noire dans les contrées brûlantes de l'Afrique et de l'Asie. Cuvier, Leçons d'anat. comp.,t. 2, 1805, p. 549.
4. Son teint était hâlé; on lui voyait un duvet doré sur les joues; et quand il riait, des fossettes se creusaient profondément, laissant ensuite de petites lignes sur la peau. − Hein! dit-il fièrement. Je me suis bien bruni au soleil. C'est à Arcachon où j'ai passé le mois de septembre avec mon oncle Marc, ... Lacretelle, Silbermann,1922, p. 11.
II.− ORFÈVR., emploi trans. Rendre la surface d'un métal lisse et brillante par le poli. Brunir de l'or, de l'argent, des couverts. Le prince Gabrifli (...) brunit les duretés d'une eau-forte (E. et J. de Goncourt, Journal,1867, p. 374).
PRONONC. : [bʀyni:ʀ], (je) brunis [bʀyni].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. a) Ca 1100 part. prés. adjectivé brunissant « poli, qui brille » (Roland, éd. Bédier, 1664); fin xiies. brunir « être brillant » (Mort Garin, 151 dans T.-L.) − 2emoitié xiiies., R. de Blois, Beaudous, 2662, ibid.; b) ca 1160 « polir, rendre brillant par le poli » (Wace, Rou, I, 261, ibid.); 2. a) 1538 « rendre brun » (Est.); b) 1557 part. prés. adjectivé (œil) brunissant « qui devient brun, sombre » (O. de Magny, Les Souspirs, sonnet 96 dans Hug.); 1690 brunir « devenir brun » (Fur.). Dér. de brun* adj.; dés. -ir.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 48.
BBG. − Eyraud (D.). Vive la lang. Vie Lang. 1969, p. 204.