| BROUTER, verbe trans. A.− [Le suj. désigne un mammifère herbivore] Manger l'herbe, les jeunes pousses, les feuilles des arbres en les arrachant sur la plante, sur l'arbre même : 1. Les harmonies animales du blé consistent principalement dans la longueur de ses feuilles, dans la souplesse et la tendreté de ses tiges qui invitent tous les animaux pâturants à les brouter, et même à y faire leur litière.
Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 55. 2. Et l'animal sans mains broute au hasard, s'attachant à l'herbe par les dents.
Claudel, La Jeune fille Violaine,2eversion, 1901, I, p. 588. ♦ Absolument : 3. Deux chèvres y broutaient, qui s'enfuirent à mon approche, me laissant maître de la place, où je m'assis auprès de jeunes aunes qui croissent en ce lieu.
Toepffer, Nouvelles Genevoises,1839, p. 334. ♦ Proverbe. Où la chèvre est attachée, il faut qu'elle broute. Il faut savoir accepter l'état, la situation où l'on se trouve. B.− P. métaph. [En parlant de mécanisme, d'outils] Fonctionner de façon saccadée et irrégulière : 4. Le quarz [qui entre dans la composition de la pâte] est grillé(...) puis(...) finement broyé dans les moulins à blocs poussés qui broutent et sautent beaucoup.
A. Brongniart, Traité des arts céramiques,1844, p. 150. 5. Elles [les vibrations] font brouter les outils.
R. Champly, Nouv. encyclop. pratique,t. 1, 1927, p. 248. PRONONC. ET ORTH. : [bʀute], (il) broute [bʀut]. Buben 1935, § 23, rappelle que brouter (germ. *brustjan) fait partie des mots dans lesquels ,,la suppression d'un son n'est pas indiquée par l'accent sur la voyelle``. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1165-70 broster « manger sur place l'herbe ou les feuilles des arbres » (B. de Ste-Maure, Troie, 13386 dans T.-L.); ca 1223 broutter (G. de Coincy, Mir-Vierge, 402, 90, ibid.); ca 1275 brouter (J. de Meung, Rose, 20879, ibid.); 2. 1803 « sautiller (du rabot) » (Boiste).
Dér., avec dés. -er, de l'a. fr. brost « jeune pousse d'arbre » (cf. brout), issu du subst. a. b. frq. *brust « bourgeon » (EWFS2; Gam. Rom.2, t. 1, p. 323; v. aussi FEW t. 15, 1, p. 316a), lui-même à rattacher au verbe a. b. frq. *brustjan que l'on peut déduire de l'a. sax. brustian « bourgeonner ». L'hyp. qui consisterait à partir du verbe (REW3, no1344), fait difficulté étant donné que *brustjan ne semble pas pouvoir expliquer broster. STAT. − Fréq. abs. littér. : 317. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 437, b) 586; xxes. : a) 395, b) 420. BBG. − Gottsch. Redens. 1930, p. 25. − Sain. Lang. par. 1920, p. 411. |