| BROSSER, verbe. A.− Emploi trans. Nettoyer en frottant avec une brosse. Brosser un habit, se brosser les dents : 1. Il se crotta, l'étudiant, il fut forcé de faire cirer ses bottes et brosser son pantalon au Palais-Royal.
Balzac, Le Père Goriot,1835, p. 67. 2. Le 8 juin, les mutins cirèrent leurs souliers, astiquèrent leurs cuirs, brossèrent leurs effets, et propres comme pour une revue, rejoignirent.
Barrès, Mes cahiers,t. 11, 1917-18, p. 282. Rem. (sur la constr. réfl.). Selon l'usage habituel quand il s'agit de compl. d'obj. désignant des parties du corps, l'adj. possessif réfl. est remplacé par l'art. défini, l'idée réfl. étant exprimée par le pronom correspondant employé en fonction du compl. indirect : je brosse mes dents, il brosse ses cheveux remplacés par : je me brosse les dents, il se brosse les cheveux. ♦ P. méton. Brosser qqn.Brosser ses vêtements. P. métaph. Rouer de coups ou infliger une défaite. − Emploi abs. : 3. Ses jours se passaient à brosser, à nettoyer, à fourbir.
Moselly, Terres lorraines,1907, p. 62. 1. PEINT. Peindre les fonds d'un tableau à la brosse; réaliser de grandes compositions picturales : 4. Je ne conteste pas son talent de peintre [Bergotte] nul ne s'en aviserait, duchesse. Il sait graver au burin ou à l'eau forte, sinon brosser, comme M. Cherbuliez, une grande composition.
Proust, Le Côté de Guermantes 1,1920, p. 222. a) Péj. Peindre à la hâte : 5. ... elle avait fait un vœu à Notre-Dame de la Garde, et son fils ayant été sauvé, elle venait à Marseille faire faire l'ex-voto. Anatole se hâta de brosser l'apparition de la bonne Notre-Dame à la mère près de son fils couché.
E. et J. de Goncourt, Manette Salomon,1867, p. 126. b) Au fig. Décrire à grands traits : 6. ... je me chargerais, et si je n'avais pas des choses moins importantes à faire, de « brosser »... d'après Sainte-Beuve, un « Tableau de la Littérature Française au xixesiècle »...
Proust, Chroniques,1922, p. 207. 2. JEUX et SP. a) Brosser les cartes. Mêler les cartes avant d'engager la partie : 7. ... nous voilà assis à la table de whist... en face de quelque vieil enfant candide ... qui nous dit, tout en brossant les cartes, le regard émoustillé par-dessus les lunettes : « Hé! hé! mon gaillard... vous en faites des orgies là-bas avec vos actrices ».
A. Daudet, Pages inédites de crit. dram.,1897, p. 217. b) Brosser la balle. Donner à la balle un effet particulier de rotation. 3. Arg., fam. Se brosser.Être obligé de se passer de ce que l'on désire. Se brosser le ventre. N'avoir pas de quoi manger : 8. Elle [Gervaise] avait le cœur tout gonflé, en ne voulant pas avouer qu'elle se brossait le ventre depuis la veille.
Zola, L'Assommoir,1877, p. 755. B.− Emploi intrans., VÉN. [En parlant du cerf] Passer à travers les taillis : 9. ... l'Heureuse tourne court, brosse tête baissée dans le fourré et me porte juste à l'endroit où le chevreuil venait d'être abattu : le roi paraît.
Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 1, 1848, p. 172. Rem. Pour le belgicisme brosser « faire l'école buissonnière », cf. brousser rem. PRONONC. : [bʀ
ɔse], (je) brosse [bʀ
ɔs]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1374 « frotter avec une brosse » bruissier (Compte de Jean du Parc, receveur de Mons dans Dehaisne, Doc. concernant l'hist. de l'Art dans la Flandre, l'Artois et le Ainaut, Lille, 1886, p. 522); 1450, mars, broisser (Ord. XI, 127 dans Gdf. Compl.); 1680 impr. (Rich.); 1845 fig. et pop. « battre » (Besch.).
Dér. de brosse*; dés. -er. STAT. − Fréq. abs. littér. : 318. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 257, b) 483; xxes. : a) 536, b) 552. DÉR. Brossure, subst. fém.,peauss. Couleur appliquée à la brosse sur les peaux à teindre. Attesté dans la plupart des dict. gén.− Dernière transcr. dans DG : brò-sūr. − 1reattest. 1732 (Rich.); dér. de brosser, suff. -ure*. BBG. − Gottsch. Redens. 1930, p. 139. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 174. − Quem. 2es. t. 3 1972, p. 28. − Sain. Lang. par. 1920, p. 404. − Wexler (P.J.). Pour l'ét. du vocab. des vaudevilles. In : [Mél. Cohen (M.)]. The Hague-Paris, 1970, p. 216. |