| BROCHE, subst. fém. A.− [L'obj. est une tige] 1. CUIS. Tige métallique sur laquelle on enfile une volaille, une pièce de viande ou de gibier pour les faire rôtir. On fait rouler la marmite, / La broche et le tourniquet (G. Nadaud, Chansons,1870, p. 5). SYNT. Broche à rôtir; faire cuire, mettre, passer un poulet, un rôti à la broche; tourner la broche. 2. TECHNOL. Toute tige de fer ou de bois faisant partie d'un mécanisme ou servant d'outil dans divers métiers. a) En partic. − CHIR. Tige métallique utilisée en chirurgie osseuse dans le traitement des fractures. Tendeur de broche; mettre une broche. − TEXT. Tige métallique qui reçoit la bobine sur les métiers à filer. − ARM. Fusil à broches. Fusil à chien, tirant des embouches dont l'amorce est percutée par une petite tige de métal. Un vrai garde, avec un vrai fusil et non celui à broches acheté d'occasion (P. Vialar, Le Fusil à deux coups,1960, p. 14). b) P. ext. : 1. La foudre était tombée sur les bâtiments de ma ferme; je venais pour réparer le dommage que j'aurais pu, en toute conscience, laisser à la charge du fermier, puisqu'il avait pris sur lui, contre mes ordres positifs, d'ôter le paratonnerre que j'avais fait poser sur le corps-de-logis principal; il est vrai qu'il me donna pour raison « que ce n'était pas la mode du pays, et que ses voisins se moquaient de lui en voyant cette grande broche de fer au-dessus de son logis; ... »
Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 1, 1811, p. 46. 2. ... au-dessus de cette porte une criarde planche de tôle, enluminée d'une pomme et d'une femme, rouillée par la pluie et tournant au vent sur une broche de fer. Cette façon de girouette qui regardait le pavé était l'enseigne.
Hugo, Notre-Dame de Paris,1832, p. 330. 3. Arg. (au plur.). Les broches. Les dents. Il n'a plus de broches dans la gargue (A. Bruant, Dict. fr.-arg.,1905, p. 153). B.− [L'obj. est muni d'une tige] BIJOUT. Bijou muni d'une épingle servant à assujettir ou à orner un vêtement. Une broche en forme d'étoile de mer, qui semble un bijou en sucre (E. et J. de Goncourt, Journal,1865, p. 177). PRONONC. : [bʀ
ɔ
ʃ]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1121 « tige de métal pointue » (St Brandan, éd. E.G.R. Waters, Oxford, 1371); d'où 1172-75 cuis. (Chr. de Troyes, Chevalier Lion, 3465 dans T.-L. : Et met an une broche an rost); 2. d'où p. ext. « verge de fer ou de bois qu'on emploie dans divers métiers » 1268-71 terme de tonnelier (E. Boileau, Métiers, 29, ibid.); 1680 serr. (Rich.); 1690 « aiguilles à tricoter » (Fur.); id. « baguette pour enfiler les harengs » (Ibid.); 1694 « verge de fer sur laquelle on met les bobines d'un métier à filer » (Corneille); 1792 mar. (Romme dans Jal2). 3. 1332 « épingle ouvragée » (Inventaire du Comte de Hereford, ap. Laborde dans Gdf. Compl.).
Du lat. vulg. *brocca, fém. pris substantivement de l'adj. brocchus, broccus « proéminent, saillant (en parlant des dents) » (Plaute, Sitell. frg. 2 dans TLL s.v., 2202, 63). STAT. − Fréq. abs. littér. : 274. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 254, b) 603; xxes. : a) 452, b) 357. BBG. − Gottsch. Redens. 1930, p. 115, 273. − Henry 1960, p. 149. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 224. − Sain. Lang. par. 1920, p. 264. |