Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
BRILLER2, verbe intrans.
A.− Répandre une lumière vive, intense, parfois diffuse :
1. Oh! Oui, tous ces mondes se lasseront de tourner et de briller, et ils tomberont en poussière, usés comme des ossements; oui, ce soleil, un soir, s'éteindra dans la nuit du néant; ... Flaubert, Smarh,1839, p. 33.
SYNT. Le ciel, le jour brille; les astres brillent; briller doucement, faiblement, joyeusement; briller d'un grand éclat, de tout son éclat, de tous ses feux; briller comme le jour, comme une escarboucle, comme l'or; briller dans l'ombre, dans la nuit.
P. métaph. :
2. Voici les mots, ceux que nous disions, ceux que nous voyions dans les mornes dictionnaires, qui se mettent à briller, à vivre, à respirer. Larbaud, Jaune, bleu, blanc,1927, p. 207.
1. [Le suj. désigne une source lumineuse] :
3. Le soleil brille pour tout le monde, il ne brille pas dans les prisons, il ne brille pas pour ceux qui travaillent dans la mine, ... Prévert, Paroles,1946, p. 19.
SYNT. Un éclair, un feu, une flamme, une lueur, une lumière, le soleil brille; les étoiles brillent.
P. métaph. :
4. Esprit de flamme par sa nature, et non pas seulement éclairé, mais lumineux, Platon brille de sa propre lumière. C'est de la splendeur de sa pensée que son langage se colore. L'éclat en lui naît du sublime. J. Joubert, Pensées,t. 2, 1824, p. 153.
2. [Le suj. désigne une chose ayant la faculté de réfléchir la lumière]
a) [Un inanimé] Un diamant brille, la lune brille :
5. N'est-ce pas le peintre Van Dongen qui avouait : « L'extériorisation de mes désirs s'écrit en images... J'aime ce qui brille, les pierres précieuses qui étincellent, les étoffes qui chatoient, les belles femmes qui inspirent le désir charnel... » Huyghe, Dialogue avec le visible,1955, p. 252.
Proverbe. Tout ce qui brille n'est pas or :
6. Son grand tort [au monde], c'est qu'il tient trop aux apparences et les respecte trop. Il sait théoriquement que tout ce qui brille n'est pas or, mais il court néanmoins à ce qui brille. Amiel, Journal intime,1866, p. 277.
Emploi factitif. Faire briller qqc. :
7. ... les peintures de diverses teintes des maisons de la ville faisaient briller la vaste colline de toutes les couleurs d'un jardin de fleurs; ... LamartineVoyage en Orient,t. 2, 1835, p. 341.
En partic.
[Le suj. désigne une arme] :
8. Voyez d'ici briller cent hallebardes Aux feux d'un soleil pur et doux. N'entend-on pas le qui vive des gardes, Qui se mêle au bruit des verroux? Béranger, Chansons,t. 2, Louis XI, 1829, p. 234.
P. méton. Combattre :
9. Dois-je faire contre eux briller dix mille épées? Et, tandis que leur bras a vaincu sans secours, Dirai-je à mes tribus de terminer leurs jours? Baour-Lormian, Ossian,Lathmon, 1827, p. 105.
Rem. Dans cet ex., le sens est très proche de briller1.
[Le suj. désigne un objet ciré ou verni] Briller, briller de propreté. Luire, reluire après avoir été nettoyé, lustré. L'ameublement était de bois (...) dont l'écorce polie brillait de propreté (Balzac, La Peau de chagrin,1831, p. 226).P. plaisant. :
10. Allons, ma vieille bonne pomme rouge. Tu sais quand je te frottais pour que tu brilles? Ma vieille pomme toute ridée. Ne laisse pas couler tes larmes dans toutes les petites rigoles, pour des bêtises comme cela − pour rien. Anouilh, Antigone,1946, p. 142.
Emploi factitif. Faire briller qqc.Astiquer quelque chose. Je m'exerce encore à ce grand art de faire briller les chaussures (Flaubert, Correspondance,1845, p. 158).
b) [Le suj. désigne un animé : le visage, les yeux, le regard] Avoir de l'éclat, s'illuminer :
11. Quand une idée l'intéresse, son œil brille, tout à coup, et on sent que cet homme d'aspect froid est quand même plein de flamme. G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Désert de Bièvres, 1937, p. 76.
P. compar. Briller comme des charbons ardents, briller comme un éclair :
12. Admirables pupilles, qui pouvaient, à leur gré, étinceler de joie, briller comme des micas noirs, ou se faire impassibles, purement réceptives, n'être qu'une tache mate et privée de reflets, ... Malègue, Augustin,t. 1, 1933, p. 109.
Au fig. Briller de + subst. abstr.Manifester ou trahir (un trait de caractère, un sentiment, une émotion). Les yeux, très grands, très noirs et très profonds, brillent d'intelligence (Green, Journal,1945, p. 269).
SYNT. Briller d'avarice, de candeur, d'envie, d'espoir, de fièvre, de haine, d'ivresse, de jeunesse, de joie, de malice, d'orgueil, de plaisir, de pureté, de satisfaction, de volupté.
P. méton. [Le suj. désigne un attribut hum., un sentiment, etc.] Se révéler, se manifester. Briller dans une attitude, dans les yeux, sur le visage :
13. Sur les lèvres d'Anne, je reconnaissais, après chacune de mes phrases, le sourire qui accompagnait mon départ. Dans ses yeux brillait le dévouement, et presque la reconnaissance. Giraudoux, Simon le Pathétique,1926, p. 110.
14. ... le feu d'une action décisive brille sur son visage, brûle dans ses regards, anime toute sa forme. Mais ensuite, ce front de déesse s'altère : l'expression pathétique l'envahit. Valéry, Variété 5,1944, p. 195.
B.− P. métaph. ou au fig. Se manifester avec éclat, sortir du commun. Briller de tout son éclat.
Littéraire :
15. Son mari aussi se fait charmant et la désirera ce soir. Il la découvre quand les autres l'ont désirée. Quand, dans sa robe du soir, son éclat, son désir de plaire, sous la femme a brillé un peu la courtisane. Saint-Exupéry, Courrier Sud,1928, p. 23.
1. [Le suj. désigne une chose] Apparaître dans toute sa splendeur, se détacher; charmer la vue ou l'esprit. Cette toile [le Déjeuner sur l'herbe], où brille un nu féminin admirable, créa un scandale (C. Mauclair, Les Maîtres de l'impressionnisme,1904, p. 44).
Emploi factitif. Faire briller qqc.Mettre en évidence, montrer avec éclat. Cette robe noire fait briller encore mieux la beauté de sa taille (Stendhal, Le Rouge et le Noir,1830, p. 297).
Faire briller qqc. à qqn, aux yeux de qqn.Présenter quelque chose comme appât ou comme menace pour séduire ou intimider quelqu'un.
Rem. Attesté dans Lar. 19e, Nouv. Lar. ill. ainsi que dans la plupart des dict. du xxesiècle.
2. [Le suj. désigne une pers., un groupe de pers., p. méton. un attribut hum. ou un ouvrage de l'esprit] Briller, briller par + subst. abstr.S'illustrer, se distinguer (par un don, une qualité ou une action particulière). Il y eut des Parisiennes qui brillèrent surtout par l'esprit ou l'influence (Fargue, Le Piéton de Paris,1939, p. 182):
16. La comtesse d'Orgel appartenait par sa naissance à l'illustre maison des Grimoard de La Verberie. Cette maison brilla pendant de nombreux siècles d'un lustre incomparable. Radiguet, Le Bal du comte d'Orgel,1923, p. 15.
SYNT. Briller dans le monde, dans un salon; le désir, le besoin de briller; désirer de briller; briller par les armes, par l'esprit, par l'imagination, par le physique, par le savoir.
[Avec une nuance péj.] Ces belles personnes qui font feu de tout bois pour briller (Anouilh, La Répétition,1950, I, p. 23).
Emploi factitif. Faire briller qqn.Mettre quelqu'un en valeur :
17. Son mari (...) était fier de faire briller sa femme et de montrer ses diamants; il pouvait se dire, (...) « cette femme est à moi; (...) À moi ces voluptés que vous rêvez sur elle, à moi cette beauté qui brille, ces yeux qui regardent, ces diamants qui reluisent; à moi tous les trésors que vous convoitez! » Flaubert, Smarh,1839, p. 73.
P. ext., arg. ou pop.
Se trouver dans une situation prospère et le montrer avec ostentation, parader :
18. Fredo brille drôlement depuis quelque temps? ... Tu m'étonnes! Sa gonzesse a levé un micheton bourré à craquer. A. Simonin, Le Pt Simonin ill.,1957, p. 58.
Ressentir pleinement la jouissance amoureuse. Cette souris avait jamais brillé, ça a été une révélation (A. Simonin, Le Pt Simonin ill.,1957p. 63).
Loc. fam. (à nuance négative)
Ne pas briller. Être dans une situation difficile, fâcheuse :
19. À une époque où je brillais pas, Fredo m'avait mis sur plusieurs commandes, je lui devais indiscutablement une fleur. A. Simonin, Le Pt Simonin ill.,1957p. 90.
Ne pas briller par qqc. Être desservi par quelque chose. Cette troupe était en général mal couverte et ne brillait pas par le physique (Reybaud, Jérôme Paturot,1842, p. 264).
Briller par son absence. Se faire remarquer par son absence :
20. La mort brillait par son absence : décéder, ce n'était pas mourir, la métamorphose de cette vieillarde en dalle funéraire ne me déplaisait pas; il y avait transsubstantiation, accession à l'être, ... Sartre, Les Mots,1964, p. 77.
PARAD. (Quasi-)synon. contextuels brûler, charmer, chatoyer, éblouir, éclater, étinceler, flamboyer, fulgurer, luire, miroiter, pétiller, plaire, rayonner, reluire, resplendir, scintiller, séduire.
PRONONC. : [bʀije], (je) brille [bʀij]. Enq. : /bʀij/ (il) brille.
ÉTYMOL. ET HIST. − A.− a) 1559 fig. « être agité d'impatience » (Amyot, César, 42 dans Hug. : Sur tous autres brilloient d'ardeur de combattre les jeunes gentilzhommes et chevaliers Romains); 1688, 1renov. « courir de-ci de-là » (Sév. dans Dub.-Lag.); qualifié de ,,vieilli`` par DG; b) spéc. 1583 vén. « bien quêter (en parlant du chien) » (Cl. Gauchet, le Plaisir des Champs, l'Automne, Chasse du Sanglier, p. 234 dans Hug.); qualifié de ,,vieilli`` par DG. B.− 1564 « jeter des éclats » (J. Thierry, Dict. fr.-lat., Paris); emplois fig. 1608 (Régn., Sat., IX, 41 : une œuvre brille et d'art et de science); 1644 « se manifester avec éclat » (Corn., Pomp., III, 4); 1651 « se distinguer, se faire remarquer par une qualité particulière » (Id., Nicom., II, 3); 1671 emploi abs. (Bouh., Entret. d'Ariste et d'Eugène, II dans Littré : briller dans la conversation); av. 1709 « réussir, exceller » (Regnard, Folies amour., I, 6, ibid.). Empr. à l'ital. brillare, attesté dans Batt., au sens A « s'agiter » dep. 2emoitié du xves. (Lorenzo De'Medici), au sens B dep. 1remoitié du xvies. (Aretino). L'ital. est d'orig. obsc.; l'hyp. la plus probable est celle qui, rapprochant l'ital. brillare « s'agiter » de l'ital. prillare « tourner en rond, pirouetter » et des dér. de ce dernier type signifiant « toupie » (REW3, no6522b; Cor., s.v. brillar; cf. FEW t. 8, p. 569) attribue à ces verbes une orig. onomatopéique, les faisant remonter à un rad. *pir(l)- signifiant « s'agiter, tourner »; dans cette hyp. le sens de « briller » s'expliquerait par le scintillement tremblant des étoiles, cf. cast. rielar « briller d'une lumière tremblante », issu de rehilar « trembler, se mouvoir rapidement en tremblant » (Cor., s.v. brillar et rehilar). L'hyp. selon laquelle A et B remonteraient à beryllus (Devoto; Wind, p. 64; FEW t. 1, p 339; Bl.-W.5), le sens B étant alors premier (A étant en ce cas issu de la notion de tremblement du scintillement des étoiles), semble moins satisfaisante vu la chronologie des sens ital. et l'existence du type ital. prillare, pirlo. Enfin le lien entre les sens A et B semble assez évident pour rendre inutile le recours à une double étymol., où le sens A serait d'orig. onomatopéique, le sens B remonterait au lat. beryllus, v. béryl (DEI).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 4.568. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 8 127, b) 7 469; xxes. : a) 5 356, b) 5 266.
BBG. − Darm. Vie 1932, p. 61. − Duch. Beauté 1960, p. 113. − Gottsch. Redens. 1930, p. 10, 219, 346, 453. − Hope 1971, pp. 167-168. − Pamart (P.). La Parole est d'argent, mais le silence est d'or. Vie Lang. 1971, p. 141. − Sar. 1920, p. 55. − Wind 1928, p. 64, 193.