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BREUVAGE, subst. masc.
A.− Liquide à boire.
1. Littér. ou emphatique. Boisson. Breuvage agréable, amer, insipide; breuvage des dieux :
1. Les Hindous comme les Grecs et les Romains se figuraient les dieux avides non seulement d'honneurs et de respect, mais même de breuvage et d'aliment. L'homme se croyait forcé d'assouvir leur faim et leur soif, s'il voulait éviter leur colère. Fustel de Coulanges, La Cité antique,1864, p. 26.
2. Spéc. Boisson composée, préparée en vue d'un certain effet, ayant des propriétés particulières, réelles ou supposées (curatives, magiques, bénéfiques ou néfastes). Breuvage mortel, salutaire :
2. ... avouez que cet homme vous a donné quelque philtre, quelque boisson narcotique, quelque breuvage empoisonné et maudit... A. Dumas Père, Mlle de Belle-Isle,1839, III, 4, p. 64.
SYNT. Breuvage antiseptique, calmant, empoisonné, excitant, tonique; breuvage d'immortalité; breuvage de vie.
B.− P. métaph. Cet amer breuvage, la solitude (Psichari, Le Voyage du centurion,1914, p. 75):
3. La voix sage : ... La politique est l'art de faire avec la fange ... Les fautes, les erreurs, les crimes, les venins ... Un breuvage que puisse avaler l'honnête homme. Hugo, L'Année terrible,1872, p. 356.
Rem. Sur le rad. de breuvage, L. Daudet a forgé le néol. breuver employé au sens fig. « se délecter de ». Il [le Roi] écoute la sentence, comme s'il breuvait un langage exquis (Les Lys sanglants, 1938, p. 256).
PRONONC. : [bʀ œva:ʒ]. Passy 1914 admet également [ø] fermé pour la 1resyll. À ce sujet cf. Mart. Comment prononce 1913, p. 95 : ,,Michaëlis et Passy enregistrent aussi et admettent (...) eu fermé dans breuvage et dans pleurer : c'est une prononciation qu'on ne doit pas entendre souvent.``
ÉTYMOL. ET HIST. − Fin xiies. beverage (Chastelain de Couci, Chansons, éd. A. Lerond, III, 19). Dér. de l'inf. substantivé a. fr. bevre, beivre, boivre (1160-74, Rou dans Keller), v. boire, avec métathèse de r; suff. -age*.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 273. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 533, b) 444; xxes. : a) 346, b) 259.
BBG. − Duch. 1967, § 59. − Lew. 1960, p. 102. − Sigurs 1963/64, p. 96, 476. − Staaff (E.). Qq. rem. sur le passage d'eu atone à u en fr. In : [Méel. Wahlund (C.)]. Mâcon, 1896, pp. 252-253.