| BRELAN, subst. masc. JEUX A.− Vx. Jeu de hasard où l'on distribuait trois cartes à chaque joueur. − P. méton., usuel, péj. Maison de jeu, tripot : 1. − Robespierre, Danton, [dit Marat] le danger est dans ce tas de cafés, dans ce tas de brelans, dans ce tas de clubs, club des Fédérés, club des Dames...
Hugo, Quatre-vingt-treize,1874, p. 143. B.− Réunion dans la main d'un joueur de trois cartes semblables (coup qui peut faire gagner dans différents jeux de cartes). Brelan d'as, de rois. ♦ P. métaph. : 2. Les événements allaient y assurer à la Grande-Bretagne un tel brelan d'atouts, politiques, militaires et économiques, qu'elle ne s'empêcherait sûrement pas de les jouer pour son compte.
De Gaulle, Mémoires de guerre,1954, p. 158. − Spéc. Brelan carré ou quatrième. Brelan de cartes semblables à la retourne. PRONONC. ET ORTH. : [bʀ
əlɑ
̃]. Fér. Crit. t. 1 1787 enregistre brelan ou berlan en soulignant cependant : ,,On ne dit plus que le 1er.`` Gattel 1841 : ,,Brelan et non pas berlan.`` Ac. Compl. 1842 enregistre en plus de brelan la forme berlanc (,,v. lang.``). L'anc. forme berlan est mentionnée encore dans Besch. 1845 (qui cite aussi berlens), dans Littré, Lar. 19eet DG. Pour les formes brelen, breleng, berlenc, bellent, cf. Nouv. Lar. ill. et Lar. 20e. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. [Ca 1165 brelenc « table de jeu » (G. d'Arras, Eracle d'apr. Delboulle Rec. dans DG); il n'a pas été possible de localiser le passage dans l'éd. E. Löseth]; xiiies. brelenc « id. » (Du Prestre qu'on porte (Fabliau) éd. Montaiglon et Raynaud, IV, 27, 785) − 1409 (Archives, JJ 163, pièce 295 dans Gdf.); 2. 1309 a. flam. beelenghe « lieu où l'on joue, maison de jeu » (Archives, JJ 45, fo34 ro, ibid. : les beelenghes de Flandres); 1364 brelens « id. » (Coutumes Lille, éd. Roisin, Lille, 1842, p. 167, § 26); 3. a) ca 1500 berlant « jeu de hasard » (D'Auton, Chron., Richel. 5081, fo51 rodans Gdf.); b) av. 1615 « jeu de cartes » (E. Pasquier, Recherches de la France, p. 725 dans IGLF Litt. : jeux de dez et de berlans); c) 1690 (Fur. : Berlan se dit aussi quand on a trois cartes de même façon, comme trois Rois, trois as).
Empr. à l'a. h. all. *Bretling littéralement « petite planche », dimin. de l'a. h. all. bret « planche » et aussi « table de jeu », Karg-Frings (hyp. de Diez5, p. 533; REW3, no1288; Hopfg., p. 37; FEW t. 15, 1, p. 272); à l'appui de cet étymon, l'arg. all. Brettling « table », REW3, loc. cit.; v. aussi Kluge20, s.v. Brett; l'ital. berlengo « table (où l'on prend les repas) » v. berlingot et l'esp. mod. berlinga « jeu de hasard » sont empr. au fr. Un étymon. a.b.frq. *brëdling « table de jeu » (Gam. Rom.2t. 1, p. 333; EWFS2), *bridling « petite planche » (Hubschmied dans Mél. Duraffour, 1939, p. 259) est moins satisfaisant, car il est improbable qu'un terme de jeu ait été introduit par les Francs. STAT. − Fréq. abs. littér. : 28. BBG. − Cassagnau (M.). Notes d'un lexicographe amateur. Vie Lang. 1970, pp. 260-262. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 52. − Sain. Sources t. 3 1972 [1930], p. 39. |