| BOUTON, subst. masc. A.− BIOLOGIE 1. BOT. Bourgeon peu avancé, petit corps arrondi ou ovoïde poussant sur les arbres, les arbustes et les plantes et donnant naissance aux branches, aux feuilles, aux fleurs et aux fruits : 1. ... souvent ils hésitaient, ne sachant pas distinguer les boutons à bois des boutons à fleurs. Ils s'étaient réjouis d'avoir des fleurs; mais, ayant reconnu leur faute, ils en arrachaient les trois quarts pour fortifier le reste.
Flaubert, Bouvard et Pécuchet,t. 1, 1880, p. 41. − Spéc. Fleur non encore épanouie. Fleur en bouton, bouton de rose. Et la fleur immortelle est encore en boutons (Claudel, L'Annonce faite à Marie,1reversion, 1912, p. 100). ♦ Bouton d'or*, bouton d'argent. Nom commun à de nombreuses plantes, comme l'achillée, la renoncule, la millefeuille. − P. métaph., littér. Personne très jeune, d'une extrême fraîcheur, offrant des promesses de grande beauté : 2. Elle devait vivre! Dieu l'avait écrit, cher bouton de la plus belle des fleurs humaines!
Balzac, Le Lys dans la vallée,1836, p. 243. ♦ En bouton. Qui n'a pas atteint son plein développement, qui est susceptible de s'épanouir. Le charme de l'indéterminé, de ces vies en bouton (Barrès, Mes cahiers, t. 1,1897-98, p. 183);Solange, elle ne sait pas (...) elle est encore en bouton (Montherlant, Pitié pour les femmes,1936, p. 1182). − P. méton., ARCHIT. Ornement de sculpture figurant un bouton de fleur. [Le] Bouton de lotus si fréquemment employé dans la vieille architecture égyptienne (Du Camp, Le Nil,1854, p. 22). 2. ANAT. HUM. Petite saillie arrondie habituellement de couleur rougeâtre apparaissant à la surface de la peau. Bouton d'acné, d'Alep, de fièvre, de petite vérole; une éruption de boutons; être couvert de boutons. C'est l'âge ingrat, l'âge de la bourre, une époque de boutons, de furoncles (Mauriac, Le Mystère Frontenac,1933, p. 185). ♦ Bouton du sein, bouton de rose. Extrémité du sein : 3. Ta gorge est comme un marbre, et la lumière arrose Sur ses fermes contours deux frais boutons de rose.
Banville, Les Stalactites,1846, p. 304. B.− HABILLEMENT 1. Petite pièce le plus souvent circulaire mais pouvant avoir d'autres formes, faite de diverses matières (métal, bois, matière plastique, etc.) servant à la fermeture d'un vêtement ou à son ornementation. Bouton de col; recoudre un bouton : 4. Je ne le pressai pas, sachant bien qu'il est malséant d'entraîner à la psychologie un homme qui n'est pas sûr de ses boutons de chemise ou de ses lacets de chaussure.
Colette, La Naissance du jour,1928, p. 47. SYNT. Bouton de métal, de nacre; bouton de bottine, de culotte, de guêtre, d'habit, de veste; ajouter, coudre un bouton; orner de boutons. ♦ Bouton(s) de manchettes. Système de boutons ou petit dispositif équivalent, servant à fermer les manchettes de chemise tout en restant indépendant de celles-ci L'épingle de cravate, les boutons de manchettes révélaient la fortune (P. Bourget, Nos actes nous suivent,1926, p. 116). ♦ Bouton-pression (bouton à pression, de pression). Bouton composé de deux pièces métalliques qui en s'engageant l'une dans l'autre attachent les pièces sur lesquelles elles sont cousues. − Loc. Sa robe, sa soutane ne tient qu'à un bouton. ,,Se dit d'un homme qui porte la robe ou la soutane, et qui est prêt à la quitter pour embrasser une autre profession`` (Ac. 1835, 1878). Ne tenir qu'à un bouton. ,,Se dit de ce qui est mal assuré et menace de se défaire ou de se rompre`` (Lar. 20e). 2. Décoration de vêtement.Insigne d'un rang, d'un grade, d'une dignité. Un gros mandarin orné du bouton de Jade (Du Camp, Mémoires d'un suicidé,1853, p. 109). − P. méton., VÉN. Avoir, obtenir, donner le bouton. ,,Droit de porter la tenue aux couleurs de l'équipage`` (A. France, L'Anneau d'améthyste, 1899, p. 130). C.− P. anal. (avec B) 1. Arg. Pièce de vingt francs : 5. [Paye ta bienvenue;] tu vas voir si je ne te fais pas changer un de tes écus, de tes boutons, entends-tu.
L. Vidal, J. Delmart, La Caserne, mœurs milit.,1833, p. 80. ♦ Bouton de guêtre. Pièce de cinq francs en or. 2. Emplois techn. a) Usuels − ÉLECTR. Organe de commande d'un circuit électrique. Bouton de sonnerie. Appuyer sur les boutons électriques (G. Duhamel, Chronique des Pasquier,La Nuit de la Saint-Jean, 1935, p. 149). SYNT. Bouton d'alarme, d'appel, de réglage; bouton-poussoir; presser, tourner le bouton. − ESCR. Bouton de fleuret. Petite sphère de cuir ou de métal que l'on fixe à l'extrémité d'un fleuret pour le rendre inoffensif. Synon. mouche.Des coups de doigts sur la poitrine qui me font l'effet de coups de boutons de fleuret (E. et J. de Goncourt, Journal,1873, p. 956). − MAN. Bouton de la bride. Anneau servant à raccourcir et à tendre les rênes. ♦ Au fig. Presser, serrer le bouton. Contraindre quelqu'un à dire ou à faire quelque chose. Voulez-vous aller un jour ensemble chez M. Martin du Nord pour lui serrer le bouton (Mérimée, Lettres à Ludovic Vitet,1870, p. 141). − TECHNOL. Pièce saillante et arrondie servant à ouvrir et à fermer une porte, un tiroir, un verrou, etc. Bouton d'une porte, d'une serrure, d'un verrou : 6. Ce bouton de la porte de ma chambre, qui différait pour moi de tous les autres boutons de porte du monde en ceci qu'il semblait ouvrir tout seul, sans que j'eusse besoin de le tourner, tant le maniement m'en était devenu inconscient, le voilà qui servait maintenant de corps astral à Golo.
Proust, Du côté de chez Swann,1913, p. 10. b) Autres domaines − CHIR., vx. Bouton de feu. Instrument de chirurgie dont l'extrémité cautérisante a la forme d'un bouton. Ceux [les médecins] de ce temps-là lui appliquèrent à trois reprises « le bouton de feu » (Bremond, Hist. littér. du sentiment relig. en France,t. 3, 1921, p. 534). − MÉCAN. Bouton de manivelle. ,,Extrémité d'une manivelle opposée à celle qui est calée sur un arbre moteur, et sur laquelle s'articule la tête de bielle`` (Lar. encyclop.); (cf. aussi E. Ambroise, Pour le monteur mécanicien, 1949, p. 29). − MUS. Cheville servant à fixer et à tendre les cordes d'une harpe, d'une guitare, etc. Rem. Attesté dans la plupart des dictionnaires. − ORFÈVR. Bouton de fin ou simplement bouton. La petite portion d'or ou d'argent qui reste après l'opération de la coupelle (Ac. 1835-1932). Rem. Attesté dans la plupart des dictionnaires. PRONONC. ET ORTH. : [butɔ
̃]. Besch. 1845 et Lar. 19ementionnent encore les anc. formes boton et botoner. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1160-1185 « bourgeon » (Chr. de Troyes, G. d'Angleterre, éd. M. Wilmotte 434); 1236 « fleur avant son épanouissement » (G. de Lorris, Rose, éd. F. Lecoy, 1645); p. anal. 2. a) 1170-71 « petite pièce souvent circulaire servant à fermer un vêtement » ici pour exprimer une chose de peu de valeur (Chr. de Troyes, Cligès, éd. Micha, 1746); b) 1380 « petite boule servant à saisir certains objets » (Inventaire de Charles V dans Havard); c) 1471 « bouton qui sert à pousser une porte » (Régestes de la cité de Liège, éd. Ém. Fairon, Liège, 1939, p. 354); 3. 1530 « petite tumeur qui se forme sur la peau » (Palsgr.).
Dér. de bouter* « pousser »; suff. -on*. STAT. − Fréq. abs. littér. : 1 761. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 225, b) 3 024; xxes. : a) 3 145, b) 2 931. DÉR. Boutonnerie, subst. fém.Fabrique de boutons, marchandise du boutonnier. Attesté dans la plupart des dict. et notamment dans Ac. 1798-1932.− [butɔnʀi]. Fér. Crit. t. 1 1787 propose la graph. boutonerie avec un seul n (cf. boutonner). − 1resattest. [1611 « action de fermer au moyen de bouton » Cotgr.]; 1660 « commerce des boutons » (Oudin, Tresor des deux langues espagnolle et françoise, Paris); 1800 « fabrique de boutons » (Boiste); dér. de boutonn-, suff. -erie*. BBG. − Au jardin des loc. fr. Vie Lang. 1963, p. 515. − Goug. Mots t. 1 1962, pp. 90-91. − Guiraud (P.). Le Jargon de la Coquille. Cah. lexicol. 1967, t. 11, no2, pp. 47-48. − Plantefol (L.), Prévost (A. M.). Bourgeon et bouton dans la lang. sc. fr., du 16eau 18es. Cr. des séances de l'Ac. des Sc. 1961, t. 253, no10, pp. 1143-1148. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 85. |