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BOURDON2, subst. masc.
I.− ENTOMOLOGIE
A.− Insecte hyménoptère de la famille des abeilles, à corps gras et velu :
1. ... MlleJeanne était au jardin, regardant ses passeroses s'effeuiller à la brise matinale et les bourdons rayés se rouler dans le pollen des fleurs. P. Arène, Le Tor d'Entrays,1876, p. 184.
2. À leurs pieds coulait une pièce de trèfle incarnat, où de gros bourdons bleus erraient, animant les rais de soleil de la vibration chantante de leurs ailes. Moselly, Terres lorraines,1907, p. 254.
Faux bourdon. Mâle de l'abeille :
3. Nous avons vu, d'autre part, que la mère préfère pondre dans les petites cellules et qu'elle en réclame sans cesse. Néanmoins, à leur défaut, et en attendant qu'on lui en fournisse, elle se résigne à déposer ses œufs dans les larges cellules qu'elle trouve sur son passage. Les abeilles qui en naîtront seront des mâles ou faux-bourdons. Maeterlinck, La Vie des abeilles,1901, p. 159.
B.− P. métaph., expr. Faire le bourdon. S'agiter en faisant beaucoup de bruit :
4. ... entre deux gardes, s'agitait Séruzier, le copain de Leclerc, plus ahuri-volatil que jamais. − (...) Scali attendit qu'il eût fini de faire le bourdon. Malraux, L'Espoir,1937, p. 545.
Avoir la tête comme un nid de bourdons. Avoir mal à la tête, avoir des idées brouillées et être incapable de les ranger de façon cohérente. J'ai la tête pis qu'un nid de bourdons (Bernanos, Nouvelle Histoire de Mouchette,1937, p. 1289).
C.− P. méton., vx ou région. Bourdonnement; bruit que font certains insectes :
5. Un bourdon de mouches semblait la chanson même de l'après-midi qui suivait en paix ses besognes. Pourrat, Gaspard des Montagnes,Le Pavillon des amourettes, 1930, p. 76.
P. anal. Bruit monotone et sourd imitant celui des insectes. Par la fenêtre montaient de la rue le bourdon de la foire, les cris des volailles (Châteaubriant, M. des Lourdines,1911, p. 107):
6. ... nous commençons le bourdon. Le bourdon n'est d'abord qu'un murmure d'abeille continu; il s'enfle, grossit, et finit par entrer de force dans les oreilles de nos toquées d'institutrices, qui échangent un regard inquiet; ... Colette, Claudine à l'école,1900, p. 113.
Rem. Nouv. Lar. ill. et Lar. encyclop. citent le subst. masc. bourdonnier, appareil employé en apiculture pour éloigner les mâles ou faux bourdons des ruches.
II.− Emplois techn.
A.− MUSIQUE
1. Ton qui forme la basse continue dans certains instruments comme la vielle, la musette, la cornemuse.
Faux bourdon. Plain-chant où la basse forme le chant principal :
7. On entend des voix d'enfants qui, dans une pièce voisine, commençent un chant en faux-bourdon, puis rapidement font silence. Montherlant, La Ville dont le prince est un enfant,1951, III, 1, p. 906.
2. P. méton. Ce qui donne ce ton de basse continue. Une des cordes de la vielle (cf. P. Aubry, Trouvères et troubadours, 1909, p. 7); la corde grave du violon, c'est-à-dire la quatrième (cf. H. Bouasse, Cordes et membranes, 1926, p. 149); un des tuyaux de la cornemuse (cf. A. Schaeffner, Les Orig. des instruments de mus., 1936, p. 263).
Bourdon d'orgue. Jeu de l'orgue à tuyaux bouchés sonnant une octave plus bas que les tuyaux identiques ouverts (cf. A. Lavignac, La Mus. et les musiciens, 1895, p. 97).
B.− Très grosse cloche ayant un son très grave :
8. ... la cloche de Saint-Étienne sonna lentement l'Angelus, puis le bourdon de la tour de l'horloge annonça l'heure du dîner aux ouvriers des fabriques. Theuriet, Le Mariage de Gérard,1875, p. 129.
III.− Au fig., pop. fam. Tristesse invincible. Avoir le bourdon. Avoir le cafard :
9. Courtial, certains soirs, beaucoup plus tard, quand le bourdon le travaillait un peu, il prononçait des drôles de mots... Céline, Mort à crédit,1936, p. 408.
10. − ... ça pouvait aller tant bien que mal, mais j'avais le bourdon vingt-quatre heures sur vingt-quatre... [raconte Tilou]... R. Fallet, Banlieue sud-est,1947, p. 196.
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [buʀdɔ ̃]. 2. Forme graph.Colin 1971 note à tort, comme l'ex. 3 supra l'atteste, que faux-bourdon, avec trait d'union, désigne une forme de chant d'église, tandis que faux bourdon, sans trait d'union, désigne le mâle de l'abeille.
Étymol. ET HIST. − 1. a) 1210-25 zool. bordon (Yder, éd. H. Gelzer, 3689 dans T.-L.); 1350 bourdon (Gloss. Bibl. Nat. Lat., 7692, éd. K. Hofmann, ibid.); b) 1915 « spleen, cafard » (Carnet de Marcel Miguet, caporal Artois d'apr. Sain. Sources, t. 3, pp. 80-81); 2. ca 1280 mus. « sorte d'instrument de musique » (Gill. de Berneville, ap. Scheler, Trouv. belg., p. 107 dans Gdf.). Prob. formation onomatopéique; cette formation est peut-être déjà attestée au sens 1 dans le b. lat. burdo glosé atticus [lire attacus] « espèce de sauterelle » dans Gloss. Aelfrici et au xies. par Papias (Du Cange, s.v. burdo1; v. DEI, s.v. bordone2); EWFS2rapproche ce b. lat. burdo du b. lat. burda « chalumeau » (v. bourde1« mensonge ») prob. onomat.; v. aussi E. Richter dans Sitzungsberichte der philosophisch-historischen Klasse der kaiserlichen Akademie der Wissenschaften in Wien, 156, 5, 85 sqq.; sens 1 b par un développement parallèle à celui de cafard*.
BBG. − Dauzat Ling. fr. 1946, p. 51. − Intermédiaire (L') des ling. curieux. Vie Lang. 1955, p. 132. − Millepierres (F.). Les Insectes. Vie Lang. 1969, p. 442. − Sain. Sources t. 2 1972 [1925], p. 12; t. 3 1972 [1930], pp. 80-81.