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BOUCHE-TROU, subst. masc.
Fam. Généralement personne, plus rarement chose, servant à combler un vide, à boucher un trou (cf. boucher1).
A.− Personne à qui l'on ne fait appel que pour se tirer d'embarras, pour occuper une place accidentellement vacante, pour simplement figurer, faire nombre (par sa présence, son travail, etc.) ou encore pour dissimuler une lacune. Jouer le rôle de bouche-trou; être invité en bouche-trou (Ac. 1932). Le vide du cœur ne s'accommode point d'un bouche-trou (Hugo, Les Misérables,t. 2, 1862, p. 244):
1. Il me reste encore les grands chemins, les voies toutes faites, les habits à vendre, les places, les mille trous qu'on bouche avec des imbéciles. Je serai donc bouche-trou dans la société, j'y remplirai ma place, je serai un homme honnête, rangé, et tout le reste si tu veux; ... Flaubert, Correspondance,1839, p. 54.
2. ... je n'inspire pas la salutaire appréhension, qui commande un certain respect, de quelque éclat fâcheux. Un figurant, un bouche-trou, une ombre. Cet abaissement ne peut pas durer. A. Arnoux, Les Crimes innocents,1952, p. 92.
[En parlant d'une pers. morale] :
3. ... la Société des Nations et le Bureau International du Travail ont servi de bouche-trou pendant vingt ans... (G. Dumoulin). L'Œuvre, 1ermars 1941.
Emploi adj. :
4. Dans ce moment je ne peux donc rien pour vous, reprit Rastignac (...) nous sommes un ministère bouche-trou. Mais si vous vous distinguez au milieu de la bataille électorale (...) on accomplira votre désir. Balzac, Le Député d'Arcis,1847, p. 396.
Rare :
5. Pour notre génération, la bricabracomanie n'est qu'un bouche-trou de la femme qui ne possède plus l'imagination de l'homme... E. de Goncourt, La Maison d'un artiste,1881, p. 3.
6. Les années passent sans que nous trouvions le nom de Beethoven sur aucun programme parisien (...) il arrivait qu'un mouvement de ses Symphonies y servît quelquefois de bouche-trou... J.-G. Prod'homme, Les Symphonies de Beethoven,1921, p. 120.
En emploi adj. :
7. N'ai-je pas abusé de formules telles que celle-ci : « Je suis un être auquel son être même apparaît comme mystère »? Cette idée de mystère ne risque-t-elle pas comme celle de toi de devenir une idée bouche-trou? Il faudrait élucider plus que je ne l'ai fait la distinction entre le problème et le mystère. Marcel, Journal métaphysique,1923, p. 286.
Partic. [Pour accomplir une tâche à la fois nécessaire et ingrate] :
8. ... nous étions de la véritable chair à canon, nous servions de bouche-trou et l'on nous envoyait dans tous les coins du front où il y avait un mauvais coup à faire ou tomber sur un bec-de-gaz... Cendrars, Moravagine,1926, p. 320.
B.− Emplois spéc.
1. ÉCOLES. Élève doué, remplaçant au concours général le candidat de son lycée empêché de se présenter aux épreuves :
9. Il manquait la goutte. On vendit des morceaux de composition, des tranches de copie à des bouche-trou de Stanislas et de Rollin qui avaient (...) de l'argent dans leurs goussets. Nous eûmes une bonne rincette... J. Vallès, Jacques Vingtras,L'Enfant, 1879, p. 329.
2. IMPR., PRESSE
a) Journaliste de second ordre dont les articles ne sont utilisés qu'en cas de nécessité :
10. « S. voyant qu'on avait placé très-mal un de ses articles dans la Revue, dit au rédacteur en chef : (...) me prenez-vous pour un bouche-trou. » (Mirecourt, 1855). Larch.1872, p. 57.
b) Article, fait divers, etc., gardé en réserve et que l'on utilise seulement pour combler un vide et compléter une page (cf. G. et H. Coston, L'A. B. C. du journ., 1952, p. 191 et 198).
3. THÉÂTRE. Acteur de second ordre, à qui on peut indifféremment confier tous les petits rôles, notamment pour remplacer un absent (cf. H. Genin, Le Lang. des planches, 1911, p. 19).
P. méton. Petit rôle (cf. Ch. de Bussy, L'Art dramatique, 1866, p. 57).
PRONONC. ET ORTH. : [buʃtʀu]. Au plur. des bouche-trous; certains aut. écrivent des bouche-trou (cf. Zola, MmeNeigeon, 1884, p. 194 et ex. 9).
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1688 « dernier enfant d'une femme » (G. Miège, Great french dictionary, additions, London); 2. a) 1765 peint. « dans un tableau, élément accessoire destiné à combler un vide » (Diderot, Essais sur la peinture dans Œuvres esthétiques, Classiques Garnier, 1959, p. 688); b) 1781 théâtre, en parlant d'une pièce (Beaumarchais, Aux Comédiens Français ds Proschwitz Beaumarchais, p. 69); c) 1829 « chose inutile » (Boiste); 3. a) 1807 « mauvais acteur » (J.-F. Michel, Dict. des expressions vicieuses); b) 1834 « personne inutile » (Boiste). Composé de la forme verbale bouche (boucher1*) et de trou*.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 5.
BBG. − Darm. 1877, p. 166.