| BOT1, BOTE, adj. Pied bot. Pied atteint d'une difformité due à la rétraction de certains muscles : 1. ... Manfred et Lara, ces deux chefs-d'œuvre de la mélancolie humaine, existeraient-ils si le descendant des Byron n'avait pas reçu en héritage le pied bot et la pairie? Il est cruel de sentir que Don Juan boite comme Méphistophélès.
Musset, Le Temps,1831, p. 16. Rem. Le fém., rare, est attesté par Littré, Guérin 1892, Nouv. Lar. ill., Lar. encyclop., Quillet 1965 : main bote, hanche bote. − P. méton. [Personne] qui a un pied difforme : 2. Boiteux, pied-bot, les tailleurs étaient souvent maléficiés, ayant pris cet état parce qu'ils ne se trouvaient pas propres à travailler la terre.
Pourrat, Gaspard des Montagnes,À la belle bergère, 1925, p. 229. PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [bo], pour la fém. main bote : [bɔt]. Passy 1914 donne pour le masc. la possibilité de prononcer [bɔ] avec [ɔ] ouvert. Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787, Land. 1834 et Gattel 1841, notent que le t final se prononce au masc. 2. Homon. : bau (solive pour affermir le bordage), baud (chien courant de Barbarie), baux (plur. de bail), beau. 3. Forme graph. − Ac. (éd. de 1798-1932) mais aussi Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787, Land. 1834, Gattel 1841, Besch. 1845, Lar. 19e, DG et Dub. n'enregistrent que l'adj. bot au masc. Ac. signale : ,,Il est usité seulement dans cette locution, pied bot.`` Littré est le 1erà mentionner : ,,au fém. main bote`` tout en signalant : ,,quelques-uns, à tort disent main bot``. L'expr. main bote figure également dans Guérin 1892, Nouv. Lar. ill. (Pt Lar. 1906-Lar. encyclop.) ainsi que Rob. et Quillet 1965. Noter l'orth. avec trait d'union pied-bot dans Hugo, Notre-Dame de Paris, 1832, p. 253 et ex. 2. Le trait d'union semble réservé à l'emploi p. méton. Au plur. les 2 éléments du mot composé prennent l's; certains aut. cependant le considèrent comme invariable (ex. 2). ÉTYMOL. ET HIST. − [1165-70 « personne qui a le pied bot », d'apr. éd. Foerster, p. 341; « nabot », d'apr. éd. Roques, gloss., p. 249b (Chr. de Troyes, Erec et Enide, éd. W. Foerster, 1024 : Quand tu tel outrage veïs, Si le sofris et si te plot D'une tel feiture d'un bot, Qui feri la pucele et moi), attest. isolée]; 1552 pied bot (Poppe, p. 144).
Mot se rattachant à l'a. fr. bót « crapaud » (av. 1105, Gloses de Raschi, d'apr. Levy, p. 42; 1165-70, Chr. de Troyes, Erec, 1950 dans T.-L.), de même qu'à l'adj. bot « mal arrondi » (1611, Cotgr.). Origine discutée. Le fait que d'une part les sens de « gros, émoussé » et de « animal gros et court, crapaud » se trouvent dans d'autres lang. romanes (v. REW3, no1239a) et que d'autre part la même notion de « gros, court, émoussé » est relevée dans diverses lang. germ. (FEW t. 15, 2, p. 45b) suggère à FEW l'hyp. d'un étymon germ. *bŭtt auquel il attribue le sens de « émoussé »; à l'encontre de cette hyp., la difficulté à expliquer les formes fr. à partir de ŭ
(v. J. Hubschmid dans Z. rom. Philol., t. 78, 1962, p. 122) et le caractère contestable du sens attribué au germ. en raison de l'apparition tardive de l'adj. fr. de même sens (1611, supra), v. Gesch., pp. 29-30 et Sain. Sources t. 3, pp. 438-442. REW3, Sain., loc. cit., p. 440, Cor., s.v. boto, attribuent à l'ensemble de ces mots une orig. onomatopéique; mais il serait étonnant que des formations expr. similaires se soient produites dans des aires si éloignées (v. J. Hubschmid, loc. cit., p. 121). EWFS2rattache les mêmes mots à une racine bŏtt dont il ne précise pas l'origine. STAT. − Fréq. abs. littér. : 26. BBG. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], pp. 101-104; p. 200; t. 2 1972 [1925], p. 79, 89, 294; t. 3 1972 [1930], p. 26, 439, 440. |