| BOMBARDER, verbe trans. A.− ARTILL., AVIATION MILIT. Lancer, larguer des obus, des bombes. Bombarder un but, un objectif; bombarder en piqué : 1. Les fascistes attaquent sur toute la ligne sud-ouest. La brigade internationale tient. Ils bombardent maintenant par avions et par canons à la fois.
Malraux, L'Espoir,1937, p. 771. 2. Tout l'après-midi, les Stukas, fondant du ciel et revenant sans cesse, bombardent en piqué nos chars et nos camions.
De Gaulle, Mémoires de guerre,1954, p. 32. − P. anal., PHYS. NUCL. [L'obj. désigne des particules de matière] :
3. Douze ans plus tard, son élève James Chadwick, à la suite de travaux des écoles allemandes et françaises, réussissait à démontrer l'existence du neutron en bombardant des éléments légers avec les rayons du polonium.
Goldschmidt, L'Aventure atomique,1962, p. 19. 4. ... seule une étude balistique pouvait démontrer par exemple que dans l'aluminium bombardé par les rayons (...) du polonium, il se forme du silicium...
Hist. gén. des sc.,t. 3, vol. 2, 1964, p. 344. B.− P. plaisant., fam. : 5. Je levai les bras, et, comme si ce geste de reddition déclarait ici la guerre, je fus bombardée aussitôt de noix de coco, de bananes, de noisettes...
Giraudoux, Suzanne et le Pacifique,1921, p. 102. 6. ... j'avais de plus en plus de choses à raconter à Bépino, et comment j'étais maintenant en guerre avec les gosses de la calade qui n'avaient pas été longs à me repérer sur mon mur, eux, me bombardant avec des trognons de choux, des tomates pourries et toutes sortes d'ordures, ...
Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 151. − Emploi pronom. réciproque. Ils jouaient à se bombarder avec les épluchures (Montherlant, Le Songe,1922, p. 63). − Arg. Fumer à grosses bouffées se succédant rapidement comme au sortir d'une bouche à feu. Bombarder une sèche. Fumer une cigarette (cf. Nouguier, Notes manuscrites interfoliées au Dict. de Delesalle, 1900, p. 40). C.− Au fig. 1. Presser, harceler. Bombarder qqn de lettres, de questions brutales. Le petit Marcel Proust nous bombarde tous de compliments hyperboliques (Blanche, Mes modèles,1928, p. 190): 7. Elle [la reine] blâmait Gladstone et Lord Derby. Elle ne comprenait pas la faiblesse de tant d'hommes quand elle, une femme, eût été prête à marcher à l'ennemi. Elle bombardait son premier ministre de notes belliqueuses.
Maurois, La Vie de Disraëli,1927, p. 290. 2. Fam. Nommer inopinément quelqu'un à un emploi, à une fonction importante : 8. Il [Scholl] a aspiré, paraît-il, avec le patronage de Gambetta, à être nommé consul en Grèce, puis, au bout d'un an de consulat, à être bombardé sénateur.
E. et J. de Goncourt, Journal,1883, p. 237. 9. Bombarder. Se dit d'une élévation ou nomination soudaine et non méritée. « L'ancien communard Camille Barrère vient d'être bombardé ambassadeur ».
H. France, Dict.-journal,1907. Prononc. : [bɔ
̃baʀde]. Étymol. ET HIST. − 1. 1515 « assaillir en lançant des projectiles » (S'ensuyt le Nouveau monde ... trad. de l'ital. par Du Redouer, Paris, 50 rodans Fr. mod., t. 25, p. 306); a) av. 1755 fig. et fam. « harceler » (St-Sim., 168, 263 dans Littré); b) 1933 phys. élément bombardé (Leprince-Ringuet, Les Transmutations artificielles, p. 20); 2. xviies. fig. « envoyer qqn » (Mllede Montpensier, Mémoires, t. 4, p. 518 dans Littré); p. ext. av. 1755 fam. « nommer brusquement (qqn) à un poste, une dignité... » (St Sim., 2, 42 ibid.).
1 dér. de bombarde* étymol. 2; dés. -er. STAT. − Fréq. abs. littér. : 274. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 103, b) 260; xxes. : a) 282, b) 764. BBG. − Grimaud (F.). Pt gloss. du jeu de boules. Vie Lang. 1968, p. 111, 637. |