| BLUFF, subst. masc. [Gén. au sing.] A.− JEUX (au poker). Tactique mensongère, manière de défi visant à faire croire à l'adversaire que l'on a un meilleur jeu que lui, ou des annonces supérieures. Jouer au bluff : 1. Le raisonnement peut porter non seulement sur les éléments matériels de la partie, mais aussi sur les idées que chaque joueur se fait des intentions de ses adversaires. Ce dernier élément, qui peut se manifester par un comportement de bluff, constitue même l'essentiel de jeux comme « pair ou impair » ou le poker.
Hist. gén. des sc.,t. 3, vol. 2, 1964, p. 117. 2. La partie qui se joue dans ce domaine ressemble, suivant les cas, au poker, au bridge, au baccara ou aux échecs. Les journalistes, tout naturellement, sont amenés, quand ils relatent des péripéties de la vie internationale, à employer des métaphores qui s'en inspirent : le bluff, les surenchères, les pions que l'on déplace, les atouts que l'on abat ou que l'on dissimule, les impasses, les mises, les levées, les cartes que l'on abat, les cartes maîtresses et les relances.
Jeux et sp.,1968, p. 769. B.− P. ext., fam. Attitude d'intimidation destinée à tromper quelqu'un pour l'épater ou l'impressionner. Synon. esbroufe (fam.), mensonge, vantardise : 3. Bataille. Il y a un peu de bluff dans l'attitude, les lèvres minces, la maigreur, la pâleur, le maladif, le sourire de jeune homme, dans la façon pédante dont il essaie de parler des moindres choses.
Renard, Journal,1901, p. 713. − Spéc. Stratégie politique ou militaire visant par de fausses nouvelles à mystifier la population ou l'ennemi : 4. Vous nous affirmez que l'âme des chancelleries contemporaines, surtout allemandes, est le « bluff », − et vous ne sentez pas que vous aussi bluffez, pour parler votre langue, et que votre bluff obligera votre partenaire à des bluffs redoublés. C'est à quoi il vous faudra bien peut-être répondre.
Maurras, Kiel et Tanger,1914, p. 153. SYNT. Coup de bluff (S. de Beauvoir, Les Mandarins, 1954, p. 473); jeu de bluff (Maurois, La Vie de Disraëli, 1927, p. 294; A. Arnoux, La Nuit de Saint-Avertin, 1942, p. 79). Prononc. : [blœf]. Pour la prononc. de u par [œ], cf. Nyrop Phonét. 1951, § 265 : ,,u = [œ] dans des mots d'origine anglaise : bluff, bluffer, bluffeur, tub; club hésite entre [klœb] et [klyb]``. Cf. aussi Fouché Prononc. 1959, p. 202 et Kamm. 1964, p. 73 : ,,Pour nurse, bluff, bluffer, bluffeur, trust, la tendance actuelle veut [œ].`` Pour Mart. Comment prononce 1913, p. 126 : ,,on le [le u] prononce sensiblement comme un o au poker dans flush et bluff, d'où le verbe bluffer``. Étymol. ET HIST. − 1. 1840 jeux (poker) Balzac d'apr. Lar. Lang. fr.; Dauzat 1973; 2. 1895 p. ext. (Bourget, Outre-mer, I, 54 dans Bonn.).
Empr. à l'anglo-amér. bluff (Bonn.; Mack. t. 1, p. 248; FEW t. 18, p. 28) attesté dans DAE au sens de « jeu de poker » en 1845, de « action de tromper l'adversaire à ce jeu » en 1879 et p. ext. en 1873; l'anglo-amér. bluff est le déverbal de to bluff (bluffer*). STAT. − Fréq. abs. littér. : 48. BBG. − Barb. Infl. 1923, p. 7. − Behrens Engl. 1927, p. 108, 211. − Bonn. 1920, p. 11. |