| ![]() ![]() ![]() ![]() BLOUSE2, subst. fém. A.− COSTUME 1. Vêtement de grosse toile en forme de chemise porté autrefois dans leur travail quotidien par les gens de la campagne, les ouvriers, les marchands, etc. Homme en blouse (Toepffer, Nouvelles genevoises,1839, p. 280);Les hommes en blouse sont des ouvriers (Zola, La Fortune des Rougon,1871, p. 29).Porte-blouse (Hugo, Les Misérables,t. 2, 1862, p. 421): 1. ... la bêche, l'ignoble bêche, disent nos députés, déshonore le sol, bonne tout au plus à nourrir une famille, et quelle famille! En blouse, en guêtres, en sabots.
Courier, Pamphlets pol.,Simple discours à l'occasion d'une souscription pour l'acquisition de Chambord, 1821, p. 87. 2. Et ça fait le dégoûté encore, parce qu'on porte une blouse! Le jeune homme s'était retourné, toisant le zingueur, qui continuait :
− Apprends un peu, bougre de greluchon, que la blouse est le plus beau vêtement, oui! Le vêtement du travail!
Zola, L'Assommoir,1877, p. 739. 3. Le vieux Dominique l'accompagnait, ayant passé pour la circonstance sa blouse de cérémonie, une blouse de toile bleue, ornée de broderies blanches aux poignets et sur les épaules.
Moselly, Terres lorraines,1907, p. 165. 2. Vêtement de toile ou de tissu plus léger, taillé comme une blouse, et qui sert, dans certains métiers, à protéger les autres vêtements. Blouse d'écolier, de peintre, de chirurgien : 4. Je ne vis d'abord de lui, dans la nuit tombante, que son chapeau de feutre paysan coiffé en arrière et sa blouse noire sanglée d'une ceinture comme en portent les écoliers.
Alain-Fournier, Le Grand Meaulnes,1913, p. 9. 5. À l'intérieur, et dès la porte, sont pendues des blouses qui ne quittent pas la chambre du malade et que les médecins revêtent quand ils viennent faire leur visite.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Les Maîtres, 1937, p. 185. B.− P. méton. Personne revêtue d'une blouse; paysan, ouvrier. Au fig. La blouse, les blouses. Les ouvriers, le peuple (supra ex. 2). Le monde des blouses (Murger, Scènes de la vie de jeunesse,1851, p. 47).La blouse et la redingote s'asseyaient à la même table (J. Vallès, L'Enfant,1879, p. 360). − Les blouses blanches. Les médecins. La solidarité des blouses blanches (H. Bazin, La Tête contre les murs,1949, p. 190). C.− P. ext. Sorte de corsage féminin à manches. Synon. chemisier.Blouse de lamé (Anouilh, La Sauvage,1938, III, p. 229).Blouse de soie (Bernanos, La Joie,1929, p. 598).Blouse en vichy (Colette, La Maison de Claudine,1922, p. 104): 6. Debout devant sa commode, Berthe examinait ses blouses une à une, et jetait sur le lit celles qui paraissaient défraîchies. Elle retrouva le corsage de linon qu'elle portait la semaine dernière.
Chardonne, L'Épithalame,1921, p. 103. Prononc. ET ORTH. : [blu:z]. Homon. blouse1, blues (cf. Rob. et Pt Rob.). Lar. 19esignale que belouse est la 1reforme de ce mot. Cf. aussi Guérin 1892 : ,,forme anc. et prononciation provinc. de blouse``. Lar. encyclop. rappelle : ,,C'est à la fin du xviiies. que le mot blouse commence à remplacer celui de bliaut``. Une éphémère graph. blouze est attestée dans le vocab. de la mode (cf. L'Observateur des modes, 31 mai 1822, p. 240 et 271 : ,,Sauf les robes en blouzes, on ne remarque aucune forme nouvelle``, ,,Les blouzes que quelques ultrà-fashionnables avaient offert [sic] au public des Tuileries (...) ont été beaucoup mieux reçues à la campagne, on assure même qu'elles deviendront le costume obligé de tout chasseur``). Étymol. ET HIST. − 1. a) 1788 « vêtement ample des paysans » (cité par A. Babeau, La Vie Rurale dans l'Ancienne France, 2eéd., 1885, p. 62, n. 4 dans Fr. mod., t. 23, p. 142 : J'ai rencontré pour la première fois le mot blouse − en ce sens − dans un inventaire de Lassicourt en 1788); 1793 (P. Caron, Rapports des Agents secrets du Ministre de l'Intérieur dans les Départements − 1793 − an II, Paris, I.N., 1913, t. 1, p. 168 dans Brunot t. 9, 2, p. 951, note 8 : Blouses − de drap fendues par le devant −); b) p. ext. 1822 blouze (Observateur des modes, p. 271, v. prononc. et orth.); 1835 blouse (Ac.); 1899 (Cost. : Un corsage de mode tout actuelle, porte le nom de blouse); 2. 1858-66 la blouse « les ouvriers » (Verlaine, Premiers vers, p. 15).
Orig. inc.; peut-être à rattacher à blaude* à cause de la concordance sém. mais le changement du -d- en -z- est inexpliquée (FEW t. 21, p. 518). Le nom lat. de la ville de Péluse (Pelusium) ne semble pas pouvoir être à l'orig. du mot; cette ville avait changé de nom avant le Moy. Âge et l'industrie textile ne paraît pas avoir été une de ses activités. STAT. − Fréq. abs. littér. : 949. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 274, b) 2 635; xxes. : a) 1 943, b) 1 220. BBG. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 149. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 372 (s.v. blaude); t. 3 1972 [1930], p. 108. |