| BLOUSER1, verbe trans. A.− JEUX (billard). Blouser une bille, ,,La faire entrer dans une des blouses.`` (Ac. 1835-1932). Blouser son adversaire. ,,Mettre la bille de son adversaire dans une des blouses`` (Ac. 1835-1932). B.− Au fig., fam. [Le compl. désigne une pers.] Induire en erreur; tromper. Maxime les a blousés tous les deux (Balzac, Les Comédiens sans le savoir,1846, p. 357): 1. Quelle façon de blouser l'ennemi, que lui laisser en otage quelque chose qui n'est pour vous d'aucun prix!
Montherlant, Demain il fera jour,1949, p. 707. − Emploi pronom. Se blouser.Faire erreur, se tromper : 2. Mon infaillible père s'est donc blousé en plein! Ah! ah! ah! devait-il rager! [lettre à ses parents].
J. Desaymard, Chabrier d'après ses lettres,1934, p. 62. Rem. Se belouser. Même sens (cf. M. Pomier, loc. vicieuses de la Haute-Loire, 1835, p. 165). C.− MUS. Blouser des timbales. Jouer des timbales. Le jeu des timbales s'exprimait autrefois par les termes blouser et blousement, rouler et roulement (Rougnon1935, p. 265). − Emploi abs. Jouer des timbales (cf. Ch.-M. Widor, Techn. de l'orchestre mod., 1904, p. 128). Prononc. ET ORTH. − Cf. blouser2. Homon. blouser2. Les dict. gén. donnent la graph. blouser. Littré signale : ,,Voltaire a écrit, ce qui est aujourd'hui une faute, belouser.``; cf. aussi Guérin 1892 : ,,Au xviieet au xviiies., on écrivait indifféremment blouser et belouser.;`` cf. encore DG (qui ajoute que Rich. t. 1 1680 admettait également la forme belouser) et Rob. Homon. blouser1. Pour la forme blouzer, cf. L. Stollé, Contes, Ali-Baba, 1947, p. 2 : ,,[La servante d'Ali-Baba :] le Navustapha t'a blouzé (...) Ses outres ne planquent pas d'huile, mais 40 mecs à la dure``, et Id., ibid., Barbe-bleue, 1947, p. 2 : ,,[Barbe-bleue, à sa femme :] Tu n'as pas été bigler dans ma planque? (...) tu m'as blouzé avec la planque``. Étymol. ET HIST. − 1654 jeux se belouzer « mettre une bille dans une blouse » (La Martinière, Maison Académique, 118 dans Quem.); 1680 Belouser, blouser (Rich.); d'où 1680 pop. (Ibid. : Se belouser, se blouser, Se tromper, se méprendre), emploi trans. dep. Ac. 1798.
Dér. de blouse2*; dés. -er. BBG. − Guiraud (P.). Le Champ morpho-sém. du mot tromper. B. Soc. ling. 1968, t. 63, no1, p. 100. − Guiraud (P.). Mél. d'étymol. arg. Cah. lexicol. 1970, t. 16, pp. 67-68. |