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BLOND, ONDE, adj. et subst.
I.− Emploi adj.
A.− [En parlant de la couleur des cheveux et du poil] Qui est de la nuance la plus claire, proche du jaune d'or (infra II A syntagmes). Blond comme les blés :
1. Elle s'ennuya d'être brune et mit une perruque blonde qui ne réussit point à l'enlaidir. Elle s'aima blonde pendant quelque temps, puis elle se déclara filasse et prit le châtain clair. Elle revint bientôt à un blond cendré, puis retourna à un noir doux, et fit si bien que je la vis avec des cheveux différents pour chaque jour de la semaine. G. Sand, Histoire de ma vie,1855, t. 3, p. 399.
2. Un charmant jeune homme! Il avait de jolis yeux bleus à fleur de tête, ... et de jolies moustaches blondes, et une jolie barbe blonde, et de jolis cheveux blonds, avec de si jolies boucles! Gobineau, Les Pléiades,1874, p. 110.
P. ext. Teint blond. Teint clair d'une personne ayant les cheveux blonds (cf. ambré ex. 7).
SYNT. Boucles blondes, mèches blondes, moustaches blondes, tresses blondes; cheveux châtains, dorés de reflets blonds (Zola, Pot Bouille, 1882, p. 20); cheveux blond cendré.
B.− [En parlant d'une pers.] Qui a les cheveux blonds. Les hommes blonds du nord, une femme blonde (supra ex. 1):
3. Elle portait dans ses bras une javelle de paille et elle lui est apparue si blonde qu'à côté de sa tête la paille avait l'air châtain. Barbusse, Le Feu,1916, p. 152.
Au fig. Délicat et blond, ,,difficile à contenter`` (Ac. 1798-1878).
SYNT. La race dolichocéphale blonde (Vidal de La Blache, Principes de géogr. hum., 1921, p. 279). Les têtes blondes. Les enfants. La blonde Cérès, le blond Phébus (Ac. 1798,) la blonde Vénus (Lar. 19e).
C.− P. ext. [En parlant des choses] Du lin blond, une friture blonde (Ac. 1798-1932). Poét. Les blonds épis (Ac. 1835-1932) :
4. Il rougit; il entre en fureur; il cherche un moyen de jouer aux indiscrets un tour fameux et mémorable (...) D'un geste rapide, il entr'ouvre, comme disait Rabelais, sa braguette, et dirige un vigoureux et long jet d'eau blonde, avec adresse, sur les vingt pertuis du judas. Boylesve, La Leçon d'amour dans un parc,1902, p. 114.
5. Le lapin était sur la table, dans une sauce blonde épaissie de farine où les petits oignons embaumaient. Genevoix, Raboliot,1925, p. 132.
SYNT. Bière blonde, cigarette blonde; lumière blonde (Fromentin, Voyage en Égypte, 1869, p. 106).
B.-A. Gravure blonde. ,,Gravure dont les noirs sont légers`` (Comte-Pern. 1963); dessin blond, peinture blonde (J. Adeline, Lex. des termes d'art, 1884).
Rare, au fig. Blond, évoquant la douceur. Ma blonde paresse (Banville, Les Cariatides,1842, p. 45).
II.− Emploi subst.
A.− Subst. masc. Couleur blonde :
6. « Hortense, disait-elle, a les cheveux si fins, si soyeux, d'un blond si doux et si lumineux à la fois; ses yeux sont d'un bleu si pur; ses longs cils recourbés, un peu plus bruns que ses cheveux, voilent si pudiquement ses regards; ... » Karr, Sous les tilleuls,1832, p. 202.
7. Elle était jolie pourtant, fort jolie, toute blonde d'un blond gris, d'un blond timide; comme si ses cheveux avaient été un peu décolorés par ses craintes incessantes. Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Le Testament, 1882, p. 663.
SYNT. Blond ardent, − argent, − cendré, − clair, − fade, − filasse, − foncé, blond-jonquille, − paille, − pâle, − vénitien; un blond de lin, − de miel, − d'or.
GASTR. Blond de veau, de volaille (Mont. 1967). ,,Nom sous lequel on désigne ou du moins on désignait anciennement le coulis blond de veau`` (Mont. 1967); (cf. Les Gdes heures de la cuis. fr., Carême, 1833, p. 141).
B.− Subst. masc. ou fém.
1. Personne qui a les cheveux blonds. Un blond aux yeux bleus, une vraie blonde, un teint de blond :
8. Elle était gentiment mise, avec une robe légère qui dégageait les bras et le cou, un cou si jeune, des bras charmants, d'une chair un peu rosée, comme seules en ont les blondes, par un matin de soleil. Benjamin, Gaspard,1915, p. 49.
9. C'est une blonde paille, aux cheveux plats. Le soleil la teint en rouge harmonieux, un beau rouge égal, qui envahit sa peau de blonde et voue au bleu, tout l'été, ses yeux pers. Colette, La Naissance du jour,1928, p. 25.
Pop., fam.
a) La blonde. La maîtresse (même à propos d'une femme brune). Chanter « Auprès de ma blonde... »
Courtiser la brune et la blonde, aller de la brune à la blonde. Courtiser toutes sortes de femmes. Voltiger de la brune à la blonde (About, Le Nez d'un notaire,1862, p. 22).Au fig. Changer (d'idée, de sentiment) :
10. Il passait sans difficulté d'une opinion à une autre, d'une raison à une autre contraire, de la brune à la blonde, de l'enjouement à la mélancolie, ... Flaubert, La 1reÉducation sentimentale,1845, p. 261.
b) Beau blond. ,,Se dit ironiquement d'hommes qui ne sont ni beaux ni blonds`` (Larch. 1872, p. 53). Blond d'Égypte (iron.). Nègre (Ch.-L. Carabelli, [Lang pop.]).
2. Subst. fém.
a) Arg. Bouteille de vin blanc (Larch. Suppl. 1880, La Rue 1954).
b) TEXT. Dentelle de soie plate, écrue à l'origine, exécutée au fuseau. Coiffure de blonde. Fichu de petite blonde (Ac. 1798-1932). Un volant de blonde de Bayeux perlée de jais blanc mat (Mallarmé, La Dernière mode,1874, p. 778):
11. Elle avait une robe de satin gris foncé, un bonnet de la même étoffe, avec un voile de blonde noire par-dessus. Musset, Revue des deux Mondes,1833, p. 239.
12. Puis, de toutes parts, sur tous les comptoirs, le blanc neigeait, les blondes espagnoles légères comme un souffle, les applications de Bruxelles avec leurs fleurs larges sur les mailles fines, les points à l'aiguille et les points de Venise aux dessins plus lourds, les points d'Alençon et les dentelles de Bruges d'une richesse royale et comme religieuse. Zola, Au bonheur des dames,1883, p. 790.
13. Que tout cela nous rajeunissait peu! Une dame blonde, vêtue de blonde ancienne, au milieu d'un groupe de béjaunes et de vieux seigneurs solennels et chamarrés! Milosz, L'Amoureuse initiation,1910, p. 50.
c) Usuel, fam. Bière blonde. Boire un « demi-blonde » dans une brasserie (Green, Journal,1929, p. 15).Cigarette blonde. Elle ne fume que des blondes.
Prononc. ET ORTH. : [blɔ ̃], fém. [-ɔ ̃:d]. Enq. : /blõ, -d/. Ortho-vert 1966, p. 114 souligne que l'on écrit des cheveux blonds [avec accord de l'adj. mais] des cheveux blond cendré (cf. aussi bleu).
Étymol. ET HIST. − A.− 1. Subst. ca 1100 blund « personne dont les cheveux sont d'une couleur entre le doré et le châtain clair » (Roland, éd. Bédier, 1904); 1164 blond (Chr. de Troyes, Erec et Enide, 424 dans T.-L.); 1680 (Rich. : Blond. Ce mot se dit des cheveux); d'où les expr. fam. ou arg. a) fém. 1584 faire la blonde « prendre soin de soi-même; se parer » (François d'Amboise, Les Neapolitaines, II, 1 dans Hug.); 1831 « maîtresse » (Monnier, Vocab. jurassien dans Larch. 1872, p. 53); b) masc. 1847 (Dict. de l'arg. ou la Lang. des voleurs dévoilée, p. 243 : soleil ... beau blond); 2. adj. 1160 « qui a les cheveux blonds » (B. de Ste-Maure, Troie, 5122 dans T.-L.); ca 1200 « dont la teinte est d'une couleur entre le doré et le châtain (des cheveux) » (J. Bod., Saisnes, V dans Gdf. Compl.). B.− 1. p. ext. 1336 adj. « se dit de ce qui est jaune doré » pain blon (Ex. test. Nicolas de Seclin, Arch. Ty., ibid.); 2. a) 1364 subst. masc. « espèce de drap » (Prost, Inv. mobil. d. ducs de Bourg., i, No 316 dans Barb. Misc. 13, 1936-38, p. 15); b) 1740 subst. fém. (Ac. : Blonde. Espèce de dentelle de soie); 3. 1561 subst. fém. bot. « bouillon blanc » (Du Fouilloux, Venerie dans Gdf.); 4. 1778 subst. art culin. blond de veau (Menon, Les Soupers de la cour, Paris d'apr. FEW t. 15, 1, p. 171a); cf. 1831 (A. Viard, Le Cuisinier royal, p. 10); 5. 1882 « verre de bière blonde » (Figaro dans G. Fustier, Suppl. au dict. de la lang. verte d'A. Delvau, 1883, p. 498). Parce que ce terme a dû être utilisé par les Romains pour désigner la couleur des cheveux des Germains et que de nombreux noms de couleurs sont d'orig. germ. (v. blanc, bleu, brun, fauve, gris, etc.), il est prob. issu, de même que l'ital. biondo et l'a. prov. blon, du germ. *blunda- (FEW t. 15, 1, p. 170b) bien que celui-ci n'ait aucun correspondant dans les lang. germ. (Brüch, p. 65, 101, 176-177); d'apr. Kluge20, le mot serait à rapprocher de l'anc. indien bradhńa- « rougeâtre », v. aussi G. E. Karsten dans Beiträge zur Geschichte der deutschen Sprache und Literatur, t. 17, 1893, p. 576. Le mot a dû être véhiculé par le lat. vulg., bien qu'aucune trace de correspondant lat. ne soit relevée av. le mil. du xiies. (Mittellat. W. s.v.; v. aussi F. Kluge dans Z. rom. Philol., t. 41, p. 679). L'all. mod. blond (dep. 1676, Kluge20) est empr. au fr. L'hyp. d'un étymon frq. *blond, blund (EWFS2) supposerait un empr. de l'ital. (dep. Dante, DEI) au français.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 1 782. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 893, b) 3 858; xxes. : a) 3 145, b) 2 003.
DÉR. 1.
Blondement, adv.,néol. d'aut., peint. En demi-teintes (supra I C B.-A.). ,,Sujet (...) blondement traité par Adrien Van Der Welde`` (Du Camp, En Hollande,1859, p. 22). 1reattest. 1552 (Ronsard, Amours de Cassandre [I, 90] dans Hug.); dér. de blond, suff. -ment2*. Fréq. abs. littér. : 1.
2.
Blonder, verbe intrans.,région. Courir la blonde, courtiser une femme. Les garçons vont « blonder » (P.-L. Menon, R. Lecotté, Au village de France,t. 2, 1954, p. 26). 1reattest. 1954, supra; dér. de blond, dés. -er.
3.
Blonderie, subst. fém.,rare et iron. Blondeur. La fauve blonderie [d'une Italienne] (Barbey d'Aurevilly, 1erMemorandum,1838, p. 170). Seule transcr. dans Littré : blon-de-rie. 1reattest. 1713 [et non 1731] (Hamilt., Gramm., 9 dans Littré); dér. de blond, suff. -erie*. Fréq. abs. littér. : 1.
BBG. − Brüch (J.). Etymologisches. Neuphilol. Mitt. 1921, t. 22, pp. 118-119. − Brüch (J.). Wortmiszellen : balai, biais, blond. Neuphilol. Mitt. 1922, t. 23, pp. 93-94. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 149. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 279. − Hasselrot (B.). Ét. sur la formation dimin. dans les lang. rom. Uppsala, 1957, pp. 174-175; p. 215. − Rat (M.). Le Blond et le brun. Vie Lang. 1967, pp. 318-324. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 113. − Tilander (G.). Orig. de l'adj. blond. In : [Mél. Meier (H.)]. München, 1971, pp. 545-547. − Wind 1928, p. 156.